C’est une salle d’audience pleine à craquer qu’a eu lieu, hier le très attendu procès de Hikima Hamada. A partir de 9h30, il était impossible de se trouver une place à l’intérieur de la salle. Certains, se sont massés devant le portail, pendant deux heures pour écouter l’audience. Pour ce troisième jour de la cour d’assises, le dossier criminel qui ouvrait le bal est celui de Nassurdine Ahamada, condamné à la peine capitale, conformément aux réquisitions du parquet général. Connu sous le sobriquet de Mikiro, ce dernier répondait de ses actes - homicide volontaire avec préméditation - pour avoir assassiné Hikima Hamada, le 31 janvier 2025. Tout comme pendant ses déclarations faites aux enquêteurs de la gendarmerie après son arrestation, Mikiro a avoué devant la cour, son acte. En revanche, il a changé une partie de de son modus operandi. Au lendemain du crime, le procureur de la République, Abdou Ismael avait déclaré à la presse, que Nassurdine a tué Hikima en l’aspergeant de gaz lacrymogène avant de l’étrangler.
Le magistrat se basait sur les éléments issus des premières auditions du principal suspect. Mais, ce lundi, l’accusé a réfuté la version de la strangulation.Il a uniquement reconnu l’usage d’un «filtox» et de dégrippant pour tuer sa victime, dont il était pourtant proche. «Je l’ai tuée pour lui voler son argent», a répondu Mikiro, à l’une des questions du procureur général, Ali Mohamed Djounaid. Dans son réquisitoire, le parquet a démontré que l’accusé avait bien prémédité son acte. «Il a d’abord loué une voiture à 25 000 francs. Puis, au lieu de conduire Hikima chez elle, étant donné que ses courses avaient fini depuis presque 14h, il lui a fait le tour de Moroni. Tout cela dans le but d’attendre qu’il fasse nuit avant de commettre son crime. Car le soir, personne ne reconnaitrait sa voiture », a détaillé, le procureur général. Pour appuyer son argumentaire, ce dernier a révélé que Mikiro, s’est arrangé pour transporter des passagers qui descendraient à Itsandra, ce qui lui laisserait le champ libre, étant seul pour attaquer sa victime. «Sur le chemin, on discutait avant que je ne commence à lui asperger le filtox. Elle m’a demandé pourquoi je faisais ça. Je lui ai promis d’arrêter puis j’ai accéléré», a raconté, Mikiro, indiquant que les produits qu’il utilisait étaient sur la porte de devant.
Voiture en panne
Niant toute aide extérieure, Nassurdine Ahamada a maintenu sa version selon laquelle il a tué seul Hikima, 23 ans, avant de cacher le corps dans un simtank. La dépouille a été retrouvée le 1er février, vers 7h du matin, près d’un chantier d’agglos, entre Ifoundihe et Mnungu, dans la région de Hamahame. A propos de l’argent (11 millions de francs en tout) que la victime était venue récupérer à Moroni, son meurtrier a reconnu l’avoir enfoui dans un sac, près de chez lui. Cet argent, à peu près 9 millions, il voulait l’utiliser pour soigner sa maman à l’extérieur, sans être capable de designer une destination. Après le procès, l’un des avocats de la partie civile a regretté l’absence des différentes personnes auditionnées à la gendarmerie et par le juge. « Le temps était limité, ces témoins et autres auraient pu nous éclairer ainsi que l’opinion », a estimé, Me Fahardine Mohamed.
Son confrère, Me Omar Zaid a exprimé son satisfecit que la cour ait déclaré coupable Mikiro et dit espérer que le président signera le décret définissant la méthode d’exécution des condamnés à mort, y compris Nassurdine. «Dès le départ, nous étions là pour démontrer que l’acte avait bien été préparé. Car il s’est rendu à la maison, pour informer la famille que la voiture qu’il conduit Hikima habituellement était tombée en panne. Donc il n’irait pas la chercher. Mais bizarrement, il loue par la suite un véhicule en prétendant qu’il se rendait à Moroni, pour des courses. Devant la cour, Mikiro a nié l’avoir étranglé, alors que le médecin qui a examiné le corps a noté dans son certificat médical des marques d’étranglement. En gros, il y a trop d’incohérences», a relevé, Me Zaid.