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Nécrologie I Shezani pleure Kiabi, l’homme aux mille bienfaits

Nécrologie I Shezani pleure Kiabi, l’homme aux mille bienfaits

Société | -   Djaaffar Ahamed

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Entrepreneur, mécène et bâtisseur infatigable, Hamada Mdahoma alias Kiabi a marqué son époque. Disparu en France, il repose désormais à Shezani, son village natal, qu’il a tant contribué à transformer.

 

Le village de Shezani sha Mbwnkuu pleure l’un de ses fils les plus éminents. Hamada Mdahoma, plus connu sous le nom de “Kiabi”, s’est éteint il y a quelques jours en France. Il a été inhumé le jeudi dernier dans son village natal, Shezani, où une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage. Il laisse derrière lui huit enfants, ainsi qu’un héritage humain, social et économique considérable.


Né le 31 décembre 1961 à Madagascar, Hamada Mdahoma est revenu très jeune aux Comores pour y grandir. Il effectue sa première scolarité à la madrasa de Shezani, où il apprend le Coran sous l’enseignement de son oncle Mkufundi wa Twayibu et de Cheikh Ismaël. Après un cursus scolaire l’ayant conduit jusqu’en classe de troisième, il prend la décision, comme tant d’autres de sa génération, de partir en France pour y chercher un avenir meilleur. Installé à Marseille, il se forme à la couture et au management. Très vite, il fait preuve d’un talent remarquable : pendant dix ans, il devient une figure reconnue de la mode locale, fournissant ses créations à une quinzaine de grands magasins de la cité phocéenne. Sous le surnom de «Kiabi», il bâtit sa réputation dans l’univers du prêt-à-porter, avant de prendre un virage décisif en retournant aux Comores pour y investir et se mettre au service de son pays.

Acteur discret de la vie politique

Homme d’affaires avisé, entrepreneur engagé et acteur discret de la vie politique, il met sa réussite au service du développement de son village et de sa région. Il participe au financement de plusieurs campagnes électorales. Ceci a contribué à rapprocher son village du pouvoir et à faire entendre les voix de Mbwankuu à l’échelle nationale.
À travers son entreprise, il construisit de nombreux bâtiments publics d’envergure : le siège de Ngazi Ngomé, le centre de géologie de Mdé, l’hôpital de Mboeni, les bureaux de l’Onicor, de la douane, de Comores Telecom régionale à Mitsamihuli, et plusieurs centres culturels dans l’île. Grâce à lui, la mosquée de Chezani, longtemps inachevée, a retrouvé son éclat et est aujourd’hui l’une des plus imposantes du pays.

 

Sur le plan communautaire, il n’a cessé d’œuvrer pour le bien-être de sa localité. Président de l’équipe de football de Shezani jusqu’à sa mort, il est à l’origine de l’agrandissement du terrain du village, aujourd’hui homologué pour les compétitions de D1. Il a aussi financé la construction de routes, parfois sur ses propres fonds, pour désenclaver la région. Visionnaire, il s’était également tourné vers l’agriculture. Il a initié des projets de culture maraîchère, d’élevage et de coopératives, a construit une route agricole de près de trois kilomètres et installé un chantier agricole moderne à Mbwankuu.

 

Son objectif : autonomiser la région sur le plan alimentaire et offrir de nouvelles perspectives économiques aux jeunes. Homme généreux et profondément attaché aux siens, il a accompagné et soutenu de nombreux jeunes dans le commerce, et contribué ainsi à l’ascension de plusieurs entrepreneurs. Il aidait sans faire de bruit, distribuait la zakat avec constance, et permettait à beaucoup de fidèles de célébrer dignement l’Aïd al-Adha. Sa maison était toujours ouverte aux nécessiteux, et son cœur aux souffrances des autres. Que son âme repose en paix.

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