La Gazette des Comores vient de marquer une première en 25 ans : une nouvelle rédactrice en chef, Andjouza Abouheir, a été élue. Connue pour son dynamisme et son implication dans le monde médiatique, Andjouza, qui travaille au journal depuis cinq ans, prend maintenant les commandes.Diplômée en lettres modernes françaises de l’Université des Comores, Andjouza a toujours partagé son amour pour les mots. Son « amour pour les mots et la communication » l’a « poussée à poursuivre un master en journalisme et communication à l’Iseg de Dakar, au Sénégal ».
Après sa licence, elle a fait ses débuts avec un stage de deux mois à Al-watwan, suivi d’un autre de trois mois à l’Ortc (Office de radio et télévision des Comores). Ces expériences lui ont permis de consolider ses compétences. « J’ai ensuite été repérée par La Gazette des Comores, où j’ai travaillé jusqu’à mon départ pour Dakar pour poursuivre mon master. À mon retour, j’avais deux options : intégrer une agence de communication ou retourner à La Gazette. J’ai choisi cette dernière option, retrouvant une équipe qui m’a accueillie à bras ouverts », se remémore cette ancienne vice-présidente du Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc).
Andjouza n’a jamais perçu sa position de femme comme un obstacle. « Au contraire, je l’ai vue comme un avantage, d’autant que j’ai toujours veillé à ce que le travail soit fait convenablement », affirme-t-elle. Lors de l’Assemblée générale élective du 1er août, sa candidature a ainsi été approuvée presqu’à l’unanimité, avec 8 voix sur 9.
A court terme…
Les défis sont nombreux, mais Andjouza est prête. « Pour ne pas aller plus vite que la musique, je préfère vous parler de ce que j’ai prévu de mettre en place à court terme. D’abord, réorganiser et redynamiser la rédaction.
Il est inacceptable que nous ne tenions plus de conférence de rédaction pour discuter et critiquer les sujets. Une conférence de rédaction est sacrée et doit être réinstaurée. Avec ce premier pas, j’espère aboutir à des résultats encourageants, ensuite, un contenu de qualité et une information en phase avec l’actualité », prévoit la journaliste chevronnée, notamment connue pour ses enquêtes sur la santé.
Elle compte aussi ouvrir les colonnes du journal à des contributions variées et de qualité pour fidéliser les lecteurs, pour peu que «la direction» lui fournisse «les moyens pour mener à bien nos missions». Mais l’espoir est permis, puisque déjà «les rémunérations ont sensiblement augmenté ces deux dernières années, ce qui est très encourageant», reconnait-elle.
Pour Andjouza, le journalisme est une vocation. Et sa vision est simple mais bien dégagée : « Nous devons nous investir pleinement pour surmonter ces défis et redonner à La Gazette ses lettres de noblesse. Je ne travaillerai qu’avec des gens qui essaient de tirer le journal vers le haut en visant l’excellence.»Le directeur du journal, Elhad Said Omar, partage cette confiance. « C’est réconfortant qu’une femme puisse diriger une rédaction de journal.
Elle sera à la hauteur de la mission qui l’attend. L’essentiel, c’est de rester fidèles à notre ligne éditoriale et à nos lecteurs», assure-t-il. Mais Andjouza est avant tout une personne modeste, qui se remet constamment en cause. C’est pour cela qu’elle appelle aussi les lecteurs à faire des retours sur chaque édition. Car c’est cela qui « nous permettra de continuer à améliorer le contenu », dit-elle.