Les recherches se poursuivent pour retrouver de rescapés, candidats à l’immigration clandestine.Le Consulat des Comores à Laâyoune (Maroc) a annoncé la mort de trois Comoriens «dont une femme» ce lundi 9 août. Un travail d’identification des corps est en cours. Les obsèques auront lieu dans les prochaines heures. Le naufrage a eu lieu à l’aube au large de Laâyoune et de l’autre ville côtière Tarfaya (Maroc). Les victimes faisaient partie d’un groupe de «12 migrants» qui souhaitaient atteindre l’Europe.
«Les deux corps dont celui de la femme ont été récupérés, le troisième n’a toujours pas été retrouvé», a indiqué à Al-watwan, le consul des Comores à Laâyoune, Dr Said Omar Said Hassane. «J’ai saisi les autorités de Laâyoune et de Tarfaya pour la récupération des deux corps retrouvés et de rechercher d’autres qui n’ont pas pu atteindre le rivage», a-t-il ajouté. Les autres rescapés du groupe des «douze migrants» ont été secourus dans le désert.
On parle aussi de «trois Comoriens» à bord d’une embarcation qui n’a toujours pas donné signe de vie depuis cinq jours. Les voyageurs n’ont toujours pas été retrouvés, d’après toujours le consul des Comores à Laâyoune. «Aucune nouvelle de trois Comoriens qui ont quitté la région de Laâyoune il y a cinq jours», a ainsi précisé Dr Said Omar Said Hassane.
Les familles comoriennes expatriées pointées du doigt
Les naufrages au large de la Méditerranée ont, ces trois dernières années, fait environ prés «d’une quarantaine de victimes» de nationalité comorienne, d’après des données consolidées communiquées à Al-watwan par les Consulats des Comores à Laâyoune et à Tunis (Lire entretiens ci-dessous). «Le drame, c’est que ce sont des gens qui partent sans documents officiels, la traçabilité est difficile. On nous contacte qu’après les naufrages. Le gouvernement n’a rien à voir», a fait savoir, l’air désolé, Said Mohamed Maoulana, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères (Maecid).
A priori, les candidats aux voyages de la mort bénéficient de complicités, d’abord aux Comores, où ils se font passer pour de futurs étudiants dans des établissements des pays d’accueil. Les services administratifs, sous pression de toute part, finissent par délivrer le fameux «acquis de droit», ce document à la nature d’un passeport universel qui donne droit au voyage.
Les réseaux de passeurs ont des connexions avec des établissements privés qui leur facilitent les inscriptions depuis le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Turquie, entre autres. «Nous avons une administration, on ne peut pas refuser de délivrer un acquis de droit à une personne qui nous sort une inscription de l’année en cours, lui en refuser, c’est aussi violer la loi», se justifie-t-on au ministère de l’Education nationale.
Les autorités éducatives viennent toutefois de suspendre, il y a quelques mois, la délivrance de «l’acquis de droit». Mais les voyageurs, comme des durs-à-cuire, inventent toujours des méthodes astucieuses qui leur permettent, malgré tout, de contourner la procédure pour se rendre en Mediteranée. Y-a-t-il des complicités avec des représentations diplomatiques comoriennes à l’extérieur ? «Sans doute mais à quel niveau, j’ai récemment suspendu un gros dossier de demande de visa de Turquie», souligne Said Mohamed Maoulana.
«C’est difficile de le dire mais ce sont nos propres familles qui financent ces voyages. Les familles sont en lien avec des passeurs mais on nous appelle quand ça dégénère. Ce sont nos amis, nos frères et nos sœurs à l’extérieur qui contribuent à ces drames. Il y a une chaîne de complicités», reconnait le secrétaire général du Maecid.
En 2020, au moins «12 Comoriens» ont trouvé la mort dans les côtes tunisiennes. Entre le 30 mai et le 5 juin 2021 «dix Comoriens» ont été portés disparus. Les corps n’ont toujours pas ainsi été retrouvés, d’après toujours le Consulat des Comores à Laâyoune. En 2021, 41 Comoriens souhaitant se rendre dans les Iles Canaries ont été secourus en catastrophe. En 2017, plus d’une cinquantaine de Comoriens avaient péri au large de la Tunisie. La liste avait fait le tour du web.
AS Kemba