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Mort du major Hakim Saïd I Le gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête

Mort du major Hakim Saïd I Le gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête

Société | -   Sardou Moussa

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La presse de Ndzuani attendait une intervention du procureur de la République près le Tribunal de Mutsamudu et du directeur du Centre hospitalier de Hombo, mais c’est finalement le ministre de l’Economie et porte-parole du gouvernement, Houmed M’saidie, qui s’est exprimé au sujet de la mort d’Hakim Saïd, de son enterrement en catimini ainsi que de l’exhumation du corps, le jeudi dernier.

 

Le porte-parole du gouvernement, Houmed M’sadie, a déclaré que «le gouvernement, profondément ému et affligé par cette tragique disparition, présente  ses condoléances attristées, ainsi que sa profonde sympathie et son soutien à la famille du défunt ainsi qu’au peuple comorien dans son ensemble, et condamne avec la plus grande fermeté les circonstances inquiétantes qui entourent l’enterrement suivi de l’exhumation du corps du regretté».

Il a assuré que le même gouvernement «s’engage à tout mettre en œuvre pour que les premiers éléments d’investigation soient rendus publics aussitôt qu’ils seront disponibles et pour que tout responsable d’acte répréhensible, que ce soit de l’armée ou de la population, soit poursuivi afin que justice soit rendue au défunt et que de tels actes ne puissent plus se reproduire dans le pays».

L’histoire de la mort de l’adjudant-chef Hakim Saïd Dimkolo alias Bapale est à peine croyable.
Ancien élément du Groupement de sécurité des hautes personnalités (Gshp) à la retraite depuis un an, il a été arrêté chez lui, à Mirontsy, à la tombée du soir du mardi 6 avril par des éléments de la Force comorienne de défense (Fcd), et conduit au camp militaire de Sangani. Il faisait partie d’un lot de personnes, militaires et civiles, suspectées par l’armée de fomenter des attentats contre des personnalités de l’Etat.

Une histoire à peine croyable

Ce que le porte-parole nomme précisément «enquête sur une tentative de déstabilisation du pays», dans le cadre de laquelle d’autres arrestations de militaires ont été opérées depuis.Le lendemain mercredi, vers 21 heures du soir, c’est son corps sans vie qui a été acheminé encore une fois par des soldats au cimentière de Mirontsy, où «trois civils ont été chargés de l’inhumer». Ces derniers raconteront plus tard aux gens curieux de savoir qui a été ainsi enterré incognito, qu’il s’agissait d’une personne morte en mer par noyade.

En réalité, la tentative de dissimuler l’identité de la personne enterrée n’avait aucune chance de réussir. Même si, comme l’a affirmé l’ex-beau-frère et ami proche du défunt, Cheikh Mohamed Halidi, «aucun membre de la famille de celui-ci n’a été mis au courant ni de son décès, ni de son enterrement».  «La rumeur de sa mort circulait déjà depuis le milieu de la journée [de mercredi], mais personnellement je m’étais dit que si c’était vraiment le cas, l’on nous apporterait son corps. Je n’aurais jamais imaginé qu’on l’enterrerait en cachette», regrette-il.

Au vu donc de cette incertitude dans laquelle a été plongé son entourage, ajoutée à cette mystérieuse séance funéraire, une décision spectaculaire a dû être prise par eux : exhumer le cadavre enterré la veille, histoire d’en avoir le cœur net ! «Suite aux rumeurs de son décès, des proches ont voulu connaitre la vérité. Ils se sont donc rendus à la gendarmerie pour savoir s’il était là bas, mais on leur a répondu qu’il n’y était pas. Ils sont alors allés au camp de Sangani, et ont reçu la même réponse.

C’est alors qu’a surgi l’idée de le déterrer. Cela a été fait en présence de nombreux témoins, dont un officier de la gendarmerie, qui voulait confirmer l’identité du cadavre», raconte notre interlocuteur.Le corps ainsi exhumé s’est révélé bel et bien être celui du major Hakim. Le choc a été terrible chez ses proches et chez les habitants de Mirontsi en général qui, sitôt l’avoir de nouveau «inhumé selon les préceptes musulmans», ont barricadé la route et affronté les forces de sécurité au cours d’émeutes qui ont duré deux heures, le soir du jeudi.

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