Autrefois emblématiques, les sites archéologiques et culturels de l’île de Mwali subissent au fil du temps une dégradation avancée. Selon Haddad Salim Djabir, directeur régional du Centre de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) à Mwali, plusieurs facteurs expliquent cette disparition silencieuse : la pression humaine dans ces zones, le manque d’actions concrètes de conservation de la part du gouvernement, ainsi que l’insuffisance des ressources financières et humaines.
C’est notamment le cas des zones archéologiques de Fomboni, aujourd’hui menacées de disparition, alors qu’elles constituent des témoignages précieux du passé de nos ancêtres.
Parmi elles, figurent les sites d’Uvangua et de Combani, anciennes zones résidentielles de la capitale mohélienne, dont il ne reste aujourd’hui que quelques mosquées et tombeaux. Pour se rendre sur le site archéologique de Combani, il faut traverser la forêt de Cariela, située sur les hauteurs du quartier de Kanaleni, dans l’actuelle ville de Fomboni. Là-bas, la source d’eau potable qui alimentait jadis les habitants du site est toujours en activité. Aujourd’hui, ce sont surtout les éleveurs de bovins qui l’utilisent pour abreuver leurs animaux.
On ignore encore l’époque exacte à laquelle cette civilisation a prospéré sur l’île. «Sur ces zones, chaque pierre qui tombe ou disparaît à cause de la végétation efface peu à peu l’histoire de Mwali. Personne n’en parle, mais il est urgent que l’État s’implique davantage pour sauver ce qui peut encore l’être, car des milliers de visiteurs du monde entier viennent admirer le patrimoine culturel et environnemental des Comores», explique Haddad Salim Djabir. Dans la commune de Mwalimdjini, à Djwaezi, les sites archéologiques ne manquent pas non plus.
À Mahurani, une forêt située en amont de la ville, plusieurs indices révèlent la présence d’une ancienne civilisation. Malheureusement, aucun citoyen ne s’investit réellement pour comprendre ce passé. Au sud de Mwali, le Ngome de Nyumashiwa (un mur qui protégeait autrefois les habitants contre les attaques de pirates) s’est effondré à cause de l’érosion côtière, sans qu’aucune action ne soit entreprise pour y remédier.
«La protection de notre patrimoine ne se résume pas à la conservation des pierres. Elle constitue également un pilier essentiel pour l’éducation et le tourisme. Nos actions reposent sur la bonne volonté, mais nos moyens restent très limités», a déploré Haddad Salim Djabir, inquiet pour l’avenir du patrimoine historique de l’île.
