«Il est vrai qu’ici, cette histoire est prise au sérieux. Je reçois des appels téléphoniques d’amis qui se trouvent un peu partout dans l’île, pour en savoir un peu plus sur cette manifestation en préparation, mais je leur dis que ce ne sont que des ragots, qu’il ne se passera rien «, a confié à Al-watwan dimanche soir Andhumdine, un jeune du quartier de Misiri à Mutsamudu. «Plusieurs familles ont en effet évacué leurs enfants et leurs parents âgés des quartiers du centre-ville, vers Shiwe [quartier périphérique de Mutsamudu, Ndlr] ou vers la campagne. Ils disaient craindre pour la manifestation d’aujourd’hui [hier, Ndlr]. Certains se sont même constitué des provisions de riz et de pétrole», a renchéri à son tour Salim Mohamed, domicilié à Goungwamwe, un autre quartier de la ville.
L’inquiétude des habitants est surtout nourrie par le fait que ni les insurgés, ni leur armement n’ont pu être saisis totalement par les autorités. Les nombreuses fouilles étaient toujours menées dans la médina, plusieurs suspects ont été arrêtés, des perquisitions ont été menées, notamment chez le domicile de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, leader du parti Juwa. Plusieurs militants sont aux mains de la Justice. Aucune arme n’a été, pour l’instant, retrouvée. Et les risques planent encore. Dans les conversations en public, les mots qui reviennent sont les suivants : «Comment ne pas avoir peur alors que des armes sont en circulation ?»
Le président Azali Assoumani s’est déjà dit persuadé que la sécurité et la paix du pays «ne seront pas tout à fait garanties qu’une fois que les armes en circulation seront ramassées». Aujourd’hui, l’on peut penser que l’on est encore loin du compte. Rappelons à ce sujet qu’en 2012, après deux ans du «Programme national de désarmement, démobilisation et réintégration» (Pnddr, soutenu par le Pnud à travers le «Fonds de consolidation de la paix en Union des Comores (Fcp)», après le débarquement de mars 2008, le rapport rendu faisait état de seulement 13 armes à feu ramassées. Le nombre de detenus était estimé à 400 personnes essentiellement d’ex-gendarmes anjouanais, miliciens et civils armés.