logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Opération «Wuambushu» I Le Comité Maore demande à l’État de maintenir la pression sur la France

Opération «Wuambushu» I Le Comité Maore demande à l’État de maintenir la pression sur la France

Société | -   Abdou Moustoifa

image article une
Une semaine après avoir été empêché d’organiser une marche pacifique au Palais du peuple jusqu’à la place de l’Indépendance, le Comité Maore a, de nouveau, tenu un rassemblement pour réclamer plus de fermeté de la part des autorités comoriennes.

 

Alors que l’opération « Wuambushu » semble perdre sa vigueur, la mobilisation, elle, ne faiblit pas à Moroni. Le samedi 29 avril dernier, le Comité Maore et le Collège des sages ont organisé un sit-in à la place de l’indépendance. Y avaient pris part de nombreuses organisations de la société civile, qui sont vent debout contre ce qui se passe dans l’île comorienne de Mayotte, où le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a envoyé plusieurs gendarmes et policiers pour chasser les Comoriens des autres îles.


Pour l’heure, tout ne se passe pas comme prévu. Le gouvernement comorien a réussi à tenir tête à l’État français, du moins sur la question des reconduites. Une position qui est d’ailleurs saluée par l’opinion publique nationale. Mais il est encore très tôt pour chanter victoire. «La société civile souhaite encore que le gouvernement reste ferme sur le refus d’accepter les déplacements forcés de Mayotte. Nous attendons que l’État comorien saisisse l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies pour régler la question de Mayotte et que la France assume le chaos qu’elle a créé à Mayotte, résultat de sa politique depuis 1975», a déclaré Nadia Tourqui, membre active du « Collectif de la troisième voie », présent à ce rassemblement.

Opération de la honte

A l’instar du président du Comité Maore, cette dernière exige «l’abrogation de l’accord-cadre signé à Paris, le 22 juillet 2019». Les termes de ce partenariat prévoient, entre autres, «une assistance financière de 150 millions d’euros pour le développement des Comores. L’archipel s’est engagé à son tour à lutter contre les départs d’embarcations vers Mayotte », selon certaines voix.


«A part cette abrogation, nous voulons que la question de Mayotte soit discutée avec une tierce personne, mais pas dans le cadre d’un dialogue où la France impose sa force», a insisté Me Atick Youssouf, président du Comité Maore qui, depuis l’annonce de cette opération très décriée, travaille avec le Collège des sages pour sensibiliser la population sur les dangers de ce plan de « déportation ».


Une sensibilisation qui se poursuit même en dehors de la capitale. «Le sit-in de ce samedi entre dans les actions programmées pour que les organisations de la société civile s’expriment sur l’évolution de cette opération de la honte. L’on peut dire qu’avec la récente résolution de l’Assemblée nationale, les décisions et les déclarations des dirigeants, l’État comorien démontre qu’il ne cède pas aux menaces», s’est réjoui l’avocat, qui espère qu’il n’y aura pas de capitulation. Jusqu’à maintenant, diplomatiquement, les autorités comoriennes ont marqué un point et semblent en position de force. Grâce à son refus d’accepter les reconduites, Moroni a poussé implicitement la compagnie maritime qui assure la navette Maore-Ndzuani, à suspendre jusqu’ à nouvel ordre ses rotations en raison du contexte, d’après un communiqué publié jeudi. Au niveau du port de Mutsamudu, l’obligation de présenter une pièce d’identité pour tous les passagers n’a fait que compliquer une reprise des activités de cette compagnie.

Commentaires