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Ndzuani : manque de nourriture et inflation galopante rythment le quotidien

Ndzuani : manque de nourriture et inflation galopante rythment le quotidien

Société | -   Sardou Moussa

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L’absence du produit alimentaire de base a, en plus de générer une situation inquiétante de disette, accéléré l’inflation. Aux marchés, il n’y a plus de tas de patates ou de maniocs à 500 francs : tout commence à 1000 francs. Aux poissonneries, la bonite ou le thon, qui sont les poissons les plus abordables, sont rarement en dessous de 2000 francs.

 

À Ndzuani, partout où l’on passe, la discussion tourne souvent autour du même sujet : le riz. Cela fait déjà plus de trois mois, depuis mai dernier, qu’il fait défaut dans l’île. Avant-hier mardi, un journaliste bien suivi sur les réseaux sociaux caricaturait ainsi la situation sur l’île : «Acheter du riz en ces temps de pénurie est devenu une sorte de trafic (…). Tu dois prendre rendez-vous avec le dealer pour avoir une petite dose en cachette». La caricature n’est pourtant pas loin de la réalité : le riz qui est déplacé d’un endroit à un autre est souvent bien emballé, car autrement les voisins risquent de suivre le porteur jusque chez lui.


En effet, depuis mai 2022, l’île a été servie seulement deux fois en riz ordinaire : un premier volume de 25 conteneurs sorti en mi-juin, puis un deuxième volume de 70 conteneurs dépotés un mois après, en juillet. Rapportée à la consommation quotidienne anjouanaise, évaluée à deux conteneurs et demi par jour, cette quantité devait couvrir tout au plus un mois et demi.

Deux conteneurs de riz par jour

La pénurie a donc été inéluctable, et les natifs de Ndzuani se sont vite tournés vers le riz de luxe. Mais depuis début août, ce dernier est lui aussi devenu rare, et actuellement son prix se situe entre 2 000 et 2 500 le kilo, pour peu qu’on le trouve.L’absence du produit alimentaire de base a, en plus de générer une situation inquiétante de disette, accéléré l’inflation. Aux marchés, il n’y a plus de tas de patates ou de maniocs à 500 francs : tout commence à 1 000 francs. Aux poissonneries, la bonite ou le thon, qui sont les poissons les plus abordables, sont rarement en dessous de 2 000 francs.

Le paquet de vermicelles qui coûtait 500 francs ne s’obtient plus avec moins de 750 francs, et le bidon d’huile végétale, qui s’achetait jadis à 12 000 francs, se négocie autour de 21 000 francs. Concernant le pain, chez le revendeur, il est tout simplement passé de 75 à 125 francs. Et même le prix du sel, qui résiste pourtant souvent aux conjonctures difficiles, a été doublé.


Interpellé par cette situation, le gouverneur de l’île, Anissi Chamsidine, a souhaité rencontrer les responsables de la direction régionale de l’économie ainsi que ceux de la Scp (Société comorienne des ports) et des douanes, accusées d’amenuiser encore plus le pouvoir d’achat à Ndzuani, en taxant «même les petits colis de vivres venant des autres îles». La rencontre n’a pas été inutile, puisque, d’après le directeur régional de la Scp, Ahmed Houmadi Mahadali, cette taxation à outrance «ne sera désormais plus pratiquée».

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