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Mort de Hadji Hassanaly : Un pan entier de l’histoire de la presse s’en va

Mort de Hadji Hassanaly : Un pan entier de l’histoire de la presse s’en va

Société | -   Contributeur

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La disparition brutale de Hadji Hassanaly laisse la presse comorienne orpheline de l’un de ses doyens serviteurs. C’est tout un pan de notre histoire qui s’en va. Les obsèques du doyen ont eu lieu mardi soir à 21h à Fomboni.

 

C’est une triste nouvelle qui vient de plomber la presse comorienne. Hadji Hassanaly vient de nous quitter ce mardi 26 décembre à 16h 30 après son hospitalisation, il y a quelques semaines au centre hospitalier de Fomboni à Mwali. L’un des doyens des journalistes comoriens, un bon père de famille dévoué et surtout un serviteur de la presse comorienne.

Initié aux règles de la profession avant même l’indépendance à l’Ortf (Office de radio et de télévision française), Hadji Hassanaly fait partie de la vraie première génération des journalistes comoriens derrière les autres grands doyens comme Saïd Ali Kemal ou Saïd Ankil. Il consacrera toute sa vie à la profession dans de nombreux medias comme “Le Courier des Comores” au milieu des années 1970 après avoir été mis à profit par le régime révolutionnaire d’Ahmed Abdallah Abdérémane en devenant le plus jeune ministre de l’Information.

Convaincu que son avenir résidait dans la presse, Hadji Hassanaly y marquera ses empreintes et y mettra tout son cœur d’abord à Radio Comores avant de s’intéresser à la presse écrite. Il bénéficiera de nombreuses formations et stages notamment en France où il a su élargir son carnet d’adresses et perfectionner son talent à la fin des années 1980 dans de nombreux centres de formation comme le Cfpj de Paris ou l’Ecole de journalisme de Marseille.

Homme de principes, insensibles aux dérapages des politiques, fidèle à ses positions, apprenti-journaliste jusqu’à la dernière heure de sa vie, Hadji Hassanaly a pris part activement à l’actualité brulante de l’archipel notamment pendant la crise séparatiste où il n’a pas hésité à se rendre à Ndzuani début août 1997 au péril de sa vie pour couvrir les premières heures du mouvement sécessionniste.

Pionnier

Attaché à l’unité du pays et à l’équilibre des îles, Hadji Hassanaly est un Comorien convaincu, un vrai, prêt à sacrifier le meilleur de lui-même pour des Comores unies et uniques. Opposé à l’Accord de Fomboni du 17 février 2001 et aux discours aux relents séparatistes prononcés par des dinosaures du séparatisme, Hadji Hassanaly y consacrera des dizaines d’articles suffisamment instructifs contre le démantèlement programmé de l’archipel des Comores.

En l’an 2000, il déplorera et dénoncera avec force la nouvelle dénomination du pays à la radio Tropique FM où il a été rédacteur en chef. Mais aussi à La Gazette des Comores où il travaillait comme collaborateur. Il publia une tribune célèbre intitulée “Il était une fois les Comores”, qui avait fait le tour du pays comme pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur les conséquences et les dangers de la nouvelle constitution de l’époque.

A la fin des années 2000, Hadji Hassanaly crée son propre journal “La Tribune des Comores” où il continuera avec bravoure le combat de sa jeunesse. Une tribune de 12 pages qui a permis à de nombreux cadres du pays tous domaines confondus à élever le débat national à travers presque tous les sujets de notre société.

Calme, posé et courageux, il participait, avec grande fierté, à toutes les conférences de presse aux côtés des jeunes. “C’est un métier difficile mais passionnant”, aimait-il dire à l’endroit de nous tous.

Hadji, comme on l’appelle, a été non seulement un journaliste engagé mais restera, pour la plupart d’entre nous un modèle d’inspiration, Bref, un journaliste qui a su exercer avec modestie un métier difficile et ingrat. C’est un pan entier de la presse comorienne qui s’en va.


A.S.KEMBA
Journaliste indépendant

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