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M’vuni, la ville aux mille couleurs

M’vuni, la ville aux mille couleurs

Société | -

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Située au nord est de la région de Bambao, M’vouni est connue, depuis 2012, comme une des plus belles villes du pays. Une localité en chantier qui relève les défis par le dynamisme, la solidarité et la cohésion de ses habitants. A part les travaux des paysagistes de l’Association Moingaza qui assure aussi les projets d’embelissement et d’assainissement de la ville, il y a le projet de la construction du Centre socio culturelle, la construction de la route vers le Karthala et celle menant au collège Dashé, l’extension de l’hôpital de Mvuni et les travaux de finition de la mosquée de vendredi.

 

“M’vouni, c’est le centre de l’enseignement supérieur aux Comores”, lance un jeune, rappelant que la ville avait abrité l’Ecole nationale d’enseignement supérieur (Ancien Enes), il y a 40 ans. A cela, s’ajoute aujourd’hui ce nouveau statut de “ville aux mille couleurs” portée fièrement par les habitants  Devenue célèbre en raison de ses brillantes fleurs qui embellissent ses voies et artères, Mvuni, située à l’est de Moroni, s’est distinguée et devient l’une des villes les plus belles de l’archipel. Intéressé par le développement communautaire, Al-watwan s’est rendu sur place pour comprendre cette évolution.  A sa création, en 2012, l’Association Moingaza avait un seul objectif : l’embelissement de la ville. Principal acteur de la plantation des fleurs et de construction de différentes places publique et ronds-points, l’association Moingaza continue d’impressionner les habitants et les visiteurs par le chantier de construction du grand portail à l’entrée de la ville.

Une ville en chantier

Pour bien comprendre “l’histoire des fleurs de M’vouni”, nous sommes allés à la rencontre des acteurs du développement de ce grand bourg. Nous avons rencontré les responsables de l’association, vêtus de leurs tenues de volontaires : des gilets jaunes. Les paysagistes ont répondu à nos questions. L’initiateur du projet, un artiste, peintre et sculpteur Ahmed Moussa nous a confié qu’il s’est inspiré des fleurs du Brésil. “C’est au cours de mon voyage au Brésil au début de l’année 2012 que, j’ai découvert un environnement fleurissant impeccable qui m’a impressionné. Je me suis dit que pourquoi pas mon pays. J’ai décidé de commencer dans ma ville en espérant que d’autres localités suivront l’exemple”.

Des jeunes bénévoles paysagistes

L’actuel vice-président de Moingaza a montré qu’après son retour aux Comores, il en a parlé à ses camarades mais surtout à des jeunes volontaires de la ville. Ils ont saisi l’opportunité lors de la construction de la route de Moroni-Université pour lancer les travaux de pépinière des fleurs. “Pareillement au chantier de réfection de la route Moroni-Université, nous nous sommes mis au travail pour planter les fleurs au fur à mesure que se poursuivaient les travaux de la chaussée. A la fin des travaux de la route, nous avons terminé les plantages et nous avons poursuivi l’entretien qui est le travail le plus dure”. Il a souligné que les membres de l’association sont des jeunes volontaires qui s’engagent pour le développement de la ville en suivant comme exemple un ancien jeune dynamique appelait Chakir.
Le président de l’association, Soulé Moussa, a rejoint son vice-président en ajoutant que son association est composée de 15 bénévoles. “Nous ne percevons pas de salaire. Nous sommes des bénévoles et nous travaillons chaque troisième jour. Nous nous sommes engagés pour faire de M’Vuni, la ville la plus attractive de notre pays et nous croyons que nous avons réussi”, dit-il avec fierté avant de passer sur les détails des projets réalisés et ceux en cours.


Selon-lui, “à part le projet des fleurs qui est notre premier initiative, nous avons aussi réalisé des travaux d’embelissement de la ville. Nous avons construit des places publiques dédiées aux jeunes. A l’exemple de la “Place Ikililou” et autres. Nous avons entamé la construction des ronds-points et les carrefours de la ville. Nous avons fait des graffitis et des sculptures de décoration…”.
Le vice-président de Moingaza a ajouté : “maintenant, nous nous orientons vers la construction de trois portails dans les carrefours. Un projet qui demande beaucoup des moyens financiers et d’énergie. Nous sommes déterminés et nous sommes convaincus que nous aurons les fonds nécessaires pour les réaliser. Cela nous tiens à cœur, vraiment”, a-t-il insisté.

“Pas de problème pour mobiliser les fonds”

Coté coût, l’association envisage invertir près de 10 mille euros, soit 5 millions de francs comoriens. Selon les deux responsables de Moingaza, entourés de leurs camarades, il n’y a pas de problème pour mobiliser les fonds, car ils proviendront “d’une taxe de 5000 Kmf versée par chaque famille lors d’un grand mariage”. Pour assurer plus de transparence sur l’origine de ces fonds, les responsables de Moingaza confient qu’ils bénéficient aussi “des aides de la notabilité, des dons de la diaspora et des simples volontaires de la ville comme de l’extérieur qui apprécient leurs œuvres”. Il est à noter que tous les travaux d’embelissement et toutes les œuvres magnifiques sont conçus par l’artiste, peintre et sculpteur Ahmed Moussa. “Il nous propose des plans et des maquettes des œuvres. Nous étudions ensemble et décidons de la faisabilité. Il est notre ingénieur. Après, nous présentons à l’ingénieur et chef des projets de la ville, Said Mansoibou, qui donne l’aval et l’appui à la réalisation du projet”.

