Mounira Mohamed Dhoiffir Saïd, née le 25 novembre 1996 à Mde ya Bambao, porte en elle l’agronomie, comme héritage. Il s’agit d’un domaine qui a marqué sa famille, à l’en croire. Cette aînée d’une famille de trois enfants a grandi avec l’image de son grand-père, Said M’ze Bacar, un homme très connu aux Comores, pour sa passion de l’agriculture. Malgré les épreuves auxquelles elle a dû faire face, Mounira Mohamed Dhoiffir s’y est accrochée pour rendre fière son feu père.
Après un parcours scolaire honorable, fait à Vuvuni et à Mde, Mounira est partie, après son baccalauréat, pour Dakar au Sénégal, où elle effectuera des études supérieures en agroécologie horticole. Mais, partout où elle passait, elle a toujours gardé l’image du Cefader, un endroit qui marquée durant son enfance. «Le Cefader m’intriguait», a-t-elle confié avant d’indiquer le pourquoi.
«Je m’y rendais avec mes camarades de classe pour imprimer des copies scolaires. Cependant, j’ignorai les missions de cette institution. Un jour, une amie m’a dit qu’elle souhaitait travailler dans l’agriculture afin de pouvoir bosser là-bas. En me renseignant, c’est là que j’ai réalisé que mon grand-père était agronome et qu’on pouvait en faire un métier et en être fière. Ma passion est née à partir de ce moment-là, je me suis alors engagée dans cette voie pour honorer la mémoire de mon grand-père et poursuivre son rêve», a-t-elle confié.
Les aléas de la vie
Mounira Mohamed Dhoiffir a perdu son père en 2020, pendant qu’elle faisait ses études. C’était douloureux et pénible pour elle, mais elle a su retrouver la force de continuer et de se surpasser, avec pour le seul but de «rendre hommage à son père, son grand-père et sa famille en réalisant leurs rêves communs». Ainsi, elle obtiendra une licence en gestion durable des agronomies horticoles à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, suivie d’un master dans le même domaine.
De retour aux Comores, Mounira a immédiatement obtenu un stage au Crde de Dibwani, une institution située dans les hauteurs de Mbude, à Ngazidja. Elle y est aujourd’hui comme employée, notamment en tant qu’ingénieure dans le périmètre d’expérimentation, de démonstration et de multiplication.
C’est avec une motivation inébranlable qu’elle parcourt tous les jours plusieurs kilomètres, depuis sa ville natale jusqu’à Dibwani pour rejoindre son lieu de travail. Mounira travaille cinq jours par semaine, c’est-à-dire, du lundi au jeudi, et le samedi, dans un rythme qu’elle trouve «intenses» marqué par des trajets et des journées longs.
Avec son tee-shirt noir de travail et son foulard rose, Mounira a montré avec simplicité et élégance la force qui l’anime. Elle se bat non seulement pour faire revivre le nom de son grand-père, Said M’ze Bacar, une figure influente dans le monde agricole comorien, mais aussi pour inspirer les jeunes filles comoriennes à suivre leurs rêves. «Ne vous laissez pas décourager par ceux qui disent que vous ne pouvez pas réussir», déclare-t-elle en guise d’encouragement les jeunes filles ayant des rêves, avant d’ajouter «vous êtes capables, et vous pouvez accomplir de grandes choses».