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Msa Mladjao directeur générale de Comores Telecom I «Je préfère redresser l’image de Comores Telecom en améliorant nos services»

Msa Mladjao directeur générale de Comores Telecom I «Je préfère redresser l’image de Comores Telecom en améliorant nos services»

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Dans une interview exclusivement accordée à Al-watwan et à La Gazette, le directeur général de la Société nationale de Comores Télécom, Msa Mladjao a présenté son bilan annuel depuis qu’il est à la tête de la société. Il a aussi montré son plan de riposte pour faire face à la concurrence de la société Telco.

 

A votre arrivée à la tête de Comores Telecom le 11 juillet 2019, les chiffres de la société étaient au rouge. Un an après quel bilan tirez-vous ?
A la mi-juillet 2019, quand le chef de l’Etat que je remercie beaucoup m’a confié la direction de Comores Télécom, j’ai établi un état des lieux qui a donné des résultats des mesures de sauvegarde de la société. D’abord, le chiffre d’affaire qui était passé de 28 milliards en 2016, 24 milliards en 2017, 16 milliards en 2018, allait être à 12 milliards en 2019 et nous avons pu stabiliser à 14 milliards. Ceci grâce aux mesures que le personnel a bien voulu accepter afin d’éviter la cessation de paiement. L’engagement fort qui nous a tous guidé, c’était d’éviter des pertes préjudiciables au secteur tout entier. D’abord, la stabilisation malgré le contexte sanitaire qui prévaut actuellement perturbant ainsi l’exercice 2020 et par la suite le chemin de la croissance.

Comment décrivez- vous le secteur des télécommunications et son marché aux Comores ?
Il faut avant tout connaitre les intervenants sur le marché des Tic. D’abord, un opérateur historique qui est Comores Télécom. Puis un deuxième opérateur Telco. Tous les deux ont comme clients les usagers. Il y a un autre opérateur Comores câbles qui vend aux opérateurs et aux demandeurs extérieurs. Au-dessus de tous, le régulateur, à savoir l’Anrtic qui joue le rôle d’arbitre. Dans ses décisions, ce dernier observe les intérêts des usagers comme le développement du secteur. Si le secteur est en dégradation, ce qui est l’état actuellement, il intervient par des actes pour réguler le marché. Pour rappel, le marché a perdu une dizaine de milliards en quatre ans; ce qui laisse comprendre que tous les opérateurs sans exception perdent des revenus et que le secteur souffrirait d’une amélioration future des services. Par exemple, aux Comores, nous avons le méga octet de data le moins cher dans la région de l’Océan indien et à Madagascar, l’opérateur historique Telma vend plus de fois et demi cher que sa filiale Telco aux Comores.

Dans ce secteur comme dans d’autres, la loi de l’offre et de la demande ne suffit pas. C’est une combinaison de plusieurs actions à différents intervenants. Le plan de restructuration du secteur des télécommunications qui vise à redresser Comores télécom, Anrtic et Comores Câbles afin que la valeur du secteur soit doublée en quatre ans. Selon le cabinet d’étude Rolland Berger, le secteur tout entier a perdu une dizaine de milliards de 2016 à 2019. Le chef de l’Etat a misé sur la politique de sauver le secteur. Ce qui est d’ailleurs annoncé dans les différents plans de développement du pays pour accompagner l’Emergence. Pour rappel, avant 2016, il y avait seulement un opérateur qui est notre société et depuis, il y a Telco et Comores Câbles.

En 2015, le gouvernement de l’époque avait décidé d’ouvrir le secteur pour partager le marché entre la société publique (CT et Comores Câbles) et le privé Telco. D’après l’étude Rolland Berger, Ct détenait en 2019, 60% du marché contre 40% pour Telco sur le marché de détail.
L’Anrtic est le deuxième intervenant et comme tous les pays, il est l’arbitre de tous les opérateurs et veille sur les lois et règlements des télécommunications. En effet, une persévérance et autorisé sur le respect des textes, l’encadrement des tarifs et l’égalité fiscale, est plus qu’indispensable pour le bon fonctionnement et l’équité des opérateurs. Comme vous le savez, il est tout nouveau et l’encadrement technique et politique doit être renforcé pour jouer au mieux son rôle. Le régulateur a aussi un pouvoir de sanctions à l’encontre des opérateurs qu’il ne faut pas ignorer.

Enfin, les opérateurs et au premier chef duquel Comores Télécom que je dirige depuis déjà un an. Pour se faire, un plan d’action visant à améliorer les recettes, réduire les charges et mettre en place un marketing à la hauteur de l’enjeu actuel me semblait indispensable. Comme vous le savez, en matière de gestion, il y a des ratios à respecter pour chaque catégorie de charges et nous sommes loin des ratios d’équilibre alors que nous sommes en pleine concurrence que nous ne sommes pas du tout préparés. Par conséquent, le plan de restructuration est parmi les points importants du Plan de développement intérimaire visant à redresser le secteur et faciliter le développement en matière de technologie, une des bases de l’émergence.

