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Meurtre présumé de Youssouf Ali I Deux avocats dénoncent la garde à vue prolongée de 27 jeunes de Mwandzaza mbwani

Meurtre présumé de Youssouf Ali I Deux avocats dénoncent la garde à vue prolongée de 27 jeunes de Mwandzaza mbwani

Société | -   Youssef Abdou

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Mardi 8 juillet, deux avocats du barreau de Moroni ont tenu une conférence de presse pour alerter sur la détention jugée « injustifiée » de 27 jeunes originaires de Mwandzaza Mbwani, soupçonnés d’implication dans un meurtre survenu en juin dernier à Ndruwani.

 

Un mois après l’interpellation de 27 jeunes de la localité de Mwandzaza Mbwani, toujours gardés à vue dans les cellules de la gendarmerie de Moroni, leurs avocats tirent la sonnette d’alarme. Me Djamalidine Soiliha et Me Abdillah Mmadi Said ont convoqué la presse mardi 8 juillet pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « détention injustifiée» et de «violations répétées des droits de la défense».


Les personnes concernées sont suspectées d’avoir un lien avec le meurtre de Youssouf Ali, un habitant de Ndruwani tué au mois de juin dernier. Mais, pour les deux hommes de loi, l’enquête piétine et les garanties légales sont foulées aux pieds. « Nos clients sont en garde à vue depuis le 8 juin à cause du meurtre ou de l’assassinat de Youssouf Ali, originaire de la localité de Ndruwani. Nous prions le Seigneur pour que la justice soit éclairée et que la vérité soit faite sur cette affaire. Mais à ce stade, la loi ne nous permet pas d’intervenir », a regretté Me Djamalidine Soiliha, déplorant le fait que les mis en cause n’aient pas encore pu bénéficier d’un accompagnement juridique pendant la phase d’enquête.


Maître Abdillah Mmadi Said, de son côté, fustige une détention qui outrepasse largement les délais légaux. « Nous ne disons pas que ces personnes ne doivent pas être entendues, mais la loi doit être respectée par toutes les parties car un mois après leur arrestation, nous nous demandons ce qu’il s’est passé. S’il s’avère que le dossier est vide et qu’il n’y a pas d’élément compromettant chez nos clients, il doit être transmis au procureur pour qu’il décide de la suite à donner », a-t-il estimé.L’avocat a également dénoncé une opération de police menée dans la nuit du 25 juin à Mwandzaza Mbwani, entre 1h et 2h du matin, sans mandat ni autorisation judiciaire présentée. «La loi encadre les heures de perquisition. Nous cherchons à savoir ce qu’ils sont venus faire à cette heure-là ? Ils ont arrêté d’autres personnes sans présenter de perquisition, mandat ou document officiel que ce soit, et c’est illégal de faire ça », a-t-il affirmé.


Autre élément troublant soulevé par la défense : quelques jours avant cette descente nocturne, une délégation de Mwandzaza Mbwani aurait rencontré le ministre de la Justice, Anfani Hamada Bacar, à sa demande, pour évoquer l’affaire. « C’est ce que l’on ne comprend pas. Comment le ministre peut demander un entretien avec la communauté de Mwandzaza Mbwani pour collaborer sur cette affaire et envoyer les forces de l’ordre pour les embarquer quelques jours plus tard à une heure pas permise par la loi ? », s’est interrogé Me Abdillah.


Face à cette situation, les deux avocats affirment avoir saisi le procureur de la République, le ministre de la Justice, l’inspecteur des affaires judiciaires et le directeur des affaires judiciaires, sans obtenir de réponse. «Nous voulons comprendre pourquoi toutes ces personnes ont été emprisonnées pendant toute cette durée. Un mois c’est beaucoup trop sans savoir pourquoi l’on est incarcéré. Il est temps que la justice s’exprime sur cette affaire dans le respect du droit», a insisté Me Abdillah.Pour les deux défenseurs, la lutte contre l’impunité ne doit en aucun cas se faire au mépris des principes fondamentaux de l’État de droit. Ils appellent les autorités judiciaires à «faire toute la lumière sur cette affaire, dans le respect strict des droits des personnes mises en cause et des procédures légales».

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