Le bras de fer entre les commerçants de l’île de Mwali et la Société comorienne des ports (Scp) se poursuit dans un climat de tensions croissantes. Suite à une grève générale organisée par les commerçants lundi 28 octobre, toutes les activités économiques de l’île ont été paralysées, avec la fermeture totale des magasins. Face à cette agitation, le directeur général de la Scp, Claud Ben Ali, a fait le déplacement depuis Moroni pour rencontrer les opérateurs économiques dans l’espoir d’apaiser les tensions.
Deux réunions se sont tenues en urgence au siège du gouvernorat, à Bonovo, les mardi 29 et jeudi 31 octobre. Lors de ces pourparlers, le directeur général a exposé une nouvelle proposition visant à établir des taxes fixes pour les conteneurs : 250 000 francs pour un conteneur de marchandises diverses et 350 000 francs pour les conteneurs contenant du fer, en remplacement de la taxation par article actuellement appliquée. Cependant, les commerçants ont catégoriquement rejeté cette proposition, estimant qu’elle ne répondait pas à leur principale revendication.
Ces derniers dénoncent une disparité de traitement par rapport aux autres îles de l’archipel. Ils réclament l’alignement des tarifs portuaires sur ceux pratiqués à Moroni et Mutsamudu, soit une taxation de 165 000 francs par conteneur. « Nous ne pouvons pas débloquer 350 000 francs pour faire sortir un conteneur, alors que nos confrères de Ndzuani et de Ngazidja le font à 165 000 francs. Ce n’est pas notre faute si Mwali ne dispose pas d’un port en bonne et due forme », déclare un membre du bureau de l’Union des opérateurs économiques de Mwali, sous couvert d’anonymat.Les commerçants, mécontents, annoncent déjà leur intention de lancer une nouvelle grève, cette fois d’une durée indéterminée, «si aucune solution équitable» n’est trouvée. «Nous nous préparons à une grève illimitée», avertit l’un d’eux, exprimant ainsi la frustration générale des acteurs économiques de l’île.
Impact sur le coût de la vie
Depuis l’instauration des nouvelles taxes portuaires, les prix des biens de première nécessité ont considérablement augmenté à Mwali. Par exemple, le prix de la tige de fer de 8 mm est passé de 1 250 francs à 1 750 francs, et celui du fer de 10 mm atteint désormais 2 750 francs. Le ciment, autrefois à 90 000 francs la tonne, se négocie actuellement à 115 000 francs, et le prix d’un réservoir de moto a bondi de 25 000 francs à 45 000 francs. Cette flambée générale des prix pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des habitants et accentue le mécontentement. Malgré les efforts de la Scp pour tenter de débloquer la situation, aucune solution n’a encore été trouvée.Le directeur général de la Scp a annoncé qu’il consulterait ses supérieurs hiérarchiques pour envisager d’éventuelles alternatives, tout en encourageant les commerçants à récupérer leurs marchandises sous caution dans l’intervalle.
Au moment du bouclage du journal, nous avons appris le déclenchement de la grève des opérateurs économiques de l'île de Mwali.
Abdillahi Housni