Un charter affrété par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) atterrissait jeudi 21 décembre dernier à l’Aéroport internationale Moroni prince Saïd Ibrahim (Aimpsi), avec à son bord 89 migrants comoriens en provenance de la Libye.
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Ces 89 migrants ont été pris en charge dès leur arrivée par les services de santé, avant d’être immédiatement remis à leurs familles. Aucune mesure de suivi n’a, selon nos sources, jusqu’ici été envisagée.
Et pourtant, recensant les témoignages, nombre de ces ressortissants comoriens sont sujets à des problèmes physiques et mentaux. Tous, en effet, ont été évacués des centres de rétention officiels des autorités libyennes. Or, ces centres, officiels qu’ils soient, sont connus pour leurs conditions de vie épouvantables.
Les détenus y vivent dans des conditions que Médecins sans frontières (Msf) qualifie carrément d’”inhumaines”. Un rapport de cette association humanitaire internationale d’aide médicale, daté du 1er septembre 2017, fait état de surpopulation, de malnutrition et de mauvaises conditions sanitaires.
Conditions déplorables
Un jeune homme de la région de Dimani, qui fait partie des 89 migrants rapatriés jeudi dernier, se plaint de douleurs au niveau des reins et de l’abdomen. Il aurait, en outre, des difficultés à manger. Conséquence directe de ses deux mois et demi de rétention dans un centre à Tripoli. La nourriture, explique-t-il, était faite de pâtes et de pains qu’on leur jetait comme on le ferait pour du “bétail”.
Et elle n’arrivait pas tous les jours. Par jour, poursuit-il, ils n’avaient droit qu’à un seul verre d’eau. Ils étaient au total 36 Comoriens dans ce centre rempli au-delà de la démesure, et qui ne disposait pas de latrines. Les détenus étaient empilés les uns sur les autres, assiégés par les odeurs, dans des cellules faiblement ventilées et peu exposées à la lumière.
Les maladies, dans cet environnement malsain, y foisonnent. Plus de 1000 détenus souffrant de maladies directement liées aux conditions de vie à l’intérieur des centres sont soignés chaque mois par Msf. L’on avait annoncé qu’une personne, parmi les 90 migrants comoriens recensés, avait pris la fuite. Il s’avère cependant, d’après les témoignages, que ce dernier à été, la veille du départ, attrapé par la gale, une des maladies qui empoisonne ces centres, avec la diarrhée.
À cela s’ajoute les mauvais traitements infligés par les gardiens des prisons. Médecins sans frontières parle de tortures, de traites et de violences sexuelles. Le jeune migrant de Dimani affirme avoir été torturé à l’aide d’un tuyau et d’un fil de fer. À bord de l’avion, les pilotes libyens leurs auraient signifié de ne pas faire part des violences subies.
Si, lui, peut en parler, d’autres éprouvent des difficultés à évoquer les mauvais traitements subis. Une jeune femme de la région de Mbwankuwu, nous a-t-on dit, vit prostrée, enfermée chez elle, refusant de se confier. Msf cite, parmi les traumatismes moraux relevés chez les migrants, les pensées suicidaires, le stress post-traumatique, les attaques de panique, la dépression et l’anxiété.
On peut craindre le pire. Les cas cités ne sont pas exhaustifs. Le gouvernement doit donc finir le travail. Assurer un suivi autant médical que psychologique à ceux qui en ont besoin. Et leur trouver du travail serait un plus non négligeable.