L’Union des Comores vient de perdre un de ses plus illustres enfants. L’ancien ministre Mikidache Abdourahim est décédé, lundi dernier, à l’hôpital de la Roseraie à Aubervilliers en France, à l’âge de 81 ans.
Né en 1937 à Mtsamdu ya Ndzuani, il a occupé plusieurs fois de hautes fonctions d’Etat depuis que l’archipel était sous l’autonomie interne et après son accession à l’indépendance.
Il occupait déjà la fonction de ministre sous la présidence du conseil de gouvernement de feu Saïd Mohamed Cheikh, notamment au département des Finances en 1968 ou à l’Education dans les années 1970 ou encore la fonction de secrétaire d’Etat.
Mikidache Abdourahim fut l’un des principaux concepteurs du “Pula ya Maendeleyo”, le fameux plan quinquenal de développement du régime révolutionnaire dirigé par feu le président Ali Soilihi Mtsachiwa entre1975-1978.
Après la chute du régime révolutionnaire, il deviendra directeur général du Plan au début des années 1980 avant d’occuper différents postes ministériels sous feu président Ahmed Abdallah Abdérémane (1978-1989).
Outre les postes ministériels occupés à plusieurs reprises dans le pays, il a été aussi gouverneur de la Banque mondiale et président du conseil d’administration de la Banque centrale des Comores.
Il était, également, membre du Conseil constitutionnel et président d’honneur de l’Alliance française. Ambassadeur de la Paix Universelle, il bénéficiait de plusieurs distinctions pour services rendus, notamment le grade d’Officier de la légion d’honneur, Officier des palmes académiques et Grand officier de l’Ordre de Léopold II, entre autres.
Dans la région indianocéanique, il a laissé ses empreintes dans la fondation de la Commission de l’Océan indien, ayant participé aux réunions de sa création.
Mikidache Abdourahim a été aussi un passionné du septième art, comme le témoigne son fils Darchari Mikidache. Il fut donc parmi les personnes qui ont introduit le cinéma aux Comores dans les années 1970.
Un pionnier
Il assurera des projections cinématographiques à la prestigieuse salle Al-Camar de Moroni et disposera même de ses propres salles en dehors de la capitale, notamment à Ntsaweni et le Beauregard de Mitsamihuli au nord de Ngazidja.
Il a aussi pratiqué l’élevage, au début des années 1980, à Shuwani ya Hambu et Kafuni dans le Bambao. Il était également propriétaire terrien de plusieurs domaines qu’il a vendus à l’Etat, à l’instar des locaux occupés aujourd’hui par la brigade de gendarmerie à Mitsamihuli qui abritait les activités du cinéma Beauregard.
L’ancien ministre Mikidache Abdourahim s’est installé en France depuis 2000 où il a été élu président du culte musulman. Dans un poste lui rendant hommage sur les réseaux sociaux, le journaliste Ali Moindjie a tenu à
saluer le lettré qui s’est toujours efforcé d’intéresser les jeunes générations aux savoirs et aux productions artistiques.
Et de poursuivre : C’est notamment grâce à lui que les collégiens que nous étions à Mitsamihuli ont découvert le cinéma avec des acteurs comme Lee Van Cleef, Steve Mac Queen… Il avait construit une salle de cinéma dans cette ville du nord de Ngazidja et venait de Moroni une fois par semaine y projeter un film précédé généralement des actualités. Avec le recul, je revois un homme qui avait dépassé les instincts insulaires puisque le haut fonctionnaire de Mtsamdu n’hésitait pas à investir à Mitsamihuli et dans le Hambuu où il était chez lui”.
La date du rapatriement du corps et des obsèques vous seront communiqué ultérieurement.
Paix à son âme.
