Un jeune détenu, du nom d’Attoumane Maanfou, surnommé Agoro, est décédé au pénitencier de Koki –à Ndzuani- le mercredi 21 juillet dernier. Le corps a été récupéré au Service des urgences de l’hôpital de Hombo puis ramené à sa localité, à Bimbini, par des sapeurs-pompiers de la Sécurité civile. Il a été inhumé le même jour. Selon un médecin des urgences, interrogé par des confrères, le jeune prisonnier était arrivé à l’hôpital déjà mort.
Dr Daniel a affirmé «n’avoir pas remarqué de marques d’agression sur le corps du défunt, mais a aussi fait savoir que deux autres détenus se trouvaient hospitalisés dans cet hôpital». Ces deux autres détenus souffriraient de «courbatures», de «pieds gonflés», selon le médecin, concédant au journaliste qui l’interrogeait que cela peut bien être lié aux conditions d’incarcération, notamment «le froid».
Agoro lui-même se serait déjà plaint à un codétenu, quelques jours avant son décès, qu’il «souffrait du froid» et «avait mal partout», selon le témoignage de ce dernier. Les décès de prisonniers au pénitencier de Koki sont devenus assez courants ces dernières années. Un cas avait même, en décembre 2019, été à l’origine d’une révolte, qui avait abouti à une évasion de plusieurs dizaines de détenus. Un prisonnier avait trouvé la mort en tentant, semble-t-il (les circonstances exactes n’ont jamais pu être clairement établies), d’escalader un mur pour s’évader.
A l’époque, une source judiciaire anonyme avait confié à Al-watwan que l’«insalubrité et les mauvaises conditions de détention» avaient été à l’origine de ce soulèvement (devait-on comprendre alors que le décès du prisonnier était intervenu avant le soulèvement ?). En tout cas depuis certaines choses se sont améliorées, avec la dotation de toilettes intérieures aux cellules, de lits ainsi que d’une infirmerie. Un projet d’extension de la prison est en cours d’exécution. D’aucuns se demandent comment un prisonnier qui se plaint d’être malade depuis des jours n’est transféré à l’hôpital qu’une fois décédé...
En attendant ce que pourrait révéler une éventuelle enquête sur cette énième mort en prison, l’on pourrait déjà croire que le jeune Attoumane Maanfou (il ne devait pas avoir plus de vingt ans), était un de ces enfants contre qui le destin s’acharne sans relâche. Elevé loin de ses parents, il avait connu un passé particulier et s’était familiarisé avec la prison.