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Nécrologie : Soulé Mohamed n’est plus

Nécrologie : Soulé Mohamed n’est plus

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Mvadjoho, comme aimaient l’appeler les intimes, avait dédié sa vie à l’enseignement. Homme de culture, dévoué, il inspirait le respect partout, – il avait commencé sa carrière en 1986, en tant qu’enseignant contractuel d’histoire-géographie, au collège rural de Singani – avant d’en devenir le directeur, quelques années plus tard.

 

Le maitre. C’était comme ça qu’on l’appelait partout. Même après avoir mis un terme à sa carrière d’enseignant. Très connu pour sa grande culture et sa passion pour l’enseignement, Soulé Mohamed Soilihi a rendu l’âme, vendredi 3 décembre, à Dzahadju Hambu, sa ville natale, à l’âge de 57 ans. Son décès, annoncé sur la toile, avait suscité une avalanche d’hommages. Notamment chez ses élèves et se collègues – qui ont tous salué la mémoire «d’un homme d’une grande culture», selon de nombreus temoignages.


La majorité de ses anciens élèves, le décrivent d’ailleurs comme un enseignant atypique, pédagogue, qui de plus, donnait toujours envie d’être en classe. L’ancien doyen de la faculté des sciences et techniques, Achmet Said, fait partie de ceux qui l’ont côtoyé aux années 1991, alors qu’il était en 5ème, à l’École privée Le Gymnase.

 

Voilà ce qu’il garde de lui. «Il nous a tous marqués par son dynamisme. Il avait une manière particulière d’enseigner avec une grande animation. Ce genre de professeurs, qui donnent envie de se lever tôt pour être devant et ne rien rater de son cours. Jeune, il avait la passion de son métier et était très proche de nous», se souvient encore le docteur Achmet, qui garde en lui les souvenirs de cet enseignant jovial et dont la fin du cours, a toujours été rythmée par un fou rire.


Zaki Soifoine, qui l’a connu par le biais de son père, avant qu’il ne devienne son enseignant à l’école Le Gymnase, garde en lui l’image de ce professeur au bon cœur, dont le message passait bien. « Il m’a enseigné le français depuis la 5ème jusqu’à la 3ème.

Jovial, il jouait le rôle de grand-frère», a-t-il dit. Ancienne élève de Soulé Mohamed, de l’école privée Le Phare, Aminata Mohamed, actuellement comptable à Al-watwan, a abondé dans le même sens. «Il nous enseignait le français. Et on avait toujours hâte d’être en classe. Tout le monde était content de le retrouver. Car il était sympathique avec tout le monde», a-t-elle témoigné.

Un homme humble

Né en 1964 à Dzahadju ya Hambu, et membre du Front démocratique (Fd), Soulé Mohamed, tout comme les autres jeunes de son époque, est passé au lycée Said Mohamed cheikh, de la 2nd à la terminale. Aux côtés de Boinaidi Abdou Elghaniou, actuel président du conseil d’administration de la Meck-Moroni, de l’ex-vice-président Djaffar Ahmed Saïd, ou encore de la présidente de la nouvelle Opaco, Sitti Djaouhariat. «Soulé était quelqu’un d’humble, dont les qualités humaines ne sont plus à démontrer. Il n’a jamais oublié sa promotion. Toujours le premier à saluer ses anciens camarades», a souligné l’ancien ministre de l’Éducation, Mohamed Ismaila, qui était un ami de classe du regretté, au Lycée de Moroni.

«Il a gardé le même sourire, malgré la maladie qui l’a beaucoup affecté», a ajouté le porte-parole de Beit-Salam. Bachelier des années 86, Soulé a fait sa scolarité à l’école primaire publique de Dzahadju ya Hambou. S’agissant de ses études supérieures, il a suivi une formation dans le département de français et d’histoire géo, à l’école normale (Enes) à Mvuni. Membre fondateur de l’école privée Mtsachiwa, il a enseigné ces deux matières durant toute sa carrière, dans plusieurs établissements.


Parmi eux, le collège rural de Singani, celui de Mlauni d’Itsinkudi ya Washili, Shindini, Fumbuni, sans oublier le collège de Vuvuni, pour ne citer que ceux-là. Au collège de Singani, où il a exercé le service national, toutes les générations scolarisées à cette époque se rappellent de cet enseignant à l’esprit ouvert.

Chindini, Itsinkudi…

«C’était un homme cultivé qui poussait ses élèves à dépasser leurs limites par la lecture, l’actualité et le dialogue. Il était quelqu’un qui défendait ses convictions tout en restant courtois, bienveillant. Un professeur souriant, gentil malgré nos retards et nos bavardages», a témoigné Ali Abdallah Soukari, aujourd’hui fonctionnaire au Pnud et ancien élève des années 96.


Père de trois enfants, dont deux garçons et une fille, Soulé, était aussi une référence, un pilier de la jeunesse de Dzahadju où avec d’autres jeunes, ils ont créé l’Acj. Une association qui, pendant plus d’une décennie, a contribué au développement du village aussi bien sur le plan social qu’éducatif. Toujours avide de savoirs et passionné de lecture il s’était envolé pour la France, en 2000 pour suivre une formation.

 

Victime d’un Avc, il a dû rentrer au pays en 2003. Malgré sa maladie, [ il marchait difficilement], il était affecté en tant que surveillant au collège rural de Singani. Fan de foot, supporter inconditionné du Fc Barcelone et de Messi qu’il avait surnommé « Nde Mwana», il ne ratait aucun match. Rappelé par Allah ce vendredi, «Le Maitre» restera à jamais dans les cœurs de la jeunesse, qu’il a tant servie. 

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