C’est aujourd’hui, 27 juin, que le tribunal de flagrant délit se prononcera sur le sort de l’ancien candidat à la présidentielle, Ahmed Wadaane Mahamoud, de l’ancien ministre et secrétaire général du front démocratique Moustoifa Saïd Cheikh et du coordinateur de l’union de l’opposition, Ibrahim Abdourazak, tous poursuivis et placés en mandat de dépôt, samedi dernier, pour «attroupement, trouble à l’ordre public et pour avoir tenu une manifestation non autorisée».
Ce renvoi pour délibéré a été décidé à l’issue d’une audience devant le tribunal de flagrant délit, avant-hier. Interrogés sur ces accusations, les trois prévenus ont reconnu devant le juge avoir participé à une «manifestation pacifique» le vendredi dernier. Ils estiment n’avoir pas enfreint la loi car «le droit de manifester est garanti par la constitution», a soutenu l’ancien candidat à la présidentielle.
Interrogé sur pourquoi des manifestations uniquement les vendredis, Mahamoud Wadaane a répondu qu’il s’agissait «d’une nouvelle façon de protester contre la privation des droits et liberté qui s’installent dans le pays». Pour sa part, le chef du parquet de Moroni voit en cette «nouvelle forme» de manifester une manière de «transformer les Comores en Palestine» (Sic).
A son tour, Moustoifa Saïd Cheikh a soutenu ne pas être auteur d’aucun trouble à l’ordre public et d’avoir agit conformément à la constitution car «il n’est écrit nulle part dans la constitution qu’il faut demander une autorisation».
Garant de l’indépendance
Le procureur de la République a, dans ses réquisitions, reconnu que le droit de manifester est garanti par la constitution, mais cela ne se fait «pas n’importe comment» qu’il y’avait des règles à respecter, comme demander l’autorisation auprès de la préfecture et que, autrement, ça serait de l’anarchie. Dans son intervention il ajouté que «les prévenus n’ont engagé aucune démarche légale en vue d’obtenir l’autorisation de manifester». Au terme de son intervention, le procureur de la République a expliqué que le but de ces poursuites est de «conscientiser les manifestants pour qu’ils optent pour une autre façon de protester» et a demandé au tribunal de les déclarer coupables et les condamner à douze mois avec sursis.
Pour sa part, un des avocats assurant la défense des prévenus, Me Bahassane Ahmed, a demandé au tribunal de ne pas s’aligner sur les réquisitions du parquet. «En votre qualité de juge de siège, garant de l’indépendance des magistrats, vous n’avez aucune instruction à suivre, alors ne condamner pas ces prévenus pour avoir fait valoir leur droit de manifester, une des valeurs garanties par la constitution».
Puis en détaillant les parcours des prévenus, l’avocat a soutenu que «sans le combat mené par Moustoifa Saïd Cheikh contre l’oppression coloniale ou la dictature des mercenaires, personnes au pays n’aurait osé revendiquer le droit de s’exprimer librement ou de se réunir en mouvement syndical». Il a demandé la levée de mandat de dépôt qui pèse sur ses clients. Au terme de l’audience, le président du tribunal, président de l’audience, a ordonné le maintien du mandat de dépôt.