«Des mesures prises la veille du Ramadan ne peuvent pas impacter la consommation du lendemain dans le cadre d’une importation. Les gens qui ont des stocks ont forcément payé toutes les charges. Aux Comores, c’est toujours la même chose, il y a un manque de planification, d’anticipation», peste ce membre du patronat comorien qui a requis l’anonymat. Une semaine après l’annonce conjointe des mesures d’accompagnement par le secrétariat général du gouvernement, des ministres et l’Union des Chambres de Commerce pour alléger le quotidien des Comoriens dans cette période, les effets ne sont pas encore palpables.
«Progressivement, des mesures d’accompagnement se mettent en place. La direction générale des Impôts a annoncé via une conférence de presse, le respect des mesures prises en faveur des opérateurs pendant cette période. La Société Comorienne des Ports a également pris des mesures d’allègement vis-à-vis des armateurs et des importateurs de produits alimentaires », a déclaré Hamidou Mhoma, membre du patronat. En effet, dans une note d’information consultée par Al-watwan, en date du 4 mars, la Société Comorienne des Ports (Scp) a annoncé «une réduction de 50% des coûts de manutention pour les denrées alimentaires».
Des retards à la Douane
Maintenant, beaucoup de commerçants ont déjà constitué leurs stocks depuis quelques semaines. Ceux-là, murmure-t-on du côté du privé, ne baisseront pas le prix de leurs produits. En revanche, d’autres sont dans l’attente de recevoir leurs marchandises. «Certaines mesures telles que la réduction des coûts de manutention au niveau régional avec la Scp vont jouer sur les prix des denrées alimentaires en provenance de Dar Es Salaam », estime un importateur de la place. «Quant à la douane, des retards de paramétrage de l’abattement de 50% des taxes sur les produits de première nécessité ont été constatés jusqu’à ce jour », regrette cet opérateur économique qui a requis l’anonymat.
«L’application de la baisse des taxes au niveau de la douane pourrait se répercuter sur les prix. C’est le cas d’un importateur qui a reçu du sucre. Avec l’abattement au niveau de la douane, il paierait 750.000fc au lieu de 1.500.000fc. Malheureusement, il attend et souhaite que la décision soit effective pour dédouaner le sucre », illustre ce grand commerçant. Le président de l’Uccia a envoyé un courrier au directeur général de Moroni Terminal, le 1er mars.
Dans celui-ci, il a rappelé au dirigeant de l’entreprise que suite aux mesures d’allègement du gouvernement pour lutter contre la cherté de la vie, un certain nombre de mesures ont été prises. En ce qui concerne la société dont il est à la tête, il s’agit notamment «de l’allongement de la franchise de stationnement des conteneurs à 15 jours, de la réduction des frais de manutention de bord de 25%, ou encore de la suppression de la double facturation de la manutention et de l’enlèvement de la marchandise ».
Dans la missive dont Al-watwan a reçu une copie, l’on apprend que le directeur général de Moroni Terminal n’était pas représenté lors d’une réunion de suivi qui consistait à une vérification «des dispositions prises (par la société) pour garantir l’effectivité des mesures gouvernementales ». Plusieurs membres du patronat assurent qu’une note du directeur général de Moroni Terminal était attendue «incessamment». En revanche, selon les mêmes interlocuteurs, «l’Asc, opérateur du port de Mutsamudu refuse d’appliquer les mesures demandées ».