Fraîchement nommé ministre de la Justice, des Affaires islamiques, de la Fonction publique, chargé des Droits de l’homme et des Administrations publiques, Anfani Hamada Bacar a entamé une tournée à Mwali. Il a été accueilli en grande pompe, jeudi 1er mai, à l’aéroport de Bandar Es Salam, en présence de la gouverneure de l’île, Chamina Ben Mohamed, entourée de ses partisans.
Un premier contact avec les acteurs judiciaires
À Miringoni, son village natal, où un accueil chaleureux lui a été réservé, le nouveau ministre a exprimé sa gratitude au président Azali Assoumani pour «la confiance renouvelée» à son égard. Il a également salué le soutien de la population de Mledjele, en rappelant qu’il est «le deuxième ressortissant de cette région à occuper ce portefeuille clé sous le régime actuel ».Accompagné de Soilihi Mahmoud, directeur général des Affaires judiciaires, le ministre a effectué sa première visite au palais de justice de Fomboni. Cette visite visait à établir un premier contact avec les acteurs judiciaires, à s’informer du fonctionnement de l’institution, à recenser les difficultés rencontrées et à envisager des solutions pour renforcer le fonctionnement du palais.
Les chefs de juridiction ont évoqué un manque criant de moyens logistiques, en raison d’un budget de fonctionnement insuffisant. «Ici, nous manquons de tout : de feuilles, d’ordinateurs... Les cadis de l’île n’ont pas de bureaux, tout comme la majorité des responsables judiciaires. Notre effectif est insuffisant, en particulier chez les magistrats», a fait savoir Adfaon Hamada Bacar, magistrat. Au-delà des problèmes matériels, l’ancien secrétaire général du Conseil supérieur de la magistrature, Soilihi Mahmoud, a dénoncé l’absence d’avancement salarial pour les magistrats. «Nous avons ici des doyens partis à la retraite avec un indice de 1 200 au lieu de 3 000. Certains magistrats perçoivent moins de 200 000 francs comoriens. Cette situation pousse certains à céder à la corruption au sein de l’institution», a-t-il regretté. Mais malgré ces difficultés, il a tenu à souligner les efforts fournis par les équipes locales : «Les employés du palais de Fomboni produisent de meilleurs résultats que ceux de Ndzuani ou de Ngazidja. Ici, les dossiers ne traînent pas. Contrairement aux autres îles où des prévenus peuvent rester en détention de six mois à un an sans jugement, ce qui alourdit inutilement la population carcérale et coûte cher à l’État.»La délégation s’est également rendue à la maison d’arrêt de Badjo, située sur les hauteurs de Fomboni, pour évaluer l’état des lieux. Elle a constaté que la prison ne dispose pas de clôture et est privée d’eau potable. Pour se ravitailler, les détenus doivent puiser de l’eau dans une source voisine, ce qui favorise parfois des tentatives d’évasion.