Qu’attendez-vous de cette troisième édition du Salon des entreprises?
Cette édition se tient dans un contexte particulier à savoir la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. C’est une opportunité pour nous de faire le point sur le chemin parcouru, mais surtout de nous projeter vers l’avenir, en recentrant nos efforts sur les secteurs encore plus porteurs et les leviers d’impact économique.
Nous attendons à ce qu’elle crée un véritable espace de synergies entre les entrepreneurs, les institutions financières, les investisseurs, les acteurs publics et privés, afin de transformer les ambitions économiques en projets concrets. C’est aussi un moment stratégique pour revaloriser l’investissement et l’entrepreneuriat comme leviers de transformation structurelle.
Quelle est sa différence par rapport aux précédentes éditions?
Cette édition va plus loin, tant dans son contenu que dans sa portée stratégique. D’abord, elle s’intègre à la dynamique du Cinquantenaire, ce qui nous oblige à un regard lucide sur notre économie pour faire le point sur les réussites, les blocages et les solutions de demain. Mais nous sommes, également, fiers de dire que cet événement est un rendez-vous attendu, et qu’à ce titre nous-nous devons de capitaliser sur ce qui a fait le succès des éditions précédentes avec un Forum d’investissement de haut niveau en partenariat avec la Banque Islamique de Développement à travers son Centre Islamique de Développement du Commerce, une compétition de jeunes porteurs de projets, le Start-up Week-end Google Tech Stars), et, pour la première fois, la compétition verra s’affronter des candidats venant de tout le territoire, présélectionnés à Ngazidja, Anjouan, Mohéli et Mayotte, une digitalisation accrue, via une plateforme de mise en relation et de suivi des opportunités, un programme de conférences et de tables rondes qui feront le focus sur les enjeux majeurs et les secteurs clés.
Cette troisième édition a été, également, l’occasion de lancer de nouveaux produits et services, qu’ils soient proposés par l’Anpi ou par nos sponsors et partenaires. A ce propos, nous procèderons au lancement d’une cartographie digitale des services aux entreprises développée, en partenariat avec Expertise France.
Enfin, nous allons primer des lauréats dont, certains, ont bénéficié d’accompagnement à l’entrepreneuriat tout au long de l’année écoulée.
Pouvez-vous estimer combien d’entreprises ont été créées ces cinq dernières années et le nombre d’emplois elles ont générés?
Au cours des cinq dernières années, près de trois mille cinq cent entreprises ont été immatriculées à travers notre guichet unique. C’est le signe d’un dynamisme entrepreneurial croissant, malgré les contraintes structurelles. Parmi elles, se distingue un portefeuille de cent cinquante agréées qui bénéficient d’un suivi conformément au Code des Investissements. Ces entreprises se sont engagées à créer plus six mille cinq cent emplois pendant la durée de leur accompagnement.
Il reste de nombreux défis à relever pour atteindre le plein emploi, mais nous sommes convaincus que cela passera par la mise en œuvre rigoureuse des dispositifs mis en place à travers le nouveau Code des investissements dont nous-nous faisons l’ambassadeur et le gardien.
Il y a des innovations apparentes et des facilités en matière d’appui à la création d’entreprises. Que compte faire l’Anpi pour garantir leur viabilité?
Notre action ne s’arrête pas à la création. Aujourd’hui, le vrai enjeu est la viabilité et la croissance des entreprises. Pour y répondre, l’Anpi met en place plusieurs dispositifs, notamment un accompagnement création post-création structuré, à travers le suivi évaluation des projets, mais aussi des programmes d’accompagnement et de formation auxquels nous prenons part, des facilités d’accès au financement, à travers notamment les appels à projet introduits par nos partenaires privés et institutionnels. Nous œuvrons aussi pour une meilleure mise en réseau des entrepreneurs avec les marchés publics, les donneurs d’ordre privés, et les investisseurs.
Vous avez annoncé un forum parallèle avec la Banque islamique de développement. Quelles sont les retombées attendues en termes d’investissements, de richesses et de création d’emplois?
Ce forum constitue une étape majeure dans la stratégie de mobilisation des investissements structurants. En partenariat avec le Centre Islamique de Développement du Commerce, nous visons à structurer un portefeuille de projets bancables dans les secteurs stratégiques, attirer des investissements ciblés, et créer de nouveaux emplois qualifiés, en lien avec les secteurs industriels, agricoles et touristiques. Ce partenariat contribuera aussi à renforcer la crédibilité du pays auprès d’autres bailleurs et partenaires.
Les Comores font face à un net recul des IDE, cette dernière décennie. Il y a eu de nombreuses annonces, mais on ne peut pas dire qu’on est abouti à quelque chose de concluant. Comment expliquez-vous cela et que faut-il faire pour inverser la tendance?
Permettez-moi de nuancer cette perception des choses. Premièrement les chiffres des IDEs entrants sont relativement stables. En outre, les investisseurs, déjà présents sur notre sol, réinvestissent localement, ce qui alimente le stock d’investissement productif. Par ailleurs, des investissements significatifs ont été mobilisés dans des projets d’infrastructure tels que les ports, les aéroports, les routes, mais, également, dans l’énergie, hôtellerie et l’immobilier, en prévision, notamment, des Jeux des Iles de l’Océan indien prévu dans notre pays en 2027.
L’ANPI fêtera bientôt ses vingt ans d’existence. Quel bilan tirez-vous de son action? Faut-il garder ses missions actuelles ou doit-elle évoluer autrement ou vers d’autres missions?
L’ANPI a cette particularité d’être un établissement public au service du développement du secteur privé. Nous avons été un acteur structurant dans l’émergence de l’écosystème entrepreneurial comorien. Nous avons accompagné des milliers d’entreprises, facilité des investissements majeurs, et participé à la promotion économique du pays à l’international. Evidemment le chemin reste encore long, mais nous sommes à un tournant stratégique, et le contexte actuel nous invite à évoluer. Comme beaucoup d’agences dans le monde, nous devons prétendre à devenir une agence de développement économique, capable de mobiliser des capitaux, structurer des partenariats publics-privés, et intégrer le secteur privé dans les stratégies nationales de croissance. C’est dans cette vision que nous préparons l’avenir de l’ANPI.