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Maître Ibrahim Ali Mzimba I «Les plaidoiries et les critiques se font à l’audience»

Maître Ibrahim Ali Mzimba I «Les plaidoiries et les critiques se font à l’audience»

Société | -

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Le chef du barreau de Moroni a réagi hier suite à la sortie médiatique de son confrère, Me Fahmi Said Ibrahim. «C’est maladroit de citer nommément un juge ou un chef de juridiction dans les affaires. Les décisions prises par la justice sont impersonnelles», a souligné Ibrahim Ali Mzimba. De son côté, Me Fahmi Said Ibrahim n’a pas souhaité réagir «pour l’instant». Le parquet général a saisi le barreau pour statuer sur «les déclarations publiques» faites par l’avocat.

 

Le bâtonnier de l’Ordre des avocats n’a pas apprécié les déclarations publiques faites, il y a quelques jours, par son confrère, Me Fahmi Said Ibrahim au sujet d’une récente décision prise par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Moroni. Me Ibrahim Ali Mzimba y voit «un manque d’élégance», précisant que les avocats ont des lieux bien indiqués pour se plaindre des décisions de justice.Me Fahmi Said Ibrahim avait notamment critiqué publiquement la décision prise par la Chambre d’accusation de libérer sous caution un maître d’école coranique poursuivi et mis en détention pour agression sexuelle présumée. «Nul n’a le droit d’insulter ou critiquer une décision de justice ou la juridiction en tant qu’avocat», a réagi le bâtonnier. «Les plaidoiries et les critiques se font à l’audience», a-t-il ajouté.

Le contenu de la requête

Pour lui, s’en prendre à une décision de justice, c’est aussi s’en prendre à un autre avocat qui s’est battu pour obtenir ladite décision rendue. «Ce n’est pas parce que vous n’avez pas gagné un procès que la décision prise en faveur de l’autre camp soit mauvaise, loin s’en faut. Ici, on a toujours tendance à faire croire que la décision de justice est bonne quand elle est en notre faveur et donc mauvaise quand elle est en notre défaveur. Il s’agit d’une conception erronée de notre profession», a expliqué Me Ibrahim Ali Mzimba.Le bâtonnier reconnait, certes, que «les avocats ont pour rôle de rappeler la règle de droit», mais «qu’il appartient au juge de décider le droit». Pour revenir sur l’affaire en question, Me Ibrahim Ali Mzimba a rappelé que «la libération sous caution est prévue par la loi», précisant «qu’on ne peut pas empêcher un juge ou une juridiction de dire le droit puisque l’autre avocat sait bien qu’en refusant la demande de libération sous caution, c’est violer aussi la règle de droit».


Le chef du barreau a expliqué que «les viols sont intolérables, encore, faut-il réfléchir, avec méthode, comment les bannir, revoir les textes, supprimer les dispositions qui posent problème et aller de l’avant dans un esprit de responsabilité, au lieu de s’en prendre aux juges ou aux juridictions qui ne font qu’appliquer des textes». Le bâtonnier ajoute : «la critique autorisée des décisions de justice est d’ordre pédagogique dans le sens d’éclairer des étudiants dans les facultés de droit».
Pour autant, le chef du barreau estime que tout n’est pas rose à la Justice et qu’il dit «exiger des juges le respect des avocats» mais que cela doit se faire dans un cadre professionnel. «Nous sommes des responsables, il faut agir en responsable. Nous sommes dans un Etat qui fonctionne avec ses institutions. Et chaque institution est critiquée selon ses spécificités. Il n’y a aucune animosité contre quiconque, mais soyons quand même responsables», a-t-il soutenu.


Me Ibrahim Ali Mzimba a confirmé hier la requête du parquet général demandant au barreau de se prononcer sur cette sortie médiatique de Me Fahmi Said Ibrahim. Mais le bâtonnier a refusé de livrer l’objet et le contenu de la requête. «S’il n’y a pas lieu de sanctionner, il n’y aura pas de sanctions. Quelle que soit la situation, ce dossier sera traité avec la plus grande diligence, s’il y a des sanctions à prendre, elles seront prises», a glissé un autre avocat rencontré hier au Palais de justice. Contacté en milieu de journée, Me Fahmi Said Ibrahim n’a pas souhaité réagir.

A.S.Kemba

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