Comment rester leader sur le marché connaissant la taille du concurrent ?
C’est d’abord la qualité de la gestion de Comores Telecom déjà orienté vers la concurrence mais aussi la synergie des actions de tous les intervenants dans le secteur c’est-à-dire l’Etat, l’Anrtic et Comores Câbles. Pour ce qui est de ma société, nous sommes en cours d’optimiser le déploiement d’une plate-forme appelé Fixe mobile convergence (Fmc) pour octroyer aux Comoriens du téléphone fixe, internet haut débit et télévision en une seule ligne. En outre, Fmc offre au pays, un réseau 4.5 G couvrant tout le territoire et prenant en compte l’usage des services à large bande tels que téléformation, télémédecine et autres. Pour mieux partager ces services à toute la population, Comores Télecom s’est engagé depuis l’année dernière à un rétablissement du réseau existant, ce qui est fait puis à une amélioration de la couverture en multipliant les sites là où la connexion est difficile, ce qui est en cours et en fin août, nous serons à 27 sites sur les 57 visant à couvrir 98% des zones habitées au premier semestre 2021. Pour éviter les coupures, des énergies en alternance sont déployées et une télésurveillance des sites est mise en place afin de faire intervenir nos agents à temps réel. Toutefois, le sabotage dont nous sommes victimes sont monnaie courante et nous sollicitons le concours de vous tous pour capter les malveillants.
Comores Télécom se doit aussi de lutter contre la fraude en matière de trafic, un phénomène qui frappe tous les opérateurs en Afrique où le réseau n’est pas bien sécurisé. Depuis l’année dernière, des actions visant à démanteler ce phénomène, sont engagées et le combat continue en vue de sécuriser notre trafic et le réseau en interne dans le court terme. Vous savez comme moi que des fraudeurs nationaux comme étrangers, sont actuellement traduits en justice et écroués. La sécurisation de notre réseau comme celle de notre trafic devient plus que jamais une priorité.

 

 


Plusieurs actions combinées ont fait inverser la courbe de baisse des revenus en international depuis le premier trimestre 2020. Seulement, la pandémie qui a frappé le monde entier a impacté le mouvement du trafic à l’international mais aussi les revenus internes suite à l’absence de la diaspora aux Comores. Un bon outil de production, une bonne couverture de réseau et un marketing innovant, une forte régulation, permettront à Comores Telecom de garder la position de leader sur marché tout en améliorant la satisfaction de la clientèle par un meilleur rapport qualité/prix.
Quant à la taille du concurrent, il est indéniable qu’il cumule les expériences de plusieurs pays d’Europe et d’Afrique dont Comores Télécoms n’en a pas. D’ailleurs, c’est un groupe multinational. Pour un bon usager, la qualité de connexion de Ct est la meilleure c’est l’étendue du réseau et les délestages que nous solutionnons au fur et à mesure. Il ne faut pas oublier que Ct seul disposons de la fibre, synonyme de la qualité des communications. Les Liaisons spécialisées et autres produits dérivés prouve tout cela.

Aujourd’hui, malgré une connexion internet de très bonne qualité, les clients Huri se plaignent de beaucoup de bugs dans leur utilisation des services de Comores Telecom. Qu’en est-il et quelle en est l’issue ?
Le 28 juin dernier, Comores Télécom a lancé une migration vers de nouveaux équipements dans le cadre du projet Fmc. Je voudrais rappeler que cette migration signifie tout simplement qu’un grand nombre d’équipements de Comores Télécom allaient être changés pour des équipements plus modernes capables de prendre en charge toutes les innovations technologiques que nous sommes en train de lancer. Avant cette migration, nous avons lancé une série de communications vers la clientèle de Huri pour les prévenir de bugs éventuels qui pourraient subvenir après la migration.Comme à chaque fois qu’une telle migration a été réalisée par d’autres opérateurs, les bugs sont inévitables. Nous avons donc pris la précaution non seulement de prévenir notre fidèle clientèle, mais aussi de mettre en place une équipe technico-commerciale dédiée pour gérer les doléances des clients après. Les numéros verts de Comores Télécom, à savoir le 312, 313 et 314 ont travaillé en permanence pour relayer les doléances de nos clients vers l’équipe technique en charge de la migration.

Comment comptez rehausser l’image de Comores Télécom en ce moment ?
Il est évident que Comores Télécom fait face à des difficultés sur lesquelles nous travaillons d’arrache-pied en optimisant la migration avec plus de difficultés vue le déplacement des techniciens de nos partenaires. Rehausser l’image est un défi important. Nous ne le feront pas à coup de communication tapageuse, ce n’est pas tout à fait ce qu’attendent les comoriens. Ce que recherche notre clientèle est très simple: Acheter un bon service avec un tarif accessible, puis avoir quelqu’un qui l’écoute capable de comprendre ses besoins, ses envies et ses attentes afin de mieux les satisfaire. Et c’est exactement cette capacité d’écoute, cette relation personnelle que Comores Télécom est en train de cultiver à partir de cette année. Nos équipes marketing et commerciales sont sur le terrain pour expliquer à la population, écouter les doléances pour pouvoir les régler. Dans ce sens, la concurrence est positive car permettant de mieux connaître notre clientèle. Je préfère donc améliorer l’image de Comores Telecom par l’amélioration de nos services.

