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Opération «Wuambushu» à Mayotte I Le Comité Maore appelle à l’arrêt du projet à Mayotte

Opération «Wuambushu» à Mayotte I Le Comité Maore appelle à l’arrêt du projet à Mayotte

Société | -   Abdallah Mzembaba

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Des représentants de la société civile ont organisé une conférence de presse hier au Palais du peuple pour dénoncer l’opération «Wuambushu» à Mayotte. Le Comité Maore a appelé les responsables étatiques à se joindre à leur cause pour empêcher cette opération. La présidente de l’Ong Hifadhu a mis l’accent sur « les abus perpétrés à Mayotte, citant «la torture, au vu et au su de tout le monde».

 

L’opération Wuambushu à Mayotte, sauf retournement de situation devrait commencer Le 20 avril prochain. Cette opération, relatée pour la première fois par le journal français Le Canard enchaîné, serait une idée du ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin. Ce dernier ne s’est pas exprimé officiellement. Mais l’opération, selon certaines indiscrétions, consiste particulièrement à déloger et à détruire, à coup de bulldozer, les habitats des Comoriens des autres îles vivant sur l’île comorienne de Mayotte.


Afin de sensibiliser et de dénoncer une telle opération, le Comité Maore a organisé une conférence de presse hier mercredi, en fin de matinée, au Palais du peuple. Le Collège des sages, la Confédération des travailleurs comoriens (Ctc), Ngo’Shawo, l’Ong Hifadhu, le Collectif de la 3ème voie sont quelques-unes des organisations de la société civile qui ont pris part à cette conférence de presse. A notr l’absence notable de tous les députés à cette conférence de presse, aux allures de meeting.

Tous unis contre «ce plan machiavélique»

Pour le président du Comité Maore, s’assurer que la jeunesse prenne le relais de ce combat est nécessaire pour que le flambeau soit assuré jusqu’au retour de Mayotte dans son giron naturel. Me Youssouf Ismael Aticki est ensuite revenu sur le déroulement de cette opération en insistant sur son caractère inédit et sur le fait qu’elle est «en violation des droits des Comoriens vivant à Mayotte, terre comorienne, mais également des étrangers».Le conférencier fera savoir que, contrairement à ce qui se dit, les vrais responsables des actes aujourd’hui pointés du doigt à Mayotte sont des enfants qui y sont nés.


Pour ce qui est de la démolition des habitations et des déplacements forcés, «il s’agit d’un crime banni par les Nations-unies. Ces pratiques sont contraires aux résolutions des Nations-Unies du 12 novembre 1975 qui affirment que les Comores sont composées de quatre îles», assure l’avocat au barreau de Moroni, avant de poursuivre : «la loi française interdit ce genre de pratiques. Les autorités françaises misent sur la terreur en annonçant cette opération. Aujourd’hui, nous devons donc tirer profit de nos atouts, aux premiers desquels notre unité». Me Youssouf Ismael Aticki invite, en conséquence, les responsables à se joindre à cette cause, notamment pour déterminer une stratégie commune visant à stopper l’opérationnalisation «Wuambushu».

Saisir les instances internationales

Cependant, lors de cette conférence, on apprendra que le gouvernement «n’a pas encore réagi à nos sollicitations».Le président du Comité Maore a également fait savoir qu’ils comptaient saisir le secrétaire général des Nations-Unies, ainsi que celui de la Ligue des Etats arabes et toutes les autres instances, pour que cette opération ne voie jamais le jour. Il convient de rappeler que Kamal’Eddine Saindou, ancien journaliste et membre du Collectif de la 3ème voie, dans une lettre ouverte en date du 6 mars dernier, avait appelé le chef de l’État et président en exercice de l’Union africaine, destinataire de ladite lettre, à se mobiliser pour dénoncer par tous les moyens possibles ce plan machiavélique. «[...] En tant que président en exercice de l’Union africaine, je vous prie d’user des pouvoirs que vous confère cette position pour rappeler la France au respect de la souveraineté comorienne et du droit international et à se conformer à ses engagements internationaux».

Réintroduire Mayotte à l’ordre du jour des Nations unies

L’ambassadeur Ahmed Thabit du Collège des sages rappellera quant à lui les diverses résolutions prises par les Nations-Unies pour sommer la France de se conformer au droit international qui reconnaît Mayotte comme comorienne au même titre que les trois autres îles de l’archipel. Il regrettera par conséquent que «la question de Mayotte ait été retirée de l’ordre du jour lors de nombreuses Assemblées générales des Nations-Unies».


A son tour, la présidente de l’Ong Hifadhu, Rahamatou Goulam, a expliqué que «les gens ne sont pas expulsés de force en France. À Mayotte, les droits les plus élémentaires sont bafoués. Les tortures sont monnaie courante et cela se passe au vu et au su de tout le monde».

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