A la Meck Moroni c’est la gent féminine qui domine. Le cas est tellement rare qu’il fallait une mise en lumière. Et pour cause, elles représentent 60% des salariés. Et ce n’est pas tout. Elles occupent des places importantes, les cadres supérieurs sont aussi nombreux que les hommes.
L’institution est dirigée par une femme depuis juin 2013. Elles représentent en outre le 1/3 de l’équipe dirigeante, à savoir le comité de direction. Si la deuxième place du conseil d’administration est, elle aussi occupée par une dame, ici elles sont moins représentées. “Depuis 5 ans le vice-président du Ca est systématiquement une vice-présidente” confie la directrice exécutive de la Meck Moroni, Laila Said Hassan.
Outre les employés, 45% des membres de cette mutuelle ne sont autres que des femmes. Rappelons que la Meck a pour principale activité le crédit et plus de 50% des emprunteurs sont des emprunteuses. “Les femmes honorent plus leurs engagements. Elles empruntent généralement des petits montants pour une courte durée qu’elles honorent parfaitement, par contre les hommes voient plus grand et loin et sont un peu moins bien” indique la chef de cette institution.
Tout reste à faire
Selon elle, majoritairement le crédit octroyé par Meck Moroni va dans le commerce où les deux sexes investissent. Viennent en second lieu les investissements personnels pour construire une maison, acheter une voiture, ensuite les frais sociaux comme la santé, l’éducation des enfants que ce soit ici ou à l’étranger et puis le mariage.
Outre les crédits pour le commerce, les femmes investissent beaucoup dans l’investissement personnel et surtout les obligations sociales. Je vois des femmes à faibles revenus s’endetter lourdement, pour financer les études et les départs de leurs enfants pour aller étudier ailleurs” confie la chef de la Meck avant de poursuivre et le combat continue. Personnellement j’ai la chance d’être dans une institution où ce n’est pas un combat mais une pratique, je sais que dans notre pays les femmes ne sont pas suffisamment représentées au niveau des postes de direction et de décision. Le chef de l’Etat aime bien prendre le Rwanda, où 50% des parlementaires sont des femmes comme exemple, et bien, il faut aller jusqu’au bout, précisera finement la directrice
Sur le plan politique, Laila Said Hassan souligne que les hommes aiment dire que les femmes n’aiment pas faire la politique. À ce propos, elle riposte que la femme travaille autrement, si on commence à faire de la politique comme les hommes il n’y aura pas de changement.
“Les hommes ont une certaine façon de faire la politique, ils font des réunions, des meetings, nous les femmes, faisons la politique autrement, nous changeons les choses, nous éduquons les enfants, nous investissons dans la vie familiale. Nous avons une meilleure compréhension des problèmes quotidiens que les hommes et je pense que nous avons une plus grande capacité à trouver des solutions nationales puisque quotidiennement nous trouvons des solutions à des problèmes familiaux.
Un homme qui n’a jamais eu à sortir les poubelles de la maison, ne pensera pas forcement à la solution idoine pour la gestion des ordures”, conclut-elle. C’est donc peut-être pour cela que la crise des déchets dure depuis autant de temps.