L’union de l’opposition a tenu une conférence de presse à Fomboni dans l’après-midi du lundi 8 juillet. Trois intervenants ont pris la parole : Mouhibaca Baco, suivi de l’ex-gouverneur Archad Mohamed, et Abdou Malida. Le premier intervenant a présenté un historique des îles Comores, depuis la période précédant la colonisation jusqu’à aujourd’hui. Dans son discours, il a déclaré : «Les Comores n’ont jamais été unies. Chaque île avait sa propre gestion et son propre roi ; c’est le colonisateur français qui a imposé cette union pour ses propres intérêts. Il faut aussi rappeler que Dieu, dans son plan, a séparé les îles par la mer. S’il avait voulu les unir, cela n’aurait pas été difficile de les attacher, comme c’est le cas pour les continents et d’autres pays comme Madagascar et la France. Ceci afin que chaque île prenne en charge sa propre gestion». «Les Mohéliens ont montré un amour fort pour la solidarité et l’unité des Comores avec des preuves concrètes : lorsque les Maorais sont venus nous consulter pour rejeter l’indépendance des Comores, les Mohéliens n’ont pas accepté. Mais nous avons constaté que cette unité et cette solidarité n’ont pas fonctionné, ne fonctionnent pas, et ne fonctionneront jamais, en raison de l’orgueil et du dénigrement, des comportements inacceptables pour gouverner un peuple», a-t-il ajouté.
Archad Mohamed a évoqué le système de tournante aux Comores, l’Accord cadre pour la réconciliation du pays. Ce dernier fait partie des personnes qui ont bataillé pour cet accord. «Si les Mohéliens ne le savent pas, c’était leur document», a-t-il rappelé. Il a retracé le parcours menant à la signature de l’Accord cadre. «Suite à une crise qui a frappé les Comores dans les années 90, poussant les Anjouanais à la sécession, plusieurs démarches ont été entreprises pour parvenir à l’Accord cadre pour la réconciliation des Comores. Le grand problème est que si le pouvoir est centralisé dans une seule île, il y aura toujours des problèmes. Le fait qu’un Mohélien doitse rendre à Moroni pour obtenir une simple fiche signalétique, une situation qui a causé la disparition en mer de certains de nos proches, est inacceptable», a-t-il poursuivi. «Durant 15 ans, le document a été respecté. Les Mohéliens se sont trouvés dans le giron comorien. Mais aujourd’hui, les choses ont totalement changé. Le pouvoir est centralisé, nous sommes retournés aux années 70. En 2024, Mohéli n’est pas prête à retourner en 1960. En 2024, un Mohélien doit aller demander une fiche signalétique à Moroni», a-t-il dit.
Abdou Malida s’est exprimé au nom des partis politiques de Mwali. «Nous, jeunes politiciens, ne sommes pas prêts à être minimisés, piétinés sans réagir. Aujourd’hui, nous haussons le ton. Mohéli fait partie des îles de l’Union des Comores. Mohéli achète un litre d’essence à 1500 francs alors qu’à Ngazidja il coûte 750 francs parce qu’on veut qu’un Mohélien ne puisse pas rouler en voiture comme les autres Comoriens. Ce qui signifie qu’il n’y aura jamais de station-service à Mohéli», a-t-il dénoncé. Abdou Malida a noté que «le riz ordinaire périt parfois dans les magasins à Anjouan alors que la population mohélienne meurt de faim. On refuse de finir la construction de l’aérogare de Bandar Salam ainsi que le dépôt des hydrocarbures de Hoani pour voir souffrir la population mohélienne. Actuellement, le riz de Mohéli est stocké à Anjouan alors qu’il y a des magasins sur l’île. Depuis que le pouvoir est centralisé à Ngazidja, aucun enfant mohélien n’est recruté dans la fonction publique, alors que les enfants grands-comoriens continuent à être recrutés. Et où sont passés les postes budgétaires des Mohéliens partis à la retraite ?». «Nous sommes ici pour exprimer la position des Mohéliens : nous ne sommes pas prêts pour un pouvoir unique. Chaque île doit s’autogérer avec son propre pouvoir, et aucune île ne doit accuser l’autre. Dieu a séparé ces îles par la mer pour que chacune se gère», a-t-il ajouté.