Une quinzaine de commerçants se sont mobilisés tôt hier, jeudi 7 août dans la matinée, devant le siège de l’Onicor à Moroni, pour revendiquer ce qu’ils estiment être leur dû : du riz qu’ils ont payé depuis près d’un an mais qui ne leur a jamais été livré, ni remboursé. Installés à même le sol sur des tapis à l’entrée de cet établissement public, ils ont voulu dénoncer «une situation qui dure depuis plusieurs mois», et qui les «plonge dans des dettes étouffantes». «Cette fois, nous avons dit stop», a dénoncé un des manifestants, le commerçant Abdillah Ibouroi. « En février 2024, au temps du directeur Aboudou Miroidi, l’Onicor a bien procédé à une livraison mais une large partie du riz était avariée. Refusant de mettre dans le marché une marchandise impropre à la consommation, on leur a demandé réparation. L’Onicor l’avait ensuite repris. Mais en septembre, la situation est devenue bien plus grave : nous avons versé l’argent sans même voir le riz », a-t-il rappelé.
Les commerçants ont fait savoir qu’ils ont été invités par les responsables de l’Onicor à payer à l’avance pour des cargaisons de riz, les rassurant de la disponibilité des conteneurs. Séduits par cette promesse, bon nombre d’entre eux ont « contracté des prêts auprès des banques, amis ou proches ». Certains racontent même avoir investi pour deux, trois, voire cinq conteneurs, avançant parfois plus de 10 millions de francs comoriens. « Nous avons même pris l’argent de nos clients fidèles, croyant dur comme fer aux belles promesses de cette société », a déploré un autre commerçant. Mais depuis, c’est le silence radio. «Aucun conteneur n’a été livré, et les dettes s’accumulent », dénoncent-ils, déplorant «la manque de résultats» des rencontres organisées avec les autorités compétentes.
Abdillah Ibouroi, ajoute : «On nous parle de 30 conteneurs, puis 20… mais un mois plus tard, toujours rien. Même si un ou deux conteneurs arrivaient aujourd’hui, avec plus de 50 créanciers concernés, cela ne suffirait pas». «Nous ne sommes pas venus pour semer le désordre. Nous n’avons jamais manifesté auparavant. Mais cette fois, nous sommes à bout », a expliqué Abdillah Ibouroi. Sur place, des agents de sécurité leur auraient demandé de présenter une autorisation pour rester devant les locaux de l’Onicor et de retirer les bandanas rouges portés, symboles de leur mécontentement. Abdillah Ibouroi a dit estimer que «les agents de sécurité attendaient une réaction violente de leur part pour les arrêter. Mais ils sont «restés calmes».
Ils ont dit avoir «contacté les autorités compétentes», notamment le ministre de l’Économie, et se sont même rendus au Palais du peuple dans l’espoir d’être reçus, insistant sur l’urgence de la situation. «Beaucoup sont menacés par les banques, d’autres ont dû fermer leur boutique. Chaque mois, il faut payer les loyers, les rachats, les pénalités. Certains empruntent encore pour couvrir les anciens prêts», s’est-il indigné, indiquant qu’en cette période de vacances et de grands mariages, ils pourraient « tirer un avantage avec le riz». Ces commerçants ont dit «donner à l’Onicor jusqu’au jeudi 14 août pour trouver une issue». Et d’insister : «Nous ne demandons aucun cadeau, seulement notre dû».