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Maître Mahamoud Ahamada : « Mes clients ne demandent qu'à être enfin jugés »

Maître Mahamoud Ahamada : « Mes clients ne demandent qu'à être enfin jugés »

Société | -   Sardou Moussa

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L’avocat a tenu une conférence de presse jeudi 4 mai à Mutsamudu au cours de laquelle il est revenu sur la détention de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et de l’ancien gouverneur Abdou Salami Abdou.

 

Maître Mahamoud Ahamada, l'avocat de l'ancien président Ahmed Abdallah Sambi et de l'ancien gouverneur Abdou Salami Abdou, tous les deux en détention préventive depuis 2018 dans le cadre de deux affaires distinctes, a tenu une conférence de presse à Mutsamudu, le jeudi 4 mai dernier, pour parler de l'état d'avancement des dossiers de ses deux clients. 

 

Interrogé au sujet de la lettre adressée au chef de l'État qui circule sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine, et attribuée à son client, Sambi, il a confirmé son authenticité. Cette lettre, d'après l'avocat, a été une décision de Sambi lui-même, qui a voulu "prendre ce dernier [Azali Assoumani] à témoin qu'il fait l'objet d'une injustice depuis deux ans, alors qu'il est le garant du bon fonctionnement des institutions". 

 

Dans ce courrier de 13 pages, l'ancien chef de l'État en détention dénonce encore le caractère "arbitraire" de sa résidence surveillée à partir d'avril 2018, laquelle a précédé sa mise en détention préventive trois mois plus tard, dans l'affaire dite de la citoyenneté économique. Il y a ensuite largement abordé le rapport parlementaire "Dhoulkamal" qui l'épingle dans cette affaire, rapport qui souffre, selon lui, "de crédibilité". Il y a également dénoncé ce qu'il appelle "le supposé détournement de fonds publics" et les "accusations de corruption" dont il est poursuivi, ainsi que "le déroulement de la procédure judiciaire" qui le visent. Écrit depuis le 16 mai dernier, le courrier est, selon les affirmations de son avocat, "bien arrivé au destinataire". 

 

"Son état de santé s'est un peu amélioré"

 

Interrogé par rapport à l'état de santé actuel de son client ainsi qu'aux chances de sa sortie de prison, maître Mahamoudou Ahamada a affirmé que "son état de santé s'est un peu amélioré". Mais s'agissant de sa libération, il a estimé qu'"au vu de la manière dont fonctionne notre justice actuellement, il a plus de chance d'y demeurer que d'en sortir". Car, selon lui, toujours, "la justice fait tout pour ne pas juger cette affaire", et cela s'explique par le fait que "ni le juge, ni le procureur, aucun d'eux n'a de preuves attestant que Sambi a reçu 105 ou 130 millions de dollars, ou a détourné 200 millions". 

 

Selon les explications de l'avocat, le dossier de son autre client, le docteur Abdou Salami, a des similitudes avec celui de Sambi, dans son traitement par la justice. Cela fait en effet déjà plusieurs mois que l'ancien gouverneur (inculpé initialement de sept chefs d'accusation, réduits finalement à trois à la fin de l'instruction, dont une accusation de troubles à l'ordre public et une autre d'atteinte à l'unité nationale) aurait déjà dû être jugé.

 

"Le gouverneur a été placé en détention provisoire depuis le 25 octobre 2018. Selon la procédure pénale, le juge disposait de quatre mois pour boucler son instruction. En février 2019, je l'ai donc saisi pour une demande de mise en liberté d'office, parce que son mandat de dépôt avait expiré sans être renouvelé. Mais le juge a quand-même rejeté la demande", a-t-il relaté. Ce n'est, selon la défense de Salami, que le 9 septembre 2019, donc plusieurs mois après, que le juge a pris une ordonnance de renvoi devant la Cour de sûreté de l'État et décidé par la même occasion de prolonger le maintien en détention de l'accusé. Or, selon maître Mahamoudou Ahamada, le code de procédure pénale veut que la justice siège dans un délai d'un mois à compter de la date de prise de ladite ordonnance.

 

Le temps judiciaire semble donc, aux yeux de l'avocat, figé, en ce qui concerne ses clients. Or, à l'en croire, ces derniers ne demandent qu'à être enfin jugés. "Qu'ils jugent enfin ces dossiers, nous ne demandons que cela ! Car il est facile d'emprisonner pour emprisonner, mais beaucoup plus difficile de le faire avec des preuves"

 

Il faut rappeler qu'après rejet en appel de plusieurs demandes de mise en liberté de son client, Sambi, maître Mahamoudou Ahamada a dernièrement décidé de se pourvoir en cour de cassation. L’ancien chef de l’Etat a été inculpé de "détournement de fonds publics, corruption et forfaiture" présumés, entre autres. Le dossier est actuellement en phase de règlement, l’ultime étape en vue de la tenue du procès. Al-watwan a tenté de joindre le procureur de la République, Mohamed Abdou, pour réagir aux déclarations de l’avocat de Sambi mais il était resté injoignable samedi 6 mai.

 

Sardou Moussa

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