Après l’annonce de l’opération « Wuambushu » par Le canard enchaîné, le président de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme en France, Jean-Marie Burguburu a adressé une lettre au ministre français de l’Intérieur Gerald Darmanin pour lui demander de renoncer à ladite opération. Dans ce courrier en date du 17 mars dernier, la Cncdh dit vouloir «exprimer en urgence ses graves préoccupations sur les risques d’un tel projet à double titre : l’aggravation des fractures et des tensions sociales dans un contexte déjà très fragilisé, d’une part, et l’atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères dans le cadre d’expulsions massives, d’autre part».
Jean-Marie Burguburu a expliqué : «l’objectif de procéder à des expulsions massives des personnes migrantes en situation irrégulière, la Cncdh relève que les nombreuses expulsions pratiquées jusqu’à maintenant, en hausse d’ailleurs depuis le début de l’année, n’ont réglé aucun problème». Le président de la Cncdh poursuit son argumentation en ajoutant que «les tensions territoriales actuelles procèdent de deux facteurs : un secteur social à la peine, doublé d’une crise de l’eau et de la vie chère, mais aussi l’épuisement des populations à la suite d’une campagne de démolitions réalisée dans le cadre de la loi Elan. Chaque opération de démolition donne aujourd’hui lieu à des confrontations sur le terrain. Le risque d’un embrasement inter voire intra-communautaire non maîtrisable par les forces de l’ordre n’est pas à exclure».
Tenant compte des répercussions qui en découleront notamment sur le plan sanitaire, les professionnels de santé exerçant sur l’île comorienne de Mayotte ont signé une tribune adressée aux ministres de la Santé, de l’Intérieur et des Outre-mer Gerald Darmanin, au ministre délégué aux Outremer, au préfet de Mayotte et au directeur régional de santé de Mayotte.
Les soignants craignent son impact sur la santé
Au cours de cette tribune, les 170 signataires souhaitent exprimer leurs «plus vives inquiétudes» sur l’impact sanitaire de ce projet Darmanin, a rapporté le quotidien de Mayotte Flash Infos, dans son édition du jeudi 6 avril dernier. Dans cette lettre adressée, les signataires ont énuméré «les conséquences dramatiques des précédentes interventions qu’ils qualifient de «grande ampleur», en matière de lutte contre l’immigration à savoir : «génération de situations à risque infectieux épidémique dans les zones d’hébergement d’urgence, limitation de l’accès aux soins, quels que soient les individus soit à cause de la destruction de leurs habitats, soit à cause des contrôles d’identité exacerbés, soit par l’effet indirect des blocages et des violences, ruptures et retards de prise en charge : décompensation des pathologies chroniques, retards diagnostiques, isolement des enfants malades sans parents, abandon des patients avec handicaps majeurs et décès à domicile etc… ».
Ils ont précisé que leurs statuts leur fait garantir la santé de tous ceux vivants sur Mayotte, «quelle que soit leur situation administrative, français, étrangers en situation régulière ou irrégulière», et ont réitéré leur engagement auprès de la population mahoraise qui selon eux «n’a pas changé et ne changera jamais».
Ils ont dit vouloir «prendre connaissance de la procédure d’hébergement et de mise à l’abri des personnes, en cas de déplacements de populations afin de connaître le devenir social de nos patients ; Partager avec vos services, les modalités de protection des personnes vulnérables nécessitant un suivi médical rapproché et régulier par nos soins, avec une attention particulière pour les mineurs et les personnes requérant un accompagnement par un tiers (aidant)».