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Opinion I Azali et la finance internationale

Opinion I Azali et la finance internationale

Société | -

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La Banque africaine de développement (Bad) tient ses Assemblées annuelles à Abidjan en présence du chef de l'État Azali Assoumani. Nous publions ci-dessous une libre opinion du coordinateur de la communication de Beit Salam, Ahmed Ali Amir, qui revient sur l'action engagée ces dernières années par le président de la République en faveur d'un modèle de financement résilient au profit des pays en développement.

 

Le président Azali Assoumani s’est rendu aux Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), organisées à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 26 au 30 mai. Fidèle à son engagement, il s’emploiera à convaincre l’institution panafricaine de poursuivre le financement des projets phares et structurants du Plan Comores Émergents.Mais comme à chaque rencontre de cette envergure, il ne s’écarte jamais de sa mission fondamentale : contribuer à l’évolution de l’architecture financière internationale au bénéfice des pays du Sud.

Une diplomatie de développement ambitieuse

Le chef de l’État a ainsi pris part aux forums économiques, multiplié les rencontres bilatérales, et appelé les dirigeants des institutions financières internationales à repenser les mécanismes et normes qui régissent les flux de capitaux, à évaluer les modalités de gestion de la dette, à revoir les paradigmes de la coopération monétaire et à réinventer les instruments de financement du développement, notamment en Afrique.De Washington à Abidjan, en passant par les Institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale) et les banques régionales de développement (BAD, BID, etc.), Azali Assoumani martèle le même message.Les Comores ont en effet adopté une diplomatie de développement ambitieuse, misant sur des partenariats solides avec les institutions financières internationales, en particulier avec la BAD. Dans une Afrique en quête de transformation structurelle, le président Azali plaide pour un renforcement stratégique de la BAD, afin qu’elle devienne un pilier central du financement du développement continental. Cette posture a valu aux Comores un intérêt croissant de la part de l’institution.


Durant sa présidence de l’Union africaine en 2023, le président Azali a souligné que la BAD ne saurait répondre aux immenses défis africains sans une augmentation substantielle de ses ressources. Il a soutenu une hausse de son capital, qui bien qu’en progression, reste encore insuffisante face aux besoins en infrastructures, estimés entre 130 et 170 milliards de dollars par an pour le continent.Il a également défendu une représentation accrue des pays africains au sein des organes de gouvernance de la Banque, afin de mieux orienter les financements vers les priorités africaines : industrialisation, résilience climatique, inclusion financière.

Un portefeuille actif de 144 millions de dollars en 2024

Azali a soutenu la proposition de canaliser une part des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI vers la BAD, afin de doter l’Afrique d’un instrument de réponse autonome face aux crises économiques et climatiques.A titre d’exemple, les Comores ont bénéficié de plusieurs allocations de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) de la part du Fonds monétaire international (FMI. Lors de l’allocation générale de DTS de 2021 équivalant à environ 650 milliards de dollars américains, répartis entre ses membres, les Comores ont reçu une allocation de 24 millions de dollars américains en DTS. Et dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en 2023, le FMI approuve un accord quadriennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) pour un montant de 32,04 millions de DTS (environ 43 millions de dollars américains) en faveur de l’Union des Comores. Ces allocations ont été intégrées dans les réserves internationales brutes des Comores. Ressources utilisées également pour soutenir les finances publiques, notamment en réponse aux défis économiques posés par la pandémie de COVID-19.Ce n’est donc pas un hasard si, aujourd’hui, la BAD est l’un des principaux bailleurs multilatéraux des Comores, avec un portefeuille actif de 144 millions de dollars en 2024. Ce portefeuille couvre plusieurs secteurs stratégiques, notamment :
Les infrastructures routières, avec le projet de réhabilitation des routes nationales RN2 et RN3, bénéficiant d’un financement de 40 millions USD pour désenclaver les zones rurales et soutenir le commerce inter-îles ;L’énergie, à travers un programme d’électrification et de réhabilitation des réseaux électriques, financé à hauteur de 20 millions USD, en synergie avec d’autres partenaires comme la Banque mondiale.

