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Nécrologie: disparition de Fundi Abdallah Ibrahim

Nécrologie: disparition de Fundi Abdallah Ibrahim

Société | -   Sardou Moussa

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Abdallah Ibrahim n’est plus. Cette figure emblématique du séparatisme anjouanais a tiré sa révérence mercredi dernier à Ndzuani, son île natale. Malgré sa vie de grand Fundi, de derviche de la confrérie Ar’rifayi, l’image retenue n’est autre que celui du premier président de l’autorité séparatiste de Ndzuani, même si ses proches veulent défendre le contraire, disant qu’il n’était qu’un défenseur des intérets de Ndzuani et des anjouanais. Puisse Dieu lui accorder son éternel pardon.

 

Abdallah Ibrahim Ben Omar, appelé aussi  Mwe Fundi, est décédé à Mutsamudu, sa ville natale, le mercredi 17 janvier dernier, et inhumé le lendemain. Ses funérailles avaient rassemblé une foule importante de gens, parmi lesquels le gouverneur de Ndzuani, Abdou Salami Abdou.

C’était un centenaire, l’un des tout premiers bijoutiers du pays, en même temps uléma et derviche de la confrérie Ar’rifayi, qui a également servi dans l’armée coloniale.

Fundi Abdallah Ibrahim était surtout connu dans le pays et à l’étranger comme ayant été le premier "président" de l’autorité séparatiste de l’île de Ndzuani, de 1997 à 1999, avant que celle-ci devienne "l’Etat d’Anjouan" sous ses successeurs (le colonel Saïd Abeid puis le commandant Mohamed Bacar) et jusqu’à la réconciliation nationale de 2001.

C’est sans doute ce statut qu’ont voulu mettre en avant ses proches, en enveloppant son cercueil avec l’ancien drapeau de l’ "Etat d’Anjouan", cette toile rouge frappée d’une main blanche au centre.

Dans une interview radiodiffusée le jour de l’enterrement, l’un de ses fils, Hassan Abdallah Ibrahim, a toutefois essayé de nuancer la qualification de "chef séparatiste" donnée parfois à son géniteur, en soutenant qu’ "il n’était pas un séparatiste, il ne faisait que défendre les intérêts de Ndzuani".

L’ancien bijoutier et maître coranique était arrivé au sommet de l’autorité sécessionniste anjouanaise un peu par hasard. Au plus fort de la contestation populaire contre le pouvoir jugé "trop centralisé à Moroni", vers le milieu de l’année 1997, qui se transformera rapidement en mouvement séparatiste, Abdallah Ibrahim (à l’époque déjà octogénaire) subira lui aussi la répression des forces de l’ordre, qui l’ont obligé un vendredi à déblayer une route barricadée, alors qu’il se rendait à la mosquée.

C’est depuis que ce mouvement de soulèvement populaire en a fait un symbole de la répression armée, et l’a poussé, un peu malgré lui, à prendre sa tête. En décembre 1998, il avait échappé de justesse à un attentat fomenté par un groupe de miliciens insurgés, alors que son cortège traversait la principale rue de Mutsamudu.

Un événement qui avait été à l’origine d’un affrontement armé sanglant entre les villes voisines de Mutsamudu et de Mirontsy, d’où provenait la section armée des mutins.  

 

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