Les proches, amis, étudiants du docteur Youssouf Said Soilihi qui a rendu l’âme le 5 mars dernier, se sont réunis, dimanche dernier dans sa ville natale, Ntsaweni, pour lui rendre un ultime hommage, à la hauteur de son œuvre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les hommages à l’endroit du défunt ont été unanimes. Economiste de formation, Dr Youssouf Said Soilihi était également professeur à l’Université des Comores et, parallèlement, faisait office d’écrivain. Ses œuvres, «Comores, les défis du développement», et «Ali Soilihi, l’élan brisé ?», ont visiblement influencé plus d’un sur le plan politique.
Parmi eux, son ami et professeur, Abdallah Soilihi, qui, pendant deux ans, avait pris ses distances avec la politique, mais les livres de Dr Youssouf Said Soilihi. «Après l’avoir lu, j’ai eu envie de le rencontrer et, ayant eu écho de cela, preuve de sa grandeur, c’est un battant, c’est lui qui est venu à ma rencontre», a-t-il déclaré, avant d’ajouter qu’il considérait Youssouf Said Soilihi comme «un père spirituel».
«Un père éducateur»
Si l’on s’en tient aux différentes prises de parole, Dr Youssouf Said Soilihi «a marqué de son empreinte» plusieurs générations venues en masse lui témoigner leur gratitude et leur marque de reconnaissance. Nadidja Said, qui l’a eu comme enseignant durant tout son cursus universitaire, évoque un «homme qui a toujours accompagné ses étudiants dans leurs travaux de recherche». Cette proximité qu’il avait avec ses étudiants est également saluée par ses pairs, au premier rang desquels, Ahmed Kassim. L’ancien doyen de la faculté de droit parle, avec émotion et nostalgie, d’un homme «toujours proche de ses étudiants, dans les bons mais surtout dans les mauvais moments». «Dr Youssouf Ahmed Abdallah n’enseignait pas pour tuer le temps, mais s’est toujours donné corps et âme pour cette vocation.
Il a apporté son expérience à de nombreux jeunes, afin qu’ils soient les futurs bâtisseurs de leurs villages et régions respectifs», a déclaré le tout nouveau avocat au barreau de Moroni.Ce sens de la pédagogie a surtout marqué les enfants du défunt père de 8 enfants. L’aînée, Maliza Binti Youssouf, se rappelle un père qui «voulait se faire respecter, et non être craint». «Il ne nous criait jamais dessus et encore moins lever la main sur nous. Mon père était surtout un adepte de l’esprit de la seconde chance, et il nous en a donné, aussi bien à ses enfants qu’à ses étudiants», a déclaré l’avocate.
L’homme politique
Il n’y a pas que dans l’enseignement que le Dr Youssouf Said Soilihi «a marqué les esprits», son nom jouit d’une belle notoriété en politique, un environnement dans lequel il a connu tous les étages. Ancien militant de la révolution d’Ali Soilihi au milieu des années 1970, chef d’un parti politique (Djawabu), député de la région de Mbude, vice-président de l’assemblée nationale (2004-2009), ministre et ancien maire de Ntsaweni, il a, auparavant, occupé les fonctions de ministre des finances. Son revers lors des élections présidentielles de 2002 où il aura récolté 6% des voix, n’a fait que poser les bases d’ «un futur grand politicien». «Tout d’un coup, tout le monde a été pris de court par le résultat réalisé par cette homme, alors méconnu du milieu politique», a fait savoir Abdallah Soilihi. Pour ne pas que l’ensemble de l’œuvre de Youssouf Said Soilihi tombe aux oubliettes, sa fille, Maliza, indique qu’ «à travers la fondation Dr Youssouf Said Soilihi, nous espérons poursuivre et perpétuer les combats qu’il a menés».