Une ville toujours en chantier

La ville de Mvuni est en chantier. En dehors des activités continues de l’association Moingaza, la ville a plusieurs projets en cours. L’ingénieur en chef et responsable du plan de développement de la ville, Saïd Mansoibou Saïd Mogne comme l’ancien maire Ali Soilihi et l’ancien député Matoiri Mohamed ont exposé les différents projets en cours. L’ingénieur Saïd Mansoibou a montré que parmi les projets en cours, figure celui relatif à la construction “du centre socioculturel de M’vouni”.

Construction du statde de football

Un centre qui réunit tous les secteurs de développement. “Sur ce centre, il y a un stade omnisport (basket, volley…), un Sanduk, un Clac, le siège de la Radio Brtv, un club de judo, le siège de l’Etat-civil (annexe de la Mairie), le siège de l’association Moingaza, une espace pour accueillir les grand festivités socio-culturelle ; un foyer des femmes pour les festivités des femmes, le siège de l’équipe de foot et un marché”. Il a dévoilé le projet de “la construction de la route de M’vouni Université vers Karthala. Un projet de l’association Convalescence”. Il y a aussi des travaux de construction du Statde foot, (Stade Papa Elisa Hadji).» On note aussi le projet d’extension de l’hôpital (centre de santé Karthala) et le projet de construction de la route (M’vouni – collège de dache). En fin, les travaux de finition de la grande mosquée de vendredi. A son tour, l’ancien maire de M’vouni (2006-2011) Ali Soilihi a donné plus de détails sur les financements des projets. Selon lui, “les projets de la ville sont financés en grand partie par la notabilité et les femmes, mais il y a aussi la part de la diaspora”.


Les jeunes qui sont les moteurs du développement de la ville se mobilisent beaucoup et ont une grande part dans la concrétisation de tous les projets. L’ancien député Matoiri Mohamed affirmera que “tous les fonds récoltés pendant les grands mariages sont versés sur un compte domicilié au Sanduk. Et puis, les responsables de la ville dégagent les projets prioritaires à financer”. Matoiri Mohamed a confié que “le centre culturel est la priorité des priorités de tous les projets, car, il rassemble plusieurs activités de développement de la ville”. L’ancien maire Ali Soilihi et Matoiri Mohamed ont tous les deux fait savoir que le centre culturel sis à la place publique de M’vouni autrement appelée “Pashedju” est un lieu “historique de la ville et de la région”.
La réhabilitation de la place avait suscité un débat houleux entre les notables et les cadres, car les notables ignoraient le bien fondé du projet. “Au début, nous voulions faire une médiathèque. Et les notables ne comprenaient pas. Mais, finalement, nous nous sommes mis d’accord et voilà les résultats. [Faisant le geste de montrer l’espace]. Vous voyez tout cet espace, nous sommes capables d’accueillir n’importe quel évènement ou une cérémonie d’envergure régionale ou nationale. Voilà le rêve des habitants de M’vuni”.
Les deux intervenants, (anciens élus), ont rendu hommage à certaines personnes qui ont toujours contribué à la réalisation des projets de la ville. “Comme nous parlons du succès de nos projets, il faut souligner la grande part de l’ancien maire Hadji Mohamed Ali et celle du ministre des Finances, Saïd Ali Saïd Chayhane. Il y a plusieurs personnes qui contribuent individuellement à la réalisation de nos projets, mais ces deux personnes ont toujours montré que cette ville est là leur comme nous tous”, souligne Matoiri Mohamed.


Mvuni, un réservoir de religieux

Abritant la majorité des facultés de l’Université des Comores, M’vouni est réputée être “le centre de l’enseignement et de la religion aux Comores”. En dehors de l’Université, mais l’éducation de base est bien ancrée et structurée. M’vuni fait partie de ses rares villes du pays qui abritent plusieurs écoles coraniques et une école primaire publique avec plusieurs divisions. Ali Soilihi a indiqué que “l’école primaire de M’vuni date de 1977. Puis, l’Etat a construit deux salles. Maintenant, nous avons 17 salles de classe en tout, donc nous avons construit 13 salles”.
L’ancien maire annonce aussi qu’il y a “15 écoles coraniques” à M’vuni. Ali Soilihi regrette toutefois le manque d’enseignants dans certaines divisions. Il y a des écoles privées qui “font de bons résultats” et le collège. Selon Matoir, “M’vouni se distingue aussi par le nombre numériquement élevé de religieux”.

M’vuni, des habitants unis dans l’action

A part l’accueil et l’hospitalité des habitants, M’vuni fait montre d’une solidarité à la fois exemplaire et agissante. Une particularité que Matoiri Mohamed, Ali Soilihi et Said Mansoibou, se targuent de souligner à longueur de minutes. “Nous avons une particularité par rapport aux autres villes de la région. Nous sommes solidaires et nous sommes toujours unis dans l’action”. Ils présentent leur localité comme “une ville d’hospitalité et d’accueil, une ville constituée par des agriculteurs, des artistes et des couturiers…”.

Texte : Chamsoudine Saïd Mhadji.

Images : Chaarane Mohamed

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