Depuis la réhabilitation du stade international Saïd Mohamed Cheikh, les établissements scolaires de Mitsamihuli se sont vus refuser l’accès à cette infrastructure pourtant destinée au développement du sport. Résultat : les professeurs d’éducation physique n’ont d’autre choix que de déplacer leurs cours sur la plage. «La souffrance est intense. Il s’agit d’enfants et d’adolescents en classe de 5è, qui n’arrivent plus à tenir. Nous, adultes, ne supportons même pas ce sable brûlant en plein soleil, alors imaginez les enfants», alerte Abdallah Tourouné, professeur d’Eps et ancien athlète de renom.
Les séances, organisées généralement entre 9h et 11h30, sont rythmées par des pauses fréquentes pour éviter l’épuisement. Mais ce n’est pas tout. Le sable soulevé par le vent irrite les yeux, la chaleur est accablante, et les blessures dues aux éclats de verre ou à des objets métalliques sont devenues monnaie courante. «Moi et les élèves tentons de nettoyer la zone avant chaque séance, mais malgré nos efforts, certains finissent blessés. Il faut parfois les envoyer à l’hôpital, et ils ratent ensuite les cours», regrette Abdallah Tourouné. Lorsque la marée est haute, les séances doivent être interrompues ou annulées, et dans le meilleur des cas, elles sont remplacées par des exercices de fortune sur un littoral semé de cailloux.
Ce paradoxe indigne de nombreux enseignants et parents. Le stade international Saïd Mohamed Cheikh, rénové pour améliorer la pratique du sport aux Comores, reste inaccessible aux élèves. «C’est un bijou, oui, mais inutile pour les enfants de Mitsamihuli. On protège une pelouse pendant qu’on expose des enfants aux blessures et à l’épuisement», s’indigne l’enseignant.Outre les dangers physiques, cette situation perturbe le bon déroulement de la journée scolaire. À la fin des séances, les élèves mettent du temps à se débarrasser du sable avant de retourner en classe. Il y a alors des retards en chaîne et des programmes bousculés. «En deux heures de séance, nous faisons quatre à cinq pauses. Cela trouble le programme journalier. Et quand on fait de la gymnastique, les élèves arrivent toujours en retard au cours suivant», explique Tourouné.
Ce que dénoncent aujourd’hui les enseignants et les familles, c’est aussi l’opacité de la situation. Pourquoi les écoles n’ont-elles plus accès au stade ? Qui bloque l’utilisation de l’infrastructure ? La Fifa ? Le responsable local du terrain ? Personne ne le sait précisément. «Depuis que la Fifa a pris ce stade, nous sommes obligés d’aller à la plage. J’ai plus de quinze ans de service, toujours sur le sable. Mais on ne sait pas qui nous interdit réellement l’accès», s’interroge Abdallah Tourouné.