Le classement de Mwali en tant que réserve de biosphère mondiale est fait au hasard ?
Non, le classement de Mwali en tant que «Réserve de biosphère» n’est en aucun cas le fruit du hasard. Ce statut résulte d’une vision lancée depuis 2001, lors de la mise en place de la première aire protégée des Comores, à savoir le Parc marin de Mwali, suivi d’une démarche scientifique et institutionnelle rigoureuse et appuyée sur l’évaluation des richesses écologiques de l’île, l’implication active des communautés locales et la capacité de l’ensemble de l’île de Mwali à concilier conservation, développement durable et recherche. L’Unesco n’accorde pas ce label de manière fortuit et aléatoire. Le processus requiert un dossier technique robuste, des consultations approfondies et la démonstration d’une valeur écologique, sociale et économique avérée du site. C’est tout cela qui a fait que l’île est classée le 28 octobre 2020.
Comment vous vous organisez pour travailler sachant que vous êtes le seul dans l’île à gérer ce label mondial ?
Il faut noter qu’ici à Mwali, je ne dispose pas d’une équipe proprement dite à moi pour exercer nos missions de conservation et de suivi. Mais je travaille en étroite collaboration avec des Ong, les communautés locales, les institutions environnementales, comme le parc national de Mwali, et autres. On coordonne ensemble nos activités à mener sur le terrain,
Pouvez-vous nous parler de votre bilan de ces cinq années de classement de Mwali ?
Depuis son classement comme «Réserve de biosphère», Mwali s’est engagée dans un modèle d’aménagement conciliant trois fonctions majeures définies par l’Unesco, à savoir la conservation de la biodiversité, le développement durable et l’appui logistique à la recherche, à l’éducation et au suivi environnemental. Cinq ans plus tard, l’évaluation révèle des avancées significatives, mais aussi des défis persistants qui conditionnent la durabilité de ce statut.
Ces cinq années ont permis de poser des bases solides, d’avoir une meilleure conservation et une participation communautaire très renforcée. Cependant, pour transformer ce statut en véritable levier de développement durable, il est indispensable de mobiliser et déployer les moyens conséquents, d’améliorer la gouvernance et d’accélérer la transition vers des modèles économiques respectueux des écosystèmes, notamment les solutions fondées sur la nature.
En 1950, la forêt primaire de Mwali était estimé à 5 200ha, puis de 2 100 ha en 1993 et 1070 en 2010. En 2020, Mwali a perdu plus de 80% de sa surface forestière. La déforestation et la dégradation massive des forêts n’affectent pas ce label ?
Certes, la perte ou la dégradation des forêts de Mwali date de depuis l’accession de l’indépendance des Comores. L’île a connu une perte très importante qui affecte directement «la Réserve de biosphère» de Mwali, car ces forêts constituent l’un de ses noyaux écologiques essentiels, où abritent une biodiversité unique, régulent les équilibres hydrologiques et contribuent à la résilience des écosystèmes terrestres et côtiers. Vous savez qu’avant, dans les années 1990, il y’avait plusieurs sources hydrologiques. Maintenant, il n’y a que quelques petites rivières actives.
Cela a des conséquences sur le long terme, vu que les besoins en eau augmentent, or les sources se tarissent. Toute régression de ce couvert forestier met donc en péril la fonctionnalité, l’intégrité et la valeur mondiale de la Réserve. Il faut transformer ce problème en défis. Et on y travaille beaucoup plus avec nos partenaires et les communautés actuellement pour la régénération de nos forêts.
Quels sont alors les difficultés rencontrées pour préserver la réserve de biosphère ?
«La Réserve de biosphère» de Mwali est un patrimoine unique, mais elle fait face à des défis multidimensionnels : environnementaux, économiques, institutionnels et climatiques. Sa réussite dépend de plusieurs facteurs : un financement durable, une gouvernance renforcée et participative et des alternatives économiques viables.
