«Nous venons de perdre une femme dotée d’une grande humilité et une grande professionnelle du droit ». À la Cour suprême où elle était conseillère, ses collègues pleurent encore « une magistrate ponctuelle » et « une personne qui a le sens du professionnalisme ».Quatre jours après sa disparition, le samedi 30 août à Moroni, le nom de Nadhuima Youssouf résonne encore dans les quatre murs blancs de la haute juridiction. « Elle était une femme qui a tout donné, qui a beaucoup travaillé et qui nous manquera pour toujours », souligne un conseiller affecté à la chambre judiciaire pour qui « Nadhuima avait tout pour incarner cette belle stature de magistrate ». Les messages de condoléances arrivent de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Des séances religieuses ont été organisées à Moroni, l’une à la mosquée Al-Qasm et l’autre au foyer des femmes de Moroni. La défunte a été une personnalité engagée dans les mouvements associatifs féminins de la capitale, surtout grâce au soutien constant de son mari, le colonel Mohamed Yahaiya (Chigou), haut gradé de l’Armée nationale de développement (And) et ancien commandant de la gendarmerie nationale.
Une magistrate à la carrière pleine
L’ancien procureur de la République, Mohamed Abdou, devenu conseiller à la Cour suprême reconnait une magistrate qui travaillait non-stop et qui a toujours été une source d’inspiration pour ses collègues immédiats et les autres professionnels du droit. « Elle est une référence à suivre et à garder en mémoire pour tout le personnel judiciaire pour ses qualités professionnelles et humaines », a-t-elle souligné.Née en novembre 1964, Nadhuima Youssouf obtient son baccalauréat en 1989 et s’envole au Maroc où elle décroche une maîtrise en droit. Entre 1997 et 1999, elle intègre ensuite l’Ecole de magistrature de Bordeaux en France où elle sort du lot avant de faire le choix de rentrer pour servir son pays. De retour aux Comores, elle sera nommée juge d’instruction de 1999 à 2000 puis présidente du Tribunal de première instance de Moroni pendant six ans.
En 2006, elle devient conseillère à la Cour d’appel, puis première présidente de la même cour avant de devenir secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. Avec cette expérience, Nadhuima Youssouf devient inspectrice des Affaires judiciaires de 2019 à 2022, puis directrice générale des Affaires judiciaires au ministère de la Justice avant d’être nommée conseillère à la Cour suprême depuis 2023. Elle devient l’une des rares femmes à occuper les plus hautes fonctions de toutes les juridictions de premier degré.À l’annonce de son décès, vendredi dernier, des dizaines de collègues, de proches, d’amis, d’avocats ont afflué au domicile familial à Moroni Bacha. Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, qui connait bien le couple s’est rendu, lui aussi, à la maison de la défunte et a dirigé la prière mortuaire à la mosquée Al-Qasm. La défunte laisse derrière elle trois enfants et un riche héritage dans le système judiciaire comorien.