Parlez-moi de l’affaire des Togolais et avez-vous estimé le manque à gagner depuis 2013 ?
Il me serait difficile de commenter une affaire qui est encore entre les mains de la justice. Tout ce que je peux vous dire à ce stade, c’est que nos services financiers et nos services techniques sont en train d’évaluer l’ampleur de cette affaire, mais c’est un travail de longue haleine.Je peux aussi vous dire que Comores Télécom a pris les mesures nécessaires pour éviter de telles fraudes. Cependant, aucun opérateur au monde ne peut prétendre être à l’abri des pirates qui sillonnent le réseau.

Les clients de Comores Télécom se plaignent tout le temps de la vitesse de consommation. Comment comptiez-vous répondre aux doléances de vos clients ?
Nos techniciens ont répondu clairement à ces genres de questions la semaine dernière. Ce que je peux rajouter, nous avons effectivement été confrontés à ces doléances pendant un moment. Vous vous rappelez qu’en un moment, nous avons même dû rembourser les crédits data de nos clients suivant un bug qui avait été identifié. A présent, sauf exception, la consommation de data Huri est en conformité avec l’utilisation exacte que le client en fait. Cela a été rendu possible grâce à ces nouveaux équipements. Cela ne m’empêchera pas d’avoir de temps en temps des réclamations venant de nos clients. Ce sont des réclamations que nous encourageons évidemment car nous permettant d’améliorer la satisfaction de nos clients. Nos services commerciaux après-vente sont formés pour s’assurer que notre clientèle reçoit le meilleur traitement possible après sa réclamation. Nous estimons que l’adaptation prochaine des offres après finalisation de l’optimisation réglera les problèmes que vous évoquez ici.

 


La pandémie de Covid-19 a touché de plein fouet toutes les entreprises du monde. Avez-vous fait un bilan de son impact sur les opérations de Comores Telecom ?
Comores Telecom a sans doute été une des premières, sinon la première institution étatique à avoir réagi promptement face à la pandémie. Au-delà de toutes les mesures de prévention que nous avons prises et qui ont évidemment coûté de l’argent, nous avons aussi envoyé la moitié de notre effectif en congé administratif payé. Nous avons aussi joué un rôle central dans le plan de riposte national lancé par son le président Azali Assoumani.
Mais évidemment, cette pandémie a eu des impacts négatifs sur les opérations commerciales de Comores Télécom. Si nous devons comparer les chiffres de la même période l’année dernière, nous pouvons clairement voir une tendance à la baisse.
Le redressement financier que nous avons lancé depuis le mois de juillet 2019 va donc être négativement impacté, mais nous travaillons pour avoir au moins un résultat neutre sinon positif comme c’était le cas l’année dernière. Du mois de juin à août, tous les secteurs enregistrent le chiffre d’affaires le plus élevé de l’année et malheureusement, nous ne nous reconnaissons cet été sans ‘je viens’ ni abondance de trafic nationale et internationales. Nous établirons bien sûr l’impact financier en fin août.

Quels sont les principaux défis auquel vous devez faire face dans les prochaines années ?
Comment Télécom doit faire face à deux types de défis : Il y a d’abord les défis internes qui sont liés à la nécessité impérieuse de restructuration de l’entreprise sinon la disparition. Nous avons mis beaucoup de temps pour le faire alors ceci devrait être faite avant ouverture du marché. Ainsi, le personnel sait que c’est le cœur du métier qui prime pour la sauvegarde du secteur et les autres aspects de la restructuration n’étonneraient personne.
Ensuite, le défi d’accompagner la stratégie de l’émergence des Comores à l’horizon 2030. En facilitant la connectivité de tous les secteurs d’activité santé, Banques, éducation, agriculture etc, puis en rendant possible la numérisation et digitalisation de toute activité possible. En effet, à l’horizon 2030, la digitalisation est inévitable et en matière de télécommunication, les Comores ne sont pas en retard et le basculement vers les objets connectés (5G) fait partie des objectifs de Comores Telecom au terme du Pdi 2020-2024.
Il est aussi à rappeler que la loi autorise la création de petites unités de Tic appelé Fournisseurs d’accès internet (Fai). A présent, seulement deux sont créées mais non opérationnelles alors que les facilitations de connectivité existent chez Comores Câbles comme chez les opérateurs de détail.
Ceci affiche un manque d’initiatives privées, malgré la potentialité de création d’emplois que regorge ce secteur d’activités. A nous tous de trouver la formule qui fera jaillir des start-ups dans ce secteur si porteur de l’économie numérique.


Chamsoudine Saïd Mhadji

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