La création de garanties souveraines africaines

Le développement humain, avec le Projet d’appui à la formation professionnelle et à l’insertion des jeunes (PAFP), doté de 10 millions USD, visant à améliorer l’employabilité des jeunes Comoriens. Ce partenariat s’inscrit dans la stratégie portée par le président Azali : faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030.
Partageant avec le président de la BAD, Dr Akinwumi Adesina, la conviction que le développement africain doit reposer sur les ressources propres du continent, Azali milite pour la création de garanties souveraines africaines afin de sécuriser l’investissement privé, et soutient la mise en place de fonds d’investissement régionaux dirigés par des acteurs africains.


La BAD a également inscrit parmi ses priorités le financement climatique pour aider les pays vulnérables comme les Comores à faire face aux aléas tels que la montée des eaux et les cyclones. À plusieurs reprises, le Dr Adesina a exprimé son appréciation du leadership comorien et sa volonté de consolider leur collaboration.
Lors de sa visite officielle aux Comores en juillet 2024, à l’occasion de l’inauguration de la route Mitsudjé-Fumbuni financée par la BAD, le président de la Banque a déclaré que l’institution était un « partenaire stratégique » des Comores, saluant la résilience de leur économie et attribuant les progrès réalisés à un « leadership exceptionnel ».

266 millions USD entre 2021 et 2025

En avril 2025, à Beit-Salam, les autorités comoriennes ont rencontré le vice-président de la BAD, Dr Léandre Bassolé. Elles ont salué les « résultats exceptionnels » de leur coopération, avec des engagements financiers atteignant 266 millions USD entre 2021 et 2025, bien au-delà des prévisions. Dr Bassolé a attribué cette réussite aux « bonnes relations » entre le président Assoumani et Dr Adesina.Il convient de rappeler qu’en mai 2023, lors des Assemblées annuelles de la BAD à Sharm el-Sheikh, le président Assoumani avait plaidé pour une plus grande implication du secteur privé africain dans l’économie verte. Le Dr Adesina avait alors soutenu cette vision et appelé à des financements accrus pour atteindre les objectifs climatiques du continent.


Le président Azali a pris son bâton de pèlerin pour défendre une réforme plus équitable des institutions financières internationales, en appelant à une représentation plus juste des pays africains au sein des instances de gouvernance du FMI, de la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales.Il a plaidé pour que les réalités spécifiques des pays africains, notamment leur vulnérabilité face aux chocs exogènes (pandémies, changements climatiques, conflits internationaux), soient mieux prises en compte. Il a également proposé une révision des critères d’éligibilité aux financements concessionnels.Pour faciliter l’accès aux financements innovants, il recommande la mise en place de mécanismes permettant aux pays développés de réallouer une part de leurs DTS vers les pays en développement.Concernant le financement durable des ODD, le président Azali appelle à une mobilisation renforcée des capitaux privés, soutenue par les institutions de garantie régionales et internationales.

Le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette

Il défend la mise en œuvre de cadres de financement mixte (dons, prêts concessionnels, investissements privés) pour soutenir des secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation, les infrastructures vertes et l’adaptation climatique.
Il appuie également des initiatives comme le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, tout en insistant sur la nécessité d’une plus grande transparence et célérité dans leur mise en œuvre.Enfin, il insiste sur l’importance, pour les pays africains, de renforcer leur gouvernance financière afin de gagner la confiance des bailleurs.
Son action vise aussi à donner un rôle central aux institutions régionales africaines telles que la BAD, l’Union africaine, ou encore la ZLECAF, dans la coordination des stratégies économiques et financières du continent.


Lors du sommet du G20 à New Delhi, en septembre 2023, le président Azali Assoumani, en tant que président en exercice de l’Union africaine, a prononcé une allocution marquante en faveur de l’intégration de l’Afrique dans les instances de gouvernance mondiale.L’un des moments forts du sommet fut l’admission officielle de l’Union africaine comme membre permanent du G20, transformant le groupe en G21. Cette décision a été perçue comme une reconnaissance du poids croissant de l’Afrique sur la scène internationale.Puisse ces victoires conquises sur la scène internationale inspirer un souffle nouveau et trouver un relais fort aux Comores.

Ahmed Ali Amir (AAA)

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