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Opinion : Ne cédons pas à la diversion

Opinion : Ne cédons pas à la diversion

Société | -   Contributeur

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Rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique. Officiel ou non, on y découvre les pillages perpétrés par les autorités de ce pays, censées défendre la population (...) Aucune trace, aucune réalisation comme si ces gens là n’avaient pas de compte à rendre à quiconque. Cette enquête parlementaire est une bénédiction, un tremplin pour lancer une politique volontaire de lutte contre l’impunité et la corruption.

 

Le pays traverse une époque charnière de son histoire. Les événements qui marquent l’actualité de ces derniers temps laissent penser qu’une politique de rupture est engagée. Des mutations frémissent et doivent être soutenues pour qu’elles deviennent d’envergure.

En effet, pour illustrer cette perception, deux événements majeurs nous interpellent : la position du gouvernement comorien face à la crise mahoraise et le rapport de la commission parlementaire sur la citoyenneté économique. La fermeté avec laquelle le gouvernement a décidé de ne pas accueillir les comoriens, des autres îles, refoulés de leur territoire de Mayotte honore le pays et fait renaître un sentiment de fierté d’appartenir à une nation. Le non fléchissement du gouvernement comorien malgré le durcissement des mesures prises à son encontre par le gouvernement français mérite le soutien de la population. L’intégrité et la souveraineté de notre pays ne sont pas négociables. Il est tout de même opportun de profiter de cette crise pour trouver une solution rapide et pérenne.

Pour la première fois, le gouvernement français fait montre d’une disponibilité à engager le dialogue avec la partie comorienne même si certaines décisions trahissent cette volonté.

Il n’est pas à exclure un autre dialogue avec nos frères et sœurs mahorais qui ont besoin d’être rassurés.

Un autre évènement s’inscrit dans ce proces sus de rupture, une rupture que nous appelons de tous nos vœux depuis des années. Il s’agit des révélations du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique. 

Que ce rapport soit officiel ou non, on y découvre les pillages perpétrés par les autorités de ce pays, censées défendre la population. Ces autorités se sont servies sans vergogne et sans retenue, oubliant les missions pour lesquelles certains d’entre elles ont été élues.


Lire aussi : Programme de citoyenneté économique : La Mafia au sommet de l’Etat


 

Les sommes volées, par la violation d’une loi, somme toute contestée et contestable, émeuvent et indignent la population. 910 000 000 de dollars de manque à gagner, énorme pour un pays gangrené par la pauvreté, et ce sans compter le détournement et la dilapidation des milliards rentrés dans les caisses de l’Etat à travers la citoyenneté économique.

Aucune trace, aucune réalisation comme si ces gens là n’avaient pas de compte à rendre à quiconque. Comme dit l’autre, à quelque chose malheur est bon.

Cette enquête parlementaire est une bénédiction, un tremplin pour lancer une politique volontaire de lutte contre l’impunité et la corruption.

Que les autorités citées dans ce rapport soient poursuivies en justice. Le procureur de la République peut s’autosaisir à partir d’une rumeur. Aujourd’hui, il n’a pas d’excuse puisque ce ne sont pas les éléments qui manquent. La justice doit redorer son blason et ne dispose d’aucun prétexte pour ne pas sévir. Elle ne doit pas attendre de l’exécutif un ordre de poursuivre.

Son indépendance lui confère droit et devoir d’agir. Et le moment est propice pour le faire. La population comorienne a soif de justice et est exaspérée de voir une poignée de gens continuer à piller les deniers publics.


“Soyons intransigeants”


L’on s’inscrit en faux contre ceux qui disent que la population réclame un procès politique. La loi est impersonnelle. Personne ne doit y échapper et ce quelque soit son rang. L’on ne peut plus tolérer que des gens continuent à abuser de notre confiance et s’enrichissent sur notre dos alors que la population croupisse dans une misère indescriptible.

A ce stade de l’enquête, l’on évitera le mot culpabilité, mais force est de reconnaitre qu’il y a des responsabilités qui sont engagées.

A la justice de déterminer les degrés de responsabilité de tous les acteurs et de sévir à la hauteur des infractions. N’en déplaise à ceux qui veulent nous faire croire qu’ils sont blancs comme neige et que rien ne peut leur être reproché au moment où le montage de cette escroquerie de grande envergure leur revient. Loin de nous de vouloir influencer la justice, mais nous pensons modestement que les pilleurs de deniers publics, ces criminels économiques doivent être châtiés sévèrement. Les peines doivent être dissuasives et à la hauteur des infractions commises.

Pour cela, la restitution des fonds volés, l’inéligibilité des condamnés à aucune fonction élective, leur impossibilité à occuper des postes d’ordonnateur et de comptable public s’imposent. Et la levée de l’immunité de ceux qui sont cités dans ce rapport un bon début. Au vu de tous ces faits, ne fléchissons pas. Soyons intransigeants. Continuons à soutenir ce qui peut rendre ce pays meilleur.

Des stratégies de diversion et des manœuvres de manipulation sont lancées. Soyons vigilants. Ne personnalisons pas le débat. La lutte contre l’impunité et la corruption doit commencer un jour. L’heure a sonné.


Hamidou MHOMA

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