Le 15 juillet dernier, l’ancien procureur de la République, Abdou Ismael, annonçait l’inculpation de 23 personnes considérées comme «des suspects dans l’assassinat de Youssouf Ali», survenu le 8 juin. Alors que l’instruction suit son cours, la localité de Ndruani où est originaire la victime, commence à exprimer « des inquiétudes». Dans une rencontre organisée avec la presse, lundi, les habitants ont rapporté les informations selon lesquelles «les avocats des suspects tenteraient par tous les moyens d’obtenir des remises en liberté provisoire en faveur de leurs clients ».
Aucune demande n’a, pour l’instant, reçu une réponse favorable, selon nos informations. Il faut noter que la liberté provisoire est une mesure que tout suspect peut bénéficier tant que l’instruction n’est pas bouclée, puisqu’il est toujours considéré comme présumé innocent. En revanche, pour les affaires criminelles, il est rare d’en accorder. Le juge est appelé à donner une réponse si celle-ci déplait le prévenu, son avocat peut saisir la chambre d’accusation. Mais la localité sans vouloir s’immiscer dans une instruction craint que l’aboutissement d’une telle démarche n’exacerbe les tensions.
Présumé auteur appréhendé
«Nous faisons confiance en la justice depuis le début. D’ailleurs, en dépit de ce qui s’est passé, à savoir le meurtre de notre frère Youssouf Ali, nous avons tout fait pour calmer les esprits afin d’éviter tout affrontement. Nous espérons qu’il en restera ainsi jusqu’au bouclage de cette affaire. Mais est-ce que l’atmosphère sera-t-elle la même si les habitants découvrent que des suspects sont libres même provisoirement », s’interroge le chef de la cellule de crise de Ndruani, Youssouf Athoumani.Après avoir eu vent de ces dépôts de demandes de remise en liberté provisoire, des responsables de Ndruani ont convié les habitants à une réunion pour les sensibiliser et leur faire part de ces nouveaux éléments. “Nous voulions partager notre inquiétude avec l’opinion publique car il y a déjà eu un précédent. Deux personnes de Mwandzaza en détention ont pu échapper à une inculpation au moment où l’information judiciaire s’ouvrait. Hier, on a certes pu raisonner les jeunes. Mais nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les calmer demain, si jamais des suspects sortent dehors avant d’être innocentés par la justice», s’inquiètent les membres de la cellule de crise.
Cet organe qui s’exprimait, lundi, au nom de la localité, réclame simplement une justice équitable. “Ndruani s’est constamment positionnée du côté du dialogue, de la paix et refuse la vengeance. Il est donc impératif que les autorités judiciaires rétablissent la vérité et la justice et préviennent toute résurgence de ce type de conflit”, insiste un communiqué de presse publié, lundi. Selon les conférenciers, à l’heure actuelle, 24 personnes sont officiellement inculpées pour des faits « d’association de malfaiteurs, complicité et assassinats ». Quatorze prévenus sont placés en détention préventive pendant que 10 font l’objet d’un contrôle judiciaire.Mi-juillet, le parquet avait informé le public de la découverte d’un groupe WhatsApp dont les membres, tous de Mwandzaza ya Mbwani, planifiaient des attaques sans déterminer les cibles ni la nature. Quelques jours plus tard, Youssouf Ali se faisait agresser mortellement près d’un foyer de Ndruani, après avoir reçu un appel. Au moment de l’ouverture de l’information judiciaire, il a été constaté que «les présumés auteurs avaient pris la fuite». Mais selon nos informations, «l’un d’entre eux, a été appréhendé à Mayotte puis transféré à la prison de Moroni».