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Naufrages Hoani-Shindini / A quand la fin des tragédies ?

Naufrages Hoani-Shindini / A quand la fin des tragédies ?

Société | -   Abdou Moustoifa

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Qu’est-ce qui pousse les gens à tenter l’aventure malgré les risques qu’ils encourent ? Pour certains, et c’est l’avis partagé par la majorité, le choix des kwasa-kwasa s’explique par l’absence d’infrastructures portuaires à Mwali. Mais pas que.

 

Encore un énième drame survenu le jeudi 19 juillet dans le bras de mer séparant Shindini, une localité se trouvant au Sud de Ngazidja et Mwali. Si celui-ci, ayant causé le décès du chef de la police nationale (Mwali), Mmadi Ahmada, continue de faire parler, il est loin d’être un phénomène nouveau encore moins rarissime.
D’ailleurs, le 6 juillet dernier, trois enfants venant d’une même famille avaient trouvé la mort  alors que leur japawa, a tenté de quitter les côtes de Shindini. Ce qui fait qu’en moins d’un mois, le bilan en pertes humaines s’élève à quatre morts. Un chiffre non négligeable pour un pays comme le nôtre. Qu’est-ce qui pousse les gens à tenter l’aventure malgré les risques qu’ils encourent ? Pour certains, et c’est l’avis partagé par la majorité, le choix des kwasa-kwasa s’explique par l’absence d’infrastructures portuaires à Mwali.
Le manque d’un port va de pair avec l’inexistence d’une ligne maritime capable de relier les deux îles, à savoir Ngazidja et Mwali. Contrairement à Ndzuwani où, les petits bateaux motorisés assurent, au moins trois fois par semaine, le transport entre les îles.

Cherté des billets  

Le transport aérien a, lui aussi, une part de responsabilité, surtout à cause de la cherté de billets d’avion. Débourser 50.000 francs comoriens pour se payer une place sur l’un des appareils de la compagnie Inter-îles, n’est pas chose aisée, connaissant le pouvoir d’achat des Comoriens. Autre souci : il n’est pas facile de trouver une place aumoment souhaité à cause des capacités limitées. Ces deux facteurs motivent beaucoup les aventuriers qui préfèrent se rendre à Shindini. Là, ils n’auront qu’à payer 15.000 francsc comme frais de transport.

La vie continue ….

Faut-il rappeler qu’à part les natifs de l’île de Djumbe Fatima qui font le trajet quotidiennement, Mwali est devenue un marché juteux pour les habitants de la région sud de Ngazidja, durant la période des grands mariages? Quid des malades qui veulent aller se faire soigner  de l’autre côté? Ceux-ci, en raison du trajet (moins d’une heure de temps en japawa), ne perdent pas une seule seconde s’il est question de prendre la mer. Jusque-là, une question ressort : Que faire ? Va-t-on laisser les drames se multiplier et dire à la fin que c’est la volonté d’Allah (ndizo mgu yandzawo) ? Ou bien, une vraie solution jaillira-t-elle pour éviter la multiplication des catastrophes en mer ?

Pour le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, qui a regretté la mort d’un de ses protégés (le commissaire), les autorités ont toujours pris les dispositions nécessaires pour éviter le pire. Il citera l’ouverture des deux commissariats pour le contrôle de ces flux : un à Shindini au sud de Ngazidja, l’autre à Hoani, principal point de départ situé à Mwali. «Le rôle de ces équipes qui sont sur place est de contrôler le transport. Nous avons demandé à ce que la police soit informée s’il y a une embarcation qui part. Le port des gilets de sauvetages est une obligation. La plupart du temps ce sont des personnes qui font le voyage en catimini sans avertir les autorités. Ils partent dans des points non contrôlés.

Le cas du commissaire est différent des autres. Car avant leur départ, la météo était clémente. Mais arrivé à mi-chemin le temps a changé. Il ne faut pas oublier aussi qu’il a réussi à sauver une dame se trouvant à bord», a expliqué le ministre qui a annoncé le renforcement des mesures de contrôle dans les côtes et la poursuite des campagnes de sensibilisations. Pendant ce temps, il va falloir croiser les doigts et espérer qu’un drame ne survienne. Combien de morts attendons-nous encore pour dire stop à ces périlleuses aventures ?  


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