Au lendemain de la tragédie, des personnes avaient été entendues par la gendarmerie, y compris le commandant de la vedette dont le chavirement, le 14 avril dernier, a fait une victime. Deux semaines après cet accident, l’enquête suit son cours. Toutefois, après un appel, l’un des prévenus mis en examen dans cette affaire est parvenu à obtenir une liberté provisoire assortie d’un placement sous contrôle judiciaire.
Après seulement quatre jours de détention, le directeur régional de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) à Mwali, a reçu l’aval de la chambre d’accusation pour recouvrer sa liberté.
Il est cependant tenu de respecter un certain nombre de conditions, notamment une interdiction de quitter Ngazidja. Il doit également se rendre chez le juge pour pointer. Selon nos informations, le magistrat en charge du dossier a pour le moment inculpé trois personnes, dont le directeur régional de la Sonede. Ce dernier est en effet soupçonné d’avoir usé de son influence pour obtenir une dérogation qui a permis à la vedette de quitter Mwali en direction de Ngazidja, malgré le mauvais temps qu’il faisait ce jour-là.
Deux chefs d’inculpation sont retenus contre lui tout comme ses co-accusés : homicide involontaire et complicité.
Homicide involontaire et complicité presumés
Deux autres detenus se trouvent sous mandat de dépôt à la prison de Moroni pour les mêmes charges. Il s’agit du commandant de l’embarcation et d’une personne présentée comme copilote qui, pendant son interrogatoire, a expliqué aux enquêteurs qu’il était un passager ayant juste apporté une aide.
Une commission rogatoire a été mise en place en vue de trouver l’adjoint du commandant de la vedette, jusqu’à présent en cavale. Il se pourrait même que la justice s’intéresse également aux garde-côtes au niveau de Mwali pour déterminer s’ils ont, oui ou non, contribué à la délivrance de l’autorisation, alors que les sorties en mer étaient interdites en cette période.
Le 14 avril dernier, une embarcation partie de Mwali a chaviré à Uropveni, au sud de Ngazidja, faisant un décès, du nom d’Elhad Mnemoi, ex-cadre de la Société comorienne des hydrocarbures (Sch). Son corps n’a été retrouvé que deux jours après le naufrage, soit le 16 avril. Ce n’est pas la première fois que des vedettes tentent des traversées périlleuses vers les autres îles durant une période d’intempéries, à leurs risques et périls. On ne pourrait compter le nombre de fois où l’on a déploré des décès sans que les coupables ne soient traduits devant la justice. Une source judiciaire dit espérer que l’actuelle affaire ira jusqu’au bout pour que les gens aient conscience «qu’ils ne peuvent user de leur influence pour mettre la vie d’autrui en danger».