logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Meurtre de Sitti-Hafsoi Dhoiffir : une indignation unanime à Ndzuani

Meurtre de Sitti-Hafsoi Dhoiffir : une indignation unanime à Ndzuani

Société | -   Sardou Moussa

image article une
Les manifestations publiques d’indignation ont par ailleurs commencé dès que les funérailles de la victime ont eu lieu, vers la fin de matinée du lundi. Une procession de femmes a fait le tour de Mutsamudu, psalmodiant des prières et implorant Dieu d’épargner leur ville de ce type de forfait. Cette marche s’est terminée devant l’hôtel de ville, où des discours ont été improvisés, notamment par le maire.

 

Le meurtre de Sitti-Hafsoi Dhoiffir, l’épouse de l’homme d’affaires Abdoulhaffar Maanfou, vers 2 heures du matin du lundi 27 juin dernier, a depuis plongé toute l’île de Ndzuani dans la sidération. Partout, l’on ne parle que de cet odieux crime, qui ne laisse personne indifférent. De nombreux citoyens ne comprennent toujours pas l’acharnement avec lequel le cambrioleur criminel s’en est pris à cette quinquagénaire, mère de quatre garçons, décrite partout comme « une personne de bon cœur », et qui se préparait à marier l’un de ses fils dans les semaines à venir.


Selon le procureur de la République près le tribunal de Mutsamudu, citant le médecin qui a examiné le corps de la victime, celle-ci a reçu plusieurs coups de couteau sur la nuque, les bras et le torse, après quoi une somme d’argent, son téléphone mobile ainsi que d’autres biens ont été emportés par le ou les agresseurs. Ce ou ces derniers ont toutefois laissé plusieurs indices sur place, notamment des souliers, le couteau qui a servi au meurtre, ainsi que «d’autres traces».

Un «phénomène inédit chez nous»

Une scène horrible qui continue d’exacerber les réprobations. « Mais pourquoi la tuer ? Pourquoi ne suffisait-il pas de prendre l’argent et tout ce que l’on veut ? », entend-on, en substance, partout où l’on passe.Les manifestations publiques d’indignation ont par ailleurs commencé dès que l’enterrement de la victime a eu lieu, vers la fin de matinée du lundi.

Une procession de femmes a fait le tour de Mutsamudu, psalmodiant des prières et implorant Dieu d’épargner leur ville de ce type de forfait. Cette marche s’est terminée devant l’hôtel de ville, où des discours ont été improvisés, notamment par le maire. Le lendemain, ce sont des notables issus des cinq préfectures de l’île qui s’étaient donné rendez-vous au siège de la Coordination de l’action gouvernementale, pour de nouveau condamner ce que l’un d’eux a qualifié de «phénomène récent chez nous».


Il faut en effet noter que cette dernière décennie a vu se produire dans l’île plusieurs meurtres abominables. L’assassinat à l’arme blanche d’un gardien à Domoni, d’un autre gardien à Mirontsy, l’égorgement à l’aide d’un verre tranchant d’un homme à Hampanga, suivi du lynchage de l’auteur le même soir, l’enlèvement, le viol puis le meurtre d’une fillette de 5 ans à Mutsamudu, puis d’une adolescente à Maynasini ainsi que d’une autre fillette de neuf ans à Koni-ngani, ou encore l’affaire Branda, du nom de cet ancien policier qui a poignardé une femme à Mutsamudu, et qui sera à son tour lynché par la foule le surlendemain, en font partie.

Des photos des suspects circulent sur les réseaux sociaux

Pour ce qui est de la présente affaire, d’après une source proche de l’enquête, celle-ci « avance heureusement de manière encourageante ». Dans sa déclaration du mercredi après-midi, le procureur Mohamed Abdallah avait annoncé l’arrestation de 26 personnes, dont un garçon, chez qui le téléphone de la victime a été retrouvé, bidulé. 20 de ces suspects et témoins potentiels ont été, à l’heure où il faisait cette déclaration, en garde à vue à la gendarmerie de Mutsamudu. Mais d’autres individus ont été également arrêtés dans les heures qui ont suivi sa déclaration et jusqu’au lendemain.


Plusieurs photos (des selfies recueillies sur les réseaux sociaux) de ces suspects circulent sur Messenger et WhatsApp, et il est frappant de constater que la plupart sont très jeunes. « C’est vraiment angoissant ! La plupart de ces jeunes ont à peine dépassé la vingtaine ! Les plus âgés n’ont sans doute pas trente ans », commente un confrère qui a pu accéder à une partie de la liste des suspects.

Commentaires