Déclarés élus dès le premier tour des élections du 14 janvier dernier, les candidats de l’Alliance de la mouvance présidentielle (Amp) ont célébré leur victoire électorale, hier jeudi à Moroni, en présence de plusieurs centaines de personnes vêtues de bleus et de blancs, les couleurs du parti Convention pour le renouveau des Comores, Crc. Après les mots de remerciement des nouveaux gouverneurs Mze Mohamed Ibrahim, Chamina Ben Mohamed et Dr Zaidou Youssouf, le président Azali Assoumani a prononcé un discours, destiné au peuple Comorien.
«Alors que la Cour suprême vient de confirmer ma réélection à la magistrature suprême de notre pays, je tiens à vous adresser mes très sincères remerciements, pour le choix que la majorité d’entre vous a fait, de me faire confiance, pour présider notre République, pendant les 5 prochaines années», a-t-il d’abord dit. Puis il a ajouté : «En faisant le choix de m’accorder votre confiance dès le premier tour, pour présider aux destinées de notre pays, vous avez opté pour la consolidation de la paix et de la sécurité et pour un développement socioéconomique durable.»
Une pensée au jeune Mouslim
Le président Azali a pour la première fois parlé des manifestations violentes du 17 et 18 janvier dernier. Il a présenté ses condoléances à la famille du jeune homme de 21 ans décédé en marge de ces dernières, sans prononcer son nom. «En m’adressant à vous aujourd’hui, en ma qualité de président élu, j’ai une pensée pour le jeune homme qui a perdu la vie, dans des circonstances malheureuses et regrettables, et je présente mes condoléances attristées à sa famille», a-t-il dit.
Et d’appeler ensuite toutes les couches de la société à œuvrer pour le maintien de la paix et la sécurité aux Comores. « Cette disparition tragique ainsi que tous les actes de violence que notre pays a connus ces derniers jours, nous imposent le devoir d’œuvrer ensemble, gouvernement, opposition, leaders religieux, notables et société civile, pour reconstruire notre unité et notre vivre-ensemble, lourdement entamés durant la campagne électorale et après l’annonce des résultats provisoires des dernières élections», a-t-il déclaré, soulignant au passage que «nous devons, en effet, nous retrouver, sur de nouvelles bases, pour identifier ensemble les actions à mettre en œuvre pour que plus jamais, notre pays et notre population, ne puissent revivre le cauchemar de cette violence portée à l’extrême».
Avant de terminer, le président s’est engagé à «soutenir les populations vulnérables, à faire face aux urgences, dans les secteurs de l’eau et de l’énergie», à «maintenir le rang de pays à revenus intermédiaires acquis par notre pays, accélérer la mise en œuvre des réformes engagées et soutenues par les institutions financières internationales et à mettre en place les structures prévues par l’accord obtenu dans le cadre du dialogue public-privé».
Le président a aussi promis de tirer «tirer les avantages de la mise en place du Fonds pour la promotion de l’emploi jeune et pour l’entreprenariat, poursuivre la construction des infrastructures, pour faciliter la circulation des personnes et des biens, et réussir la transformation de l’économie ainsi que l’émergence socio-économique de notre pays, d’ici 2030». Azali Assoumani a d’autre part « salué» ses concurrents dans l’élection, qui n’ont pourtant pas reconnu sa réélection.
Hommage à l’opposition
«Permettez-moi de saluer avec respect mes adversaires, qui se sont portés candidats aux élections présidentielles et celles des gouverneurs. Je voudrais leur dire que je n’ai aucune once de rancune. Je leur tends une main fraternelle, comme je l’ai toujours fait et je les appelle à nous unir sur l’essentiel, pour l’émergence de notre pays. Je les appelle, d’ores-et-déjà, à nous concerter, dès maintenant, pour préparer les prochaines élections législatives.»
Mais chez le chef d’Etat réélu, qui savoure sa victoire parmi les siens, il y a comme un arrière-goût d’inaccompli. Car pour lui, «le caractère libre, démocratique et transparent des élections présidentielles et des gouverneurs, saluées par la communauté internationale, n’ont pas eu l’effet escompté, comme le prouvent l’amertume et l’atmosphère de belligérance qui ont caractérisé la proclamation des résultats de ces élections».