Le premier volet des audiences de la cour d’assises a pris fin, samedi. On peut dire que cette dernière journée a été marquée par de lourdes peines certainement en raison de la gravité des chefs d’inculpation retenus. Jugée en premier, l’affaire de la du meurtre de l’ancien commissaire, Moegni Assoumani, avait vu comparaître cinq suspects, poursuivis entre autres pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort.Pour ce chef d’inculpation, la cour a déclaré coupables les dénommés Farouk Kamal, Badroudine Ibrahim, Yahya Assoumani et les a ainsi condamnés à la peine de mort. Seuls les prévenus Houdjadji et Ahmed Bacar ont bénéficié d’un acquittement après de longues heures d’audience.
Les faits. Le 8 août 2022, un conflit opposant Maweni et Ntsorale, deux localités de la région de Dimani, a entrainé plusieurs dégâts matériels et la mort de l’ex-commissaire à la production de l’île de Ngazidja, Moegni Assoumani. Ce dernier avait perdu la vie après avoir été molesté violemment par des jeunes, dont deux qui comparaissaient ce samedi 28 juin.
Un coup de pieds
Pendant les débats, Farouk Kamal, vêtu d’un teeshirt blanc, barbe taillée, a été invité, à raconter les faits, après avoir décliné son identité. Au sujet du passage à tabac de feu Moegni Assoumani, dont la veuve était présente à l’audience, il a reconnu lui avoir donné un coup de pied sur les pieds alors que la victime, était encore debout. «J’étais chez moi quand j’ai entendu le bruit et des gens ont déclaré qu’un véhicule de Maweni avait renversé des habitants. Je me suis donc précipité. Mais, sur place, j’ai trouvé Moegni entouré par des personnes, près d’une quinzaine. Il était debout», a-t-il indiqué, expliquant qu’il s’est laissé emporter par la foule. Il a martelé qu’après ses deux coups de pieds, il se serait ressaisi, et est rentré.
Badroudine Ibrahim n’a pas non plus nié s’être joint à la foule. «Je l’ai frappé avec un bout de bâton d’un manguier, d’abord à la tête puis sur la poitrine», a continué Badrou, assurant qu’il l’a ramassé par terre et qu’en aucun moment il n’avait pas l’intention de tuer l’ex-commissaire.
Feu Moegni, qui a laissé derrière lui 5 enfants, était à bord d’un bus avec des habitants de Maweni quand ils sont tombés sur une embuscade à Ntsoralé, alors qu’ils voulaient se rendre à Kwambani ya Washili. C’est à ce moment-là que Yahya Assoumani est apparu et a demandé à ce que le chauffeur soit épargné étant originaire de Mvuni ya Bambao.
Le conducteur du bus, invité à la barre samedi, a confirmé cette version. Avec le reste des occupants de son véhicule, ils sont parvenus à s’en fuir en s’extirpant de la foule qui se déchainait sur eux, à coups de bâtons, d’agglos, entre autres. Yahaya a reconnu avoir soutenu les jeunes qui barricadaient la route.
Mbude et Maweni
A noter qu’au départ, il s’agit d’une altercation opposant des jeunes de Maweni et un jeune chauffeur de Mbude. C’était le 4 août. Deux jours plus tard, l’altercation a éclaté à nouveau, mais en marge d’un twarab, à Ntsoralé, où certains habitants sont intervenus pour éviter toute confrontation entre Maweni et Mbude. Mais malheureusement, ce geste de Ntsoralé n’a pas été du tout du goût de Maweni. Le soir-même, est né le conflit avec Ntsoralé. S’en sont suivis des incendies, de biens, des deux côtés.
Dans sa plaidoirie, l’un des avocats de la défense, Me Djamal a déploré l’absence de prévenus originaires de Maweni, samedi. Quand le procureur a requis la peine de mort pour les trois accusés sur les 5, Djamal a pris la parole pour expliquer dans sa plaidoirie que dans le cas pareil, seul l’article 276 du code pénal dont la peine maximale est de 20 ans, était applicable. Il avait surtout invité la cour à tenir compte du facteur temps, entre le coup assené par son client et l’heure du décès de Moegni, sans pour autant nier la gravité des faits.De leur côté, les avocats de la partie civile ont martelé que l’acte avait été commis avec préméditation.