Le ministre de la Justice, Djae Ahamada, s’inquiète de l’arrivée des migrants venus d’Afrique continentale, arrivée qui tend à devenir régulière. Il s’inquiète aussi du sort de ces migrants. C’est en tout cas ce qu’il a laissé entendre, le lundi 10 janvier, à sa sortie d’une rencontre avec les représentants des juridictions de l’île de Ndzuani.
“J’ai eu une réunion avec les responsables des juridictions au sujet de ces immigrés. Ces gens viennent de Madagascar ou de la Tanzanie et sont récupérés en mer par des passeurs. Au final ils se retrouvent ici, à l’école de police.
Nous sommes venus leur rendre visite”, a-t-il fait dit. “Nous adressons notre reconnaissance à la police, à la gendarmerie, à la sécurité civile et aux garde-côtes pour le travail accompli jusqu’ici, et leur demandons de maintenir ces efforts pour intercepter ce flux migratoire”, a-t-il ajouté. Le nombre de migrants interceptés à Ndzuani ces trois derniers mois avoisine la centaine. D’abord 52, venus de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et du Mozambique, ont été recueillis par la gendarmerie à la fin du mois de septembre dernier à Bambao-mtsanga.
L’histoire de ce groupe est surprenante : ces hommes, femmes et enfants auraient été déposés sur la grève, dans cette ville de l’est de Ndzuani, par des passeurs qui leur auraient dit que là, ils étaient à Mayotte. Il y a eu ensuite, en décembre, deux interceptions par les garde-côtes : la première contre une vingtaine de malgaches, puis, deux semaines après, un autre groupe de vingt-quatre autres hommes, femmes et enfants venus du continent. Ces personnes sont logées dans les bâtiments de l’Ecole nationale de police (Enp), à Trenani, et à l’hôtel Al-amal, à Mutsamudu. Il est par ailleurs surprenant de constater que ces migrants ne viennent pas seulement d’Afrique de l’est, proche de nous, mais aussi de contrées parfois lointaines.
Une centaine de migrants
Le ministre a par exemple décrit le parcours d’un des migrants, venu du Ghana, tout à l’ouest. Il aurait pris un avion pour Maurice, et de Maurice il a pris un bateau pour Madagascar, puis un autre bateau pour les Comores, où il a été recueilli par une vedette en mer. Il faut rappeler qu’après le placement en rétention administrative du premier contingent arrivé fin septembre, le Système des Nations unies avait demandé à pouvoir recevoir les conclusions de l’enquête diligentée par la justice comorienne sur cette affaire, avant la fin de l’année.
Cette fois, l’on apprend du ministre Djae Ahamada que ce premier contingent est actuellement « pris en charge par le Haut commissariat aux réfugiés » des Nations unies, tandis que le deuxième et troisième contingent « demeurent sous la charge du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale de la sécurité civile ». Le ministre s’est toutefois dit surpris par ce qu’il est venu trouver sur place, à savoir que les membres du premier groupe de migrants a déjà « reçu des papiers de réfugiés, délivrés par le Hcr ». « Où va-t-on ? Les Comores ne sont pas encore un camp de réfugiés ! Les Nations unies ne nous l’ont pas encore dit ! Je sais qu’il y a un camp au Lesotho, au Mozambique et en Tanzanie, mais pas encore chez nous », s’est-il étonné.
