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Nécrologie I L’ancien député Said Nassur Mze Chei a tiré sa révérence

Nécrologie I L’ancien député Said Nassur Mze Chei a tiré sa révérence

Société | -   Abdou Moustoifa

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Celui qui fut président du conseil d’administration de Comores Telecom, de 2003 à 2006, a également occupé le poste de conseiller de la région de Hambou, sous Ahmed Ahmed Abderemane. Emporté par la maladie, il a rendu son âme à l’âge de 90 ans.

 

Avant qu’il ne soit contraint de prendre ses distances en raison de ses problèmes de santé, il psalmodiait le Duan, dans les grandes cérémonies religieuses du pays, plus particulièrement la Maoulid de l’État qui est organisé chaque année à la place de l’indépendance. Malgré sa disparition, la voix de Said Nassur Mze Chei aura marqué les esprits. Après une longue maladie, l’ancien Hatub, a rendu l’âme ce dimanche 10 mars, en fin d’après-midi, à l’hôpital El-maarouf.


Son inhumation a eu lieu hier, lundi, à Dzahadjou Hambou, sa ville natale vers 10h. Des obsèques qui ont mobilisé tout le pays. S’il n’est pas resté jusqu’à son enterrement, probablement pour des raisons de calendrier, le chef de l’État, Azali Assoumani est quand même passé présenter ses condoléances aux familles du regretté, dont il connaissait très bien.

Préfecture de Dembeni

Arrivé vers 8h30, le président de la République y est resté durant une quinzaine de minutes avant de repartir. D’autres membres du gouvernement y sont passés. C’est le cas du ministre de l’Energie, Hamada Moussa, son collègue des postes et des télécommunications, Kamalidini Souef. Car au-delà de la figure religieuse qu’il incarnait, Said Nassur Mze Chei était un grand commis de l’État qui a commencé à travailler dès le jeune âge dans l’administration pendant la période coloniale.


Il a intégré le canton (préfecture) de Dembeni, dans la région de Mbadjini. Né vers 1934, selon l’un de ses fils, Said Nassur Mze Chei a fait sa scolarité primaire à Singani.
A l’époque, peu de gens allaient au-delà de la classe de sixième. « A Dembeni, mon père n’était pas vraiment un salarié au sens premier du terme. C’est à Vuvuni, dans la société d’un colon appelé Hector Rivière, où il a en réalité été embauché.

Il se chargeait du pointage des employés. A partir de là, il a tissé des liens et a fini par quitter Ndruani pour s’installer à Vuvuni», se remémore son deuxième enfant Said Anlaoui.


Marié à l’âge de 28 ans, presque, il aura son premier enfant en 1963, qui n’est autre que l’actuel ambassadeur des Comores aux Émirats Arabes Unis, Said Toihir. Polygame de son vivant, il laisse derrière lui trois veuves dont deux à Vuvuni et une troisième à Dzahadjou Hambou.

Hatub

Dans toutes ces unions, il fut père de 19 enfants, la benjamine est aujourd’hui âgée de 34 ans. « Parmi sa progéniture, il y a un directeur de l’énergie, un enseignant d’Université mais pas seulement. Il nous élevait avec rigueur, et voulait à tout prix que ses enfants soient des personnes instruites. Sur ce point-là, notre père était intraitable.

Nous lui serons éternellement reconnaissants», a insisté, Anlaoui, agent de Comores Telecom, où son père fut trois ans durant, président du conseil d’administration. Une fonction à laquelle il a été nommé en 2003 alors qu’il coulait sa retraite. En effet après avoir était agent de l’État civil au gouvernorat de Ngazidja, sous feu Said Hassane Said Hachim, Said Nassur Mze Chei a été élu député de la région de Hambou, vers les années 80.

Durant la même période, il était aussi conseiller de la région et accumulait les deux fonctions jusqu’à la fin de ses mandats, en 1990. Dans la vie sociale, il était très proche de la jeunesse, surtout à Vuvuni, où il fait partie de ceux qui ont proposé le nom de l’équipe de football de la ville «Enfant des Comores».


Said Anlaoui se rappelle que son père fut un moment compositeur du groupe musical de Vuvuni. « Alors qu’il était encore un jeune qui n’avait pas encore accompli son anda, on lui confiait quand même la trésorerie de la ville», a-t-il ajouté. Issu de la lignée des descendants du prophète Muhammad, feu Said Nassur Mze Chei fut une figure respectée car il incarnait la sagesse.

« Même si tu l’insultais, il ne prenait jamais à cœur. C’était un homme de paix, qui pardonnait», conclut son cousin direct, le notable Mohamed Mahamoud qui assure que le décès de Said Nassur Mze Chei reste une perte immense pour le pays, la région et son village, Dzahadjou, qui a perdu l’un de ses premiers Hatubs.

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