Alors que rien ne le laissait présager, l’on a appris ce 2 août en début de soirée le décès à Paris du docteur Said Soimihi Abdallah. La nouvelle se répand alors comme une trainée de poudre, sur les réseaux sociaux. Le radiologue, spécialiste en imagerie médicale et qui a eu 64 ans le 15 juillet dernier est un pionnier.
CC'est lui, le premier, qui dote le pays d'un scanner au milieu des années 2000. Aussi beaucoup lui rendent un hommage appuyé. « L’éminent médecin a contribué de manière notoire à faire évoluer l’imagerie médicale dans notre pays en créant notamment un établissement de référence », a posté l’ancien directeur général d’Al-watwan, sur Facebook, Ali Moindjié.Ce jeudi, le personnel s’activait silencieusement au Centre d’imagerie médicale, situé sur la route de la Corniche, à Moroni, en deuil mais au travail.
L’introduction du scanner au pays en 2006
L’amour du travail bien fait, sans doute une valeur transmise par le radiologue réputé pour être « un infatigable bosseur ». Ici, la tension est palpable, les pas feutrés, les salariés ont le visage tiré. Tous disent être « surpris » par son décès. Certains ont discuté avec lui peu de temps avant sa mort. L’établissement, pimpant et moderne est sans doute la plus grande réalisation à Moroni, de ce diplômé de la faculté de médecine de Marseille en France.
Michael Randrianarisona, radiologue qui évolue à ses côtés depuis l’introduction du scanner au pays en 2006, est dévasté. « Je suis sous le choc, pour moi c’était un grand frère. Nous sommes ensemble depuis 2006. Nous avons emmené pour la première fois un scanner ici ». Notre interlocuteur, visiblement ravagé par la douleur, peine à trouver ses mots, répétant plusieurs fois « je ne sais pas, je ne sais pas ». Il sait en revanche, et c’est la principale qualité du défunt selon lui, qu’il était « déterminé ». « Quand il avait quelque chose en tête, il faisait tout pour le réaliser », assure-t-il.
C’est grâce à cette détermination qu’au milieu des années 2000, il se lance dans l’imagerie médicale. Le centre était situé à la Coulée jusque dans les années 2010. « Il a apporté le scanner et même si c’était dans le privé, cela nous a permis de poser beaucoup de diagnostics, et à éviter que des patients se rendent à l’étranger », déclare Ridhoine Mohamed, réanimateur de formation et actuel inspecteur général de la santé.
Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a lui aussi réagi ce jeudi sur Twitter. « Il restera dans nos cœurs en tant que grand homme, un éminent radiologue, qui a œuvré tout au long de sa vie, en faveur de la promotion de la santé et du bien-être des Comoriens ». La date des funérailles de ce père de 3 enfants n’est pas encore connue.