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Micro-finance I Après le détournement, le Sanduk de Ntsorale ouvre enfin

Micro-finance I Après le détournement, le Sanduk de Ntsorale ouvre enfin

Société | -   Abdou Moustoifa

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Depuis décembre 2023, les activités de la banque communautaire ont cessé. Cette réouverture adoubée par l’Union régionale des Sanduk de Ngazidja est en revanche soumise à quelques conditions, durant une période de six mois.

 

L’Union régionale des Sanduk de Ngazidja et la Banque centrale des Comores l’avaient promis. Et c’est désormais chose faite. Le sanduk de Ntsorale Ya Dimani a repris ses activités depuis hier lundi 24 juin, avons-nous appris auprès du président du conseil d’administration, Abdou Ahamada.

Début décembre 2023, la banque communautaire avait fermé les portes après le détournement de fonds dont elle a été victime. Près de 141 millions avaient disparu des caisses. La gérante, principale suspecte et une autre personne, sont en détention provisoire à la prison de Moroni, et attendent leur procès.


Selon l’avocat du Sanduk, Me Mohamed Rafiou, l’instruction est presque arrivée à son terme. Le dossier devrait atterir au tribunal correctionnel de Moroni d’ici une semaine. Mais parallèlement, alors que les investigations suivaient leur cours, des négociations avaient été initiées par les dirigeants du Sanduk, dans le but d’obtenir la réouverture de l’institution. Vendredi dernier, l’annonce est tombée. Au cours d’une cérémonie, organisée à Ntsorale ya Dimani en présence du gouverneur de la Bcc, Younoussa Ben Imani, le président de l’Urgc, Chakira Moegni a informé la localité de l’ouverture de la banque.

Quotas des retraits

Ce lundi, le président du conseil d’administration a confirmé que les trois nouvelles recrues sont sur place. Mais comme partout ailleurs où des actes de détournements se sont produits, les clients du Sanduk de Ntsorale sont soumis à quelques conditions.Il ne sera plus possible pour eux de retirer n’importe quel montant, selon leur besoin. «C’est une mesure temporaire visant à permettre à l’institution de se restructurer progressivement», a déclaré le directeur exécutif, Chakira Moegni assurant qu’entre trois et six mois au plus tard, tout devrait rentrer dans l’ordre.


En attendant la levée de ces quotas, les clients dont les dépôts se situeront entre 0 et 250 000 francs ne pourront plus retirer au-delà de 25 000 francs par mois. Une fois que le solde aura atteint 500 000, le retrait ne peut excéder 50 000 francs. «Le but de ces restrictions est de garantir la continuité des activités», a expliqué Chakira, qui a précisé qu’en plus des clients lambda, la localité doit également apporter sa contribution.

Il a été décidé que les comptes communautaires de Ntsorale ne peuvent retirer de l’argent. «Je vous invite à venir faire des dépôts surtout entre juillet et août. Comme ça, le mois suivant, vous pourrez procéder aux retraits», a promis le président des Sanduk de Ngazidja qui a souligné que la survie du Sanduk dépendait de la confiance que les clients lui accorderont.


Dans son discours, prononcé toujours vendredi, Chakira Moegni a vivement critiqué l’attitude de certains responsables de Ntsorale qui ne voulaient pas que l’Urgc ait un droit de regard sur la gestion. «Nombreux sont ceux qui répétaient que cet argent était le vôtre. Alors qu’aujourd’hui, étant coincés, vous étiez obligés de nous solliciter. Que cela serve de leçon.

Désormais, nous ne tolèrerons pas un laisser-aller», a-t-il prévenu. Abondant dans le même sens, le gouverneur de la Banque central a appelé la communauté à travailler en étroite collaboration pour contrôler l’évolution des activités financières.Younoussa Ben Imani a rappelé que sans le recouvrement des montants détournés, le Sanduk «risque de ne pas pouvoir sortir de l’ornière aussi vite ».

En ce qui concerne le volet judiciaire, tous les prévenus ont été entendus, même si certains inculpés n’ont jamais été retrouvés. Selon Me Mohamed Rafiou, qui représente le Sanduk de Ntsorale, il ne reste plus que l’ordonnance de renvoi du magistrat en charge de l’instruction.

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