Dans le cadre de la campagne «Octobre rose», consacrée à la lutte contre le cancer du col de l’utérus et du sein, une marche pacifique a été organisée hier mercredi matin à Fomboni par l’Association comorienne contre le cancer chez la femme (Accf). L’événement a rassemblé diverses organisations locales et a mobilisé la société civile autour d’un objectif commun : sensibiliser à la prévention et au dépistage des cancers féminins.
Aux côtés de l’Accf, des membres d’autres organisations non gouvernementales, des élèves des établissements scolaires de l’île, ainsi que des agents de la sécurité civile ont sillonné les rues de la capitale mohélienne, vêtus de rose (la couleur emblématique de la lutte contre le cancer du sein). Pancartes et banderoles à la main, les participants ont scandé des messages de prévention et de soutien, rappelant l’importance du dépistage et de l’information.
La marche s’est conclue au parking du marché de Fomboni, un lieu symbolique choisi pour sa forte affluence matinale. Une séance d’échange et de sensibilisation s’y est tenue, avec la participation de professionnels de santé et d’acteurs engagés. Le gynécologue Mohamed Boinanriziki, intervenant principal de l’événement, a rappelé la gravité croissante du cancer du col de l’utérus aux Comores. «C’est une problématique majeure dans notre société. De nombreux facteurs comme l’obésité, l’alcool, ou les antécédents familiaux favorisent le développement de la maladie.
Il faut informer et agir», a-t-il dit. Il a précisé que le dépistage est essentiel dès l’âge de 25 ans, notamment pour les femmes ayant commencé leur activité sexuelle précocement ou après la ménopause, et même pour celles déjà vaccinées contre le papillomavirus humain (Hpv). Il a aussi recommandé une mammographie tous les deux ans à partir de 45 ans, ainsi qu’un frottis vaginal tous les trois ans, qu’il considère comme une méthode simple et efficace pour détecter les cancers du col de l’utérus.
La directrice régionale de la santé à Mwali, le docteur Sitty Fatima Mohamed Dakoine, a rappelé que cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’une campagne nationale qui s’étend du 5 octobre au 5 novembre. «Le dépistage précoce sauve des vies. Le mois d’octobre est une période importante pour rappeler ce message à toutes les couches sociales», a-t-elle déclaré. Malgré l’engagement fort des autorités sanitaires et de la société civile, un obstacle majeur demeure : le manque d’équipements médicaux adaptés à Mwali, notamment pour le dépistage.
De nombreuses femmes se voient contraintes de se rendre à Ngazidja ou à Ndzuani pour effectuer ces examens, ce qui reste difficile sur le plan économique. L’Accf a néanmoins exprimé son espoir de voir une solution émerger d’ici l’année prochaine afin de doter l’île de Mwali des moyens nécessaires pour assurer un dépistage local et accessible à toutes les femmes. Toujours en marge de cette manifestation, un appel fort a été lancé aux hommes afin qu’ils s’impliquent eux aussi dans cette lutte pour la santé et le bien-être de leurs femmes, sœurs et mères.