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Omar Chehani, Dg de la Fonction publique I «Il est devenu essentiel d’instaurer dans chaque ministère un service dédié au suivi et à l’évaluation»

Omar Chehani, Dg de la Fonction publique I «Il est devenu essentiel d’instaurer dans chaque ministère un service dédié au suivi et à l’évaluation»

Société | -

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La Direction générale de la Fonction publique engage des réformes jugées ambitieuses en raison de leur impact sur la politique de modernisation de l’administration comorienne. Entre revalorisation salariale, lutte contre les agents fantômes et digitalisation des services, la Fop vise une gestion « plus efficace des ressources humaines». Son directeur général, Omar Chehane, détaille, dans cette interview, les avancées, les défis et les priorités pour les années à venir.

 

Récemment, la Direction générale a été fortement sollicitée pour la révision des grilles salariales des agents de la Fonction publique. Quels ont été les principaux obstacles rencontrés lors de cette révision ?


La révision des grilles salariales est une revendication ancienne portée par plusieurs corps de la Fonction publique. Elle a donné lieu à la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement et la société civile, en particulier la Fédération des syndicats de l’Éducation, accord renforcé par un avenant. Ces revendications remontent à 2011, après la signature du décret 08-095/Pr du 4 septembre 2008, qui devait entrer en vigueur trois ans plus tard. Je tiens à souligner que le chef de l’État et son gouvernement n’ont jamais été opposés à l’idée d’améliorer les conditions salariales des agents de l’État.

C’est dans cet esprit que des mesures ont été prises ces dernières années, comme la revalorisation de la valeur indiciaire et des avancements d’échelon, qui ont été décidés à deux reprises en moins de cinq ans. C’est inédit dans l’histoire de la fonction publique comorienne. Je ne parlerais donc pas d’obstacles, mais plutôt d’un engagement ferme de l’État à soutenir la masse salariale, afin d’aider les fonctionnaires à mieux affronter les effets de la crise économique mondiale. C’est également dans cette optique que les signataires du protocole ont convenu d’inscrire cette question au programme des prochaines assises nationales sur l’éducation.

Votre direction a annoncé de nouvelles réformes pour améliorer la gestion du fichier de la Fop. Pourriez-vous nous en détailler les objectifs et les principales composantes ?


Ces réformes visent à moderniser la gestion des ressources humaines, en la rendant plus efficace et plus transparente. L’objectif est de construire une administration plus performante, réactive et réellement tournée vers le service public. La direction travaille ainsi à renforcer son cadre réglementaire, à adapter les structures administratives aux besoins réels des services et à remplacer le système d’information actuel par un outil plus adapté aux exigences contemporaines.

Parmi ces initiatives, quelle est celle qui, selon vous, aura le plus d’impact sur la Fonction publique ?


La révision des cadres organiques me paraît la plus déterminante. Elle permettra d’identifier avec précision les besoins des ministères en matière de personnel, d’optimiser les affectations et d’assurer une meilleure adéquation entre les compétences disponibles et les missions à accomplir.

Comment assurez-vous le suivi et l’évaluation des réformes mises en œuvre ? Quels mécanismes avez-vous mis en place à cet effet ?


Il est devenu essentiel d’instaurer dans chaque ministère un service dédié au suivi et à l’évaluation. Cette exigence est d’ailleurs prise en compte dans les textes de réorganisation des ministères. Actuellement, en concertation avec le Secrétariat général du ministère, nous réfléchissons à la création d’une unité spécifique pour accompagner les activités et garantir une meilleure mise en œuvre des réformes.

La lutte contre les agents fantômes, qui perçoivent un salaire sans exercer de fonction, est un défi persistant. Quelles sont vos stratégies pour y faire face et quels résultats avez-vous obtenus jusqu’à présent ?


Un agent fantôme, c’est un fonctionnaire qui continue de percevoir un salaire alors qu’il n’exerce plus. On retrouve des cas très variés, entre les anciens agents décédés mais toujours inscrits sur les listes de paie, ceux ayant quitté leur poste sans information officielle, parfois à l’étranger, et d’autres encore qui ne se présentent plus à leur lieu de travail. En l’absence d’informations fiables venant des services d’origine, les contrôles réalisés restent souvent insuffisants.

Pour corriger cette situation, nous misons sur l’identification biométrique de l’ensemble des agents, afin de régulariser chaque situation et de mieux maîtriser les effectifs et la masse salariale. Nous travaillons aussi à repenser la gestion des ressources humaines en clarifiant les rôles entre les différentes structures, notamment dans le contexte de la révision constitutionnelle de 2018. Enfin, il est nécessaire d’adapter l’offre de formation et d’organiser un redéploiement efficace des agents selon les besoins identifiés dans les services.

Comment qualifiez-vous votre collaboration avec les différents départements ministériels ? Comment les impliquez-vous dans vos initiatives et quel soutien apportent-ils à votre direction ?


Les échanges avec les ministères se font principalement par l’intermédiaire des secrétaires généraux, que ce soit par correspondance ou lors de réunions hebdomadaires. Cette collaboration fonctionne globalement bien. Cela dit, notre direction, du fait de sa mission transversale, devrait entretenir une relation encore plus fluide et constante avec les différents départements. C’est pourquoi nous envisageons de renforcer les directions des ressources humaines au sein des ministères, afin de garantir une coordination plus efficace.

Quels sont les défis majeurs auxquels la fonction publique comorienne est confrontée aujourd’hui ?


Les enjeux principaux concernent la maîtrise des effectifs, la rationalisation de la gestion des ressources humaines et la transformation de l’administration pour améliorer la qualité des services publics.

Quelles sont les priorités de votre direction pour les prochaines années ? Quels sont les projets et les objectifs que vous vous êtes fixés ?


Notre priorité est de rendre la Direction de la Fonction Publique pleinement opérationnelle. Cela passe par la création des services manquants, la numérisation des archives et la mise en place d’un programme solide de renforcement des capacités pour nos agents.

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