Depuis l’annonce des mesures exceptionnelles de réglementation du transport en commun, le 24 avril dernier, l’on observe une anarchie totale dans les quatre coins du pays. Certains transporteurs passent outre ces mesures et continuent de transporter le nombre normal de passagers pendant que d’autres décident de fixer à l’insu du gouvernement et du syndicat des transporteurs (Usukani Wa Masiwa) leurs propres tarifs. Selon Zaïnaba Djoumoi, une femme rencontrée à la gare du sud, qui a pris un bus depuis Mlali ya Mbadjini jusqu’à Moroni, elle a déboursé la somme de 2.000 francs comoriens pour un aller simple Mlali-Moroni au lieu de 750Fc.
«Pendant deux jours d’attente, le chauffeur a été très clair et nous a fait comprendre que le gouvernement lui exige de respecter les mesures barrières contre le Covid-19 et à son tour, il exige à chaque passager qui choisit son bus de payer 2.000Fc. Celui qui n’est pas d’accord qu’il attende le bus de gouvernement pour monter à dix personnes et payer les 750 fc comme d’ahbitude», a-t-elle raconté. La dame a indiqué que souvent, il y en a qui font payer 1.500 et d’autres à 1.000Fc. «En d’autre termes, cette fois-ci c’est le patron qui est roi», exclame-t-elle.
2.000Fc Mlali-Moroni
Dans la région de Mitsamihuli-Mbude, c’est le même constat. Selon notre collègue, Chamsoudine Saïd Mhadji bloqué dans sa région, les chauffeurs de cette ligne font payer leurs passagers la somme de 1.000Fc pour le trajet Mbude-Moroni, au lieu de 500Fc en période normale. Chamsoudine Saïd Mhadji a souligné que malgré cette hausse des tarifs, les transporteurs ne respectent pas les mesures de prévention prises par le ministre de l’Intérieur. «Ils embarquent le nombre maximum de 18 à 32 passagers. Et si on leur interpelle, ils répondent que c’est leurs véhicules, si quelqu’un veut voyager confortablement, alors qu’il achète sa propre voiture», raconte-t-il.
Des discussions entre le syndicat et le gouvernement
Dans la région de Hamahame-Mbwankuu, c’est une autre histoire, puisqu’aucune mesure n’est respectée par les transporteurs de cette ligne. Toutefois, la majorité des chauffeurs ont décidé d’arrêter leurs voitures en attendant qu’une solution soit trouvée entre le syndicat des chauffeurs et le gouvernement. Youssouf Abdou a indiqué que les bus et minibus embarquent leurs passagers comme avant, soit 8, 18 et 32 passagers. Cependant, il a reconnu que certains chauffeurs ne respectent pad les mesures, mais ils décident le prix à payer pour chaque passager.
Selon le porte-parole du syndicat des transporteurs, Moustoifa Hamidou (dit Shema), le syndicat et le gouvernement sont en discussions sur les mesures d’accompagnement nécessaires. Il a souligné que le gouvernement et le syndicat n’ont pas autorisé la hausse des tarifs du transport mais que chaque chauffeur a décidé de fixer ses propres tarifs. «Nous leur avons fait comprendre que ces mesures sont prises pour notre sécurité, ainsi que celle de nos passagers. Si quelqu’un ne veut pas les appliquer, alors qu’il parque sa voiture et attende qu’une solution soit trouvée», a-t-il avancé. Moustoifa Hamidou demandent aux transporteurs qui fixent leurs propres tarifs d’assumer l’entière responsabilité et les conséquences qui en découleront. Le porte-parole du syndicat a annoncé que le gouvernement les a promis de mettre à leur disposition des masques, de gels et des gants d’ici jeudi pour leur permettre de se protéger et protéger leurs